La France et l'OTAN. En réponse à quelques articles sur une polémique incompréhensible. La position de Charles de Gaulle concernant cette organisation était faite de sagesse et non d'anti-américanisme. Sa volonté absolue a été de rendre la France souveraine.
Pour cela, le général a procédé de façon mesurée, par étapes, sans rompre définitivement avec l'Alliance et en assurant les Etats-Unis du soutien de notre pays en cas de conflit. Or, l'époque était à la Guerre froide et malgré les distances prises avec l'OTAN face à une soi-disant menace du "Bloc de l'Est", rien ne s'est produit. Cette souveraine fermeté de la France aurait dû faire école. On sait que, bien au contraire, ses partenaires lui ont manifesté une grande hostilité.
Cette Europe vraiment indépendante c'est-à-dire munie d'une force et d'une stratégie de défense lui appartenant en propre et dont elle seule aurait pu décider, cette Europe donc, n'a jamais fait l'objet d'un consensus. Aucun Etat du vieux continent, mis à part la France, n'a eu la volonté politique de créer cette véritable unité et jamais aucun ne s'est affranchi de la tutelle atlantiste.
Dès sa naissance en 1952, la Communauté Européenne de Défense (CED), jugée prématurée dans une Europe alors embryonnaire, fut écartée. Elle était, de toute façon, destinée à obéir au commandement de l'Organisation atlantique.
Aujourd'hui, par contre, plus de guerre froide, plus de menace particulière et voilà que certains choisissent de renoncer définitivement à la souveraineté...totale car chacun sait que les partenaires de l'OTAN s'exécutent à la demande sur des théâtres d'opérations ne concernant que les seuls intérêts américains. La crise des Balkans dans les années 90 a vu l'influence du Pacte atlantique portée à son paroxysme alors que les instances européennes ne manifestaient que mollesse, hésitations et tiédeur face à une situation certes explosive mais authentique test de maturité pour l'UE.
A l'heure actuelle, l'implantation de missiles en territoire tchèque contre la volonté populaire, montre bien la détermination belliciste de l'Alliance. Le soutien politique calculé mais inapproprié des Etats-Unis à la Géorgie lors du coup de force d'août 2008 contre l'Ossétie du sud confirme cet Etat de fait.
Le prétexte de protection nucléaire n'ayant plus aucune raison d'être, il va falloir désormais assumer les conflits à riposte graduée comme la guerre du Vietnam sous Kennedy et Johnson (la position d'indépendance de la France va l'exonérer de cet engagement sanglant) et les guerres préventives (Irak, Afghanistan et...Pakistan) en ce moment. A la dépendance militaire vont certainement succéder ou se renforcer d'autres formes d'assujettissement (politique, économique et culturel).
La conjonction de la venue du président des Etats-Unis avec le récent sommet de l'OTAN et les prémices d'un nouvel ordre mondial sont un mauvais signal. Signal que Monsieur Obama suit l'idée et le programme de son prédécesseur à la Maison Blanche. Signal que l'Alliance se voudrait le bras armé de ce nouvel ordre et qu'elle se mobilise à cet effet.
Nouvel ordre mondial? Guerre préventive? Liste noire? Axe du mal?
Décidément, on s'éloigne irrémédiablement de cette "mondialisation" qu'on nous décrivait salvatrice et fraternelle.
