Revue de la presse russe du 13 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Moldavie: la fragilité des démocraties postsoviétiques mise à nu

Les récents événements de Chisinau ne constituent pas un incident isolé, mais le dernier épisode d'un jeu géopolitique global impliquant l'ensemble de l'espace postsoviétique, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Après ce qui s'est passé à Chisinau, il n'est donc plus possible de se représenter l'avenir de l'ancienne république soviétique sans chercher constamment à savoir si la Moldavie restera un Etat indépendant ou s'unira à la "Grande Roumanie". Il est fort probable qu'on pousse désormais la Moldavie sur cette dernière voie en soutenant ceux qui sont en mesure de faire à nouveau descendre les gens dans la rue. Ces incitations - cachées ou déclarées - dépendront d'un grand nombre de facteurs, notamment de la conduite de la Russie.

Les troubles ont contraint le pays à franchir le Rubicon: des drapeaux roumains hissés sur les frontons des institutions publiques en constituent une preuve incontestable. On ne peut donc parler de stabilité en Moldavie qu'au passé.

Malheureusement, cela risque d'être aussi le cas du règlement en Transnistrie. Les nombreuses actions visant à trouver l'issue du conflit entre Chisinau et Tiraspol deviennent aujourd'hui tout simplement obsolètes.

Que le désordre ait été provoqué par les services secrets roumains ou par l'opposition moldave, qui aurait joué son va-tout en surestimant ses forces, cela n'a pas grande importance. L'essentiel est que la Russie et l'Occident se heurtent à une nouvelle source de préoccupation et que les événements constituent un rappel du fait que le respect du droit et de la démocratie dans l'espace postsoviétique peut facilement être jeté dans le feu de chaises encore récemment occupées par les députés du parlement. Qui plus est, une révolution des "melons" ou des "pommes" pourrait fort bien survenir dans d'autres pays selon le même scénario: à travers le chaos et la violence.

Izvestia

Russie: les "orangistes" ont peu de chances en Russie

On a bien sûr pitié de la Moldavie ou même de la Géorgie, mais on ne peut pas ne pas se réjouir de l'absence d'événements similaires en Russie, lit-on lundi dans le quotidien Izvestia.

La foule ne brûle pas des bâtiments gouvernementaux pour célébrer le "triomphe de la démocratie" et ne souille pas des places publiques. Elle ne détruit pas la capitale et, avec elle, tout le pays.

Ayant eu assez de la "révolution orange" en Ukraine de 2005, le pouvoir et les structures de force russes se sont mis à prévenir "l'orangisme" en Russie, ce qui s'est immédiatement soldé par des protestations des "intellectuels". L'Etat luttait contre une "menace imaginaire", d'après eux. Le plus grand mécontentement a été suscité par les interdictions frappant les "marches du désaccord".

Quatre ans après, on peut constater que les élections en Russie, où "l'orangisme" avait été pris au sérieux, se sont passées tout à fait dignement. Le système politique russe a démontré tous ses avantages.

En outre, il est curieux que les politiques en désaccord n'incitent pas aujourd'hui les citoyens à s'approprier l'expérience géorgienne ou moldave. La situation actuelle est incomparable au ravissement face aux événements du Maïdan (place centrale de Kiev) en 2005. Ce ne sont que les gens les plus désespérés qui ont risqué d'admirer en public le désordre de Chisinau, les autres préférant prendre leurs distances.

Certains estiment que les politiques "épris de liberté" se sont moralement dégrisés, terrifiés par des pillages et des incendies causés par leurs collèges moldaves. La révolution des tulipes au Kirghizstan (2005) s'est pourtant traduite à l'époque par un désordre encore plus massif, mais n'a guerre produit d'effet "dégrisant". Il s'agit donc d'une autre chose. Premièrement, l'Occident n'a pas approuvé la "révolution ratée" en Moldavie et n'a pas encore approuvé "les velléités de révolution" en Géorgie. Et les partisans de la liberté sont très disciplinés dans cette sorte de questions. Deuxièmement, l'ordre en Russie il y a trois-quatre ans était bien plus chancelant, c'est pourquoi on aurait pu espérer un "Maïdan russe". Aujourd'hui, tout est différent. La crise internationale a réanimé ces espérances pour les enterrer après encore plus profondément.

Par Vitali Ivanov, directeur de l'Institut de politique et de droit public

Nezavissimaïa gazeta

Le Kremlin prône la critique contrôlée du pouvoir

Russie juste a obtenu le feu vert pour critiquer des mesures anticrises du gouvernement et la polémique avec Russie unie, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Selon les analystes politiques du Kremlin, cela devrait reléguer au second plan la rhétorique d'opposition des communistes.

La popularité du Parti communiste de Russie (KPRF) est en hausse grâce au mécontentement croissant de la population. Le nombre des adhésions au parti a doublé depuis le début de l'année. Selon Nezavissimaïa gazeta, ce fait a suggéré à l'administration présidentielle de charger Russie juste de la critique d'opposition.

Ayant initialement soutenu le plan anticrise du cabinet des ministres, ce parti a toutefois manifestement voté contre le budget amendé, présenté à la Douma (chambre basse du parlement russe) par le premier ministre Vladimir Poutine. "Russie juste a reçu carte blanche pour critiquer le programme anticrise du gouvernement", a raconté une source au Kremlin.

On sait très bien que Russie unie n'aime pas trop discuter: tout le monde se souvient de la phrase célèbre du président de la Douma et leader du groupe parlementaire de Russie unie Boris Gryzlov indiquant que le parlement n'était pas le meilleur endroit pour les discussions. Le parti au pouvoir sera cependant obligé de revoir son attitude négative envers la polémique et d'apprendre à parler avec ses contradicteurs. Qui plus est, en cas d'examen du plan anticrise du gouvernement, on lui a même conseillé de céder dans une certaine mesure ses positions face à la pression critique de Russie juste.

"Il y a longtemps qu'il aurait fallu permettre à Russie juste de critiquer le pouvoir", affirme Evgueni Mintchenko, directeur de l'Institut international d'expertise politique. "On le fait même avec un certain retard". Il est cependant très important, selon lui, de garder l'équilibre de la critique afin d'éviter la situation de 2004. Le parti Rodina a reçu à l'époque la permission de critiquer le pouvoir, mais la polémique s'est soldée par une lutte acharnée entre les élites régionales et un recul de l'électorat de Russie unie, alors que les communistes ont commencé au contraire à renforcer leurs positions.

Vedomosti

Russie: le marché automobile poursuit sa chute

Renault pourrait réduire de plus de 30% (à 50.000 voitures par an) sa production dans l'usine Avtoframos en 2009, alors que l'assemblage de GM-AvtoVAZ enregistrait un recul de 84% au premier trimestre 2009, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

Cette tendance touche tous les constructeurs à de rares exceptions.

Renault avait promis en janvier d'augmenter cette année sa capacité de production à 160.000 véhicules par an. La raison de ce brusque revirement dans les plans du constructeur réside dans la chute de la demande. Selon l'Association of European Business (AEB) en Russie, les ventes de voitures de tourisme et de véhicules commerciaux légers en Russie ont baissé de 40% au premier trimestre 2009. Renault a vendu sur la période 15.011 automobiles, soit une baisse de 38% en glissement annuel, les ventes de Logan ayant chuté de 47% pour atteindre les 9.668 unités.

Renault ne crée pas de précédent. Tous les constructeurs sans exception, notamment ceux qui se concentrent sur le segment bon marché, se heurtent actuellement à des difficultés, fait remarquer l'expert d'Ernst & Young Ivan Bontchev. Selon les estimations de Renault, ce secteur a cédé 45% au premier trimestre 2009. La compagnie pourrait cependant profiter du programme gouvernemental de subventionnement des taux d'intérêt des crédits pour l'achat des automobiles bon marché (coûtant moins de 350.000 roubles soit 10.400 USD), souligne M. Bontchev.

Ce programme représente également le seul espoir pour GM-AvtoVAZ (coentreprise d'AvtoVAZ et General Motors), la Chevrolet Niva étant incluse dans la liste des marques soutenues. L'accès aux subventions exige cependant que la compagnie réduise le prix du modèle, qui se chiffre actuellement à 412.000 roubles (12.250 USD). GM-AvtoVAZ est pourtant obligé de continuer à brider sa production. La compagnie a annoncé vendredi qu'elle n'avait assemblé que 2.185 véhicules au premier trimestre 2009, un recul de 84,2% par rapport à l'année dernière. Ses ventes ont été un peu plus importantes: 3.361 unités.

Outre la chute du marché, les résultats désastreux de la joint venture pourraient s'expliquer par le fait qu'AvtoVAZ, le fournisseur des composants d'assemblage de la Chevrolet Niva, donne en fait la priorité à sa propre Niva, indique M. Bontchev. Le porte-parole d'AvtoVAZ affirme cependant que GM-AvtoVAZ a pris de manière autonome la décision de réduire production.

Les autres compagnies suivent la même voie. Ford tente de persuader les syndicats d'introduire dès le 1er juin une semaine de travail de quatre jours. L'usine GM de Saint-Pétersbourg fonctionne actuellement au ralenti, trois jours par semaine. Toyota est à l'arrêt pendant une semaine jusqu'au 6 avril. Volkswagen reste donc le seul constructeur étranger qui s'est limité aux vacances du Nouvel An.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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