Dix mythes autour de l'accident de Tchernobyl

© Photo Ministère ukrainien des Situations d'urgenceCentrale nucléaire de Tchernobyl
Centrale nucléaire de Tchernobyl - Sputnik Afrique
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Précisions concernant les circonstances et les conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl

Mythe N°1: L'accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl a eu des effets catastrophiques sur la santé de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes.

En réalité: Le Registre médico-dosimétrique russe a présenté des données sur plus de 500.000 personnes sous surveillance médicale lors du Forum international de Vienne (Autriche) consacré au 20e anniversaire de l'accident. Ce registre est le plus gros registre au monde; ses données sont précises, incontestables. Il fixe l'unique conséquence grave de l'accident: le cancer de la glande thyroïde chez les enfants. Il résulte du fait que les mesures adéquates n'ont pas été prises - absorption d'iode à des fins préventives et limitation de la consommation de produits locaux (provenant de la région de l'accident). Sur les 400 cas de cancer de la thyroïde observés par les médecins dans les régions les plus contaminées, 200 - dont un cas mortel - sont considérés étant comme la conséquence de l'accident de Tchernobyl.

Citons le rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour 2006: "Un accroissement considérable des cas de cancer de la glande thyroïde a été observé parmi ceux qui étaient des enfants ou des adolescents au moment de l'accident et qui vivaient dans les régions les plus contaminées de la Biélorussie, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine. Cela a été la conséquence des niveaux élevés d'iode radioactif rejetés du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl durant les premiers jours qui ont suivi l'accident. L'iode radioactif s'est déposé sur les pâturages où venaient paître des vaches, puis s'est concentré dans le lait que les enfants ont bu ensuite. La situation a été aggravée par le déficit d'iode dans l'alimentation locale, ce qui a conduit à une accumulation encore plus importante de l'iode radioactif dans la glande thyroïde. La durée de vie de l'iode radioactif étant courte, si les gens avaient cessé de donner du lait contaminé aux enfants durant les premiers mois ayant suivi l'accident, il n'y aurait pas eu d'augmentation des cas de cancer de la thyroïde induits par les radiations."

Aucune autre conséquence de l'accident pour la population n'a été enregistrée, ce qui dément totalement les mythes et stéréotypes relatifs aux effets de l'accident de Tchernobyl sur la santé de la population.

On peut juger des effets de l'accident d'après les doses de radiation reçues par la population. Lorsque l'on analyse aujourd'hui les doses reçues par les habitants des zones voisines de Tchernobyl durant ces 20 dernières années, on constate que sur les 2,8 millions de Russes qui se trouvaient dans la région marquée par l'accident, 2,5 millions ont reçu en 20 ans une dose supplémentaire de moins de 10 millisievert, soit cinq fois moins que le taux de radiation moyen dans le monde. Moins de 2.000 personnes ont reçu une dose de plus de 100 millisievert, soit 1,5 fois moins que la dose que reçoivent annuellement les Finlandais, les Belges ou nos concitoyens de la République russe de l'Altaï. C'est la raison pour laquelle, si l'on excepte les cancers de la thyroïde précédemment évoqués, aucun effet radiologique n'est et ne peut être observé au sein de la population. Il faut également prendre en considération le fait que, sur 2,8 millions de personnes, indépendamment de leur lieu de leur résidence, les cancers qui ne sont pas dus aux radiations causent 4.000 à 6.000 décès par an, soit 80.000 à 120.000 décès en 20 ans.

Une autre citation du rapport de l'OMS: "A titre de comparaison, la dose élevée de radiation ordinairement reçue par un patient lors d'un examen tomographique de tout le corps est à peu près équivalente à la dose totale accumulée en 20 ans par les habitants des régions faiblement polluées après l'accident de Tchernobyl".

Un exemple mondialement connu nous est fourni par la tragédie d'Hiroshima et de Nagasaki, sur lesquelles les Etats-Unis larguèrent des bombes atomiques en 1945. Dans ces deux villes, sur les 86.000 personnes ayant survécu à l'explosion nucléaire (210.000 furent tuées lors des bombardements) et suivies dans le registre médical japonais depuis 1950, seules 480 sont décédées d'un cancer provoqué par l'irradiation.

Mythe N°2: Les conséquences génétiques de l'accident de Tchernobyl pour l'humanité sont terribles.

En réalité: En 60 ans d'études approfondies, les scientifiques du monde entier n'ont pas observé de conséquences génétiques des radiations pour l'homme. Bien plus, au bout de 20 ans, comprenant qu'il n'y a pas de raisons de parler de risques génétiques, la Commission internationale de protection radiologique a pratiquement réduit ces risques de 10 fois. Par conséquent, on peut affirmer que les déclarations sur les conséquences génétiques de la catastrophe de Tchernobyl sont une invention ou, plus précisément, un mensonge.

Mythe N°3: L'évacuation des habitants de Pripiat et des territoires avoisinants fut mal organisée, le retour de ces gens dans la zone était impossible.

En réalité: Cette évacuation de quelque 120.000 personnes ne s'est sans doute pas faite sans erreurs, mais elle a été réalisée rapidement et avec professionnalisme. L'information selon laquelle les gens auraient reçu de fortes doses de radiation lors de l'évacuation est fausse. Je suis certain que le retour des personnes évacuées aurait été possible, si des mesures appropriées avaient été prises en vue de décontaminer et de nettoyer le territoire, ce qui n'a pas été fait.

Mythe N°4: Les effets de l'accident ont été plus graves sur la nature et l'environnement que sur l'homme.

En réalité: Le paradigme de l'écologie radiologique est que si l'homme est protégé, l'environnement sera a fortiori protégé. Si l'influence de l'accident radiatif sur la santé de l'homme est minime, son influence sur la nature sera encore bien moindre. En ce qui concerne Tchernobyl, ses effets sur la nature n'ont été observés que près du réacteur détruit, et là où l'irradiation n'a pas dépassé 2.000 roentgens, on n'a constaté que de la forêt dite "rousse". Aujourd'hui, la nature a repris le dessus même dans cet endroit, ce qui aurait été exclu, par exemple, dans le cas d'un accident chimique.

Mythe N°5: Des sommes énormes ont été dépensées pour l'élimination des conséquences de l'accident, du fait de son ampleur et de sa gravité.

En réalité: Depuis 1992, la Russie a dépensé 3,5 milliards de dollars pour l'élimination des conséquences de l'accident, essentiellement pour le versement de prestations sociales. En fait, les quelque 1.000 dollars par personne versés en 20 ans représentent une somme insignifiante, mais parfaitement adéquate aux risques réels. D'autre part, l'accident a provoqué le ralentissement du développement de l'électronucléaire en Union Soviétique et dans d'autres pays.

Mythe N°6: Les taux de radiation admis en Russie dépassent ceux de tous les autres pays qui développent le nucléaire civil.

En réalité: Les taux de radiation admis en Russie sont les plus stricts du monde. Le taux de radioactivité est l'activité mesurée en becquerels (Bq). Par exemple, la teneur du lait en césium-137 ne doit pas dépasser en Russie 100 Bq par litre. En Norvège, la norme de l'alimentation pour enfants est de 370 Bq par litre. Autrement dit, alors que du lait contenant 110 Bq serait considéré comme un déchet radioactif en Russie, cette teneur serait en Norvège plus de 3 fois inférieure à la norme admise.

Mythe N°7: Le premier accident grave survenu dans une centrale nucléaire s'est produit à Tchernobyl.

En réalité: Le premier grave accident survenu dans une centrale nucléaire fut celui de Three Mile Island (Pennsylvanie, Etats-Unis), en 1979. La fusion de la zone active du réacteur fut provoquée par des déficiences techniques et des erreurs du personnel de la centrale.

Mythe N°8 : Les autorités étaient au courant de ce qui était arrivé à la centrale nucléaire de Tchernobyl, mais elles l'ont caché à la population et à l'opinion publique.

En réalité: Tout est bien plus compliqué que ce que voudraient faire croire certains "experts". Effectivement, les autorités n'ont pas donné les informations dans leur totalité, mais cela s'explique avant tout par le fait que le système lui-même n'était pas capable d'évaluer la situation rapidement et de manière adéquate. Qui plus est, il n'existait pas alors, dans le pays, de système sûr ni, à plus forte raison, indépendant, de contrôle du taux de radiation. Il était impossible d'obtenir, en temps réel, des informations sur le taux de radiation à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl et plus loin. Si un tel système avait existé, on aurait pu éviter que la population consomme des produits alimentaires provenant de la zone de contamination dans les premiers jours qui ont suivi la catastrophe. Les autorités ne comprenaient pas elles-mêmes ce qui s'était produit ni quelle était la situation réelle.

Aujourd'hui, le réseau du Système automatisé de contrôle du taux de radiation (SACTR) déployé autour des centrales nucléaires permet aux autorités locales, et à tous ceux qui le désirent, de prendre connaissance, sur un site Internet dédié, du taux de radiation réel autour de n'importe quelle centrale nucléaire. Ce système n'existant pas à l'époque, il fallait analyser la situation pour prendre des décisions, ce qui faisait perdre un temps précieux.

Mythe N°9: La responsabilité de l'accident incombe à l'"atome civil" : il est impossible de le maîtriser, il s'échappera immanquablement à l'extérieur et détruira tout autour de lui.

En réalité: L'accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl a eu trois causes et a donc permis de tirer trois leçons.

Premièrement, le personnel de la centrale nucléaire a enfreint toutes les instructions et règles en effectuant des tests. Désormais, c'est catégoriquement interdit. De plus, les actions du personnel sont aujourd'hui strictement réglementées, selon des principes et des documents universellement reconnus. Des centaines de paramètres de sécurité sont transmis, en temps réel, de chaque bloc de toutes les centrales nucléaires au centre de crise du consortium Energoatom, ce qui permet de contrôler la situation indépendamment du personnel.

Deuxièmement, le réacteur de la centrale nucléaire était conçu de telle manière qu'un accident pouvait résulter du comportement erroné du personnel. Après 1986, les systèmes de sûreté des centrales nucléaires ont été perfectionnés, dans notre pays comme à l'étranger, pour exclure au maximum le facteur humain.

Troisièmement, la décision de transmettre les centrales nucléaires au ministère de l'Energie de l'URSS était erronée. La quasi-totalité des principes de sécurité dans le domaine du nucléaire civil ont été enfreints. Le personnel du ministère de l'Energie n'avait pas les connaissances requises pour exploiter les centrales nucléaires.

Mythe N°10: Le monde renonce au nucléaire civil car Tchernobyl rappelle le danger que constitue une catastrophe radiologique.

En réalité: Les dix plus grands pays du monde fournissent plus de 80% de l'électricité produite dans les centrales nucléaires. Dans ce domaine, la Russie accuse un retard sur tous les pays industrialisés, qui ont adopté des programmes de développement du nucléaire civil. Des programmes encore plus spectaculaires de développement du nucléaire civil ont été adoptés dans des pays en voie de développement. Une "renaissance du nucléaire" a commencé dans le monde, car les grands pays, dans leur quasi-totalité, sont conscients que les problèmes posés par l'approvisionnement énergétique stable du développement, et notamment les problèmes écologiques et ceux du changement climatique, ne pourront être résolus que grâce au développement du nucléaire civil.

L'accident de Tchernobyl nous a tellement effrayés que nous avons encore besoin d'y voir clair: pourquoi avons-nous eu si peur sans raisons réelles?

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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