Revue de la presse russe du 6 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Deripaska veut créer la plus grande compagnie énergétique privée de Russie

L'homme d'affaires russe Oleg Deripaska souhaite créer dans le pays la plus grande compagnie énergétique privée: la capacité d'Evrosibenergo devrait être de 40% supérieure à celle de KES-Holding de Viktor Vekselberg, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

M.Deripaska est un des premiers investisseurs dans le secteur énergétique russe, mais ses actifs énergétiques étaient jusqu'à présent isolés. Aujourd'hui, l'homme d'affaires envisage de créer un holding énergétique: sa compagnie, Evrosibenergo, a déjà consolidé la plupart de ses actifs, annonce En+Group.

La capacité estimée d'Evrosibenergo se chiffrera à 19,5 GW d'électricité et à 17.570 Gcal/heure de chaleur. La compagnie de M.Deripaska devrait devenir ainsi la troisième plus grande entreprise énergétique du pays après les sociétés publiques Energoatom et Rusgidro. Aujourd'hui, la plus grande compagnie énergétique privée de Russie est KES-Holding avec une capacité de 13,77 GW. La capacité thermique de l'entreprise de M.Deripaska sera pourtant plusieurs fois inférieure à celle du holding de M.Vekselberg, dont les centrales produisent 67,8 Gcal/heure de chaleur.

Créé en 2009, Evrosibenergo appartient toujours à plusieurs structures d'En+Group, indique un représentant de ce dernier. Pourtant, l'entreprise leader d'Evrosibenergo sera bientôt En+Power, enregistrée à Jersey en mai 2008 (En+Group en est l'unique actionnaire), indiquent les documents de la chambre d'enregistrement de Jersey. En+Power a reçu il y a un an l'aval du Service fédéral antitrust de Russie (FAS) pour consolider des actifs énergétiques et de charbon, souligne un responsable du FAS.

En réunissant les actifs, "nous créons une structure transparente de la compagnie et nous augmentons le niveau de la gestion corporative", explique un représentant d'En+Group.

M.Deripaska consolide apparemment ses actifs afin de trouver un investisseur, affirme Mikhaïl Rasstriguine, analyste de VTB Kapital. Il est probable qu'il ne s'agit pas d'une IPO, mais d'un placement privé des titres d'En+Power allant jusqu'à la minorité de blocage, souligne-t-il.

Une telle situation est tout à fait probable, confirme une source proche d'En+Group. La compagnie a besoin de fonds pour financer notamment le grand programme d'investissements d'Irkoutskenergo à l'horizon 2020, dont le volume est estimé par les dirigeants de l'entreprise à 100 milliards de roubles (3,2 milliards USD), fait remarquer M. Rasstriguine.

"Aucune décision n'a été adoptée (sur le placement des actions), bien que l'IPO soit un des instruments potentiellement intéressants de recherche des fonds nécessaires au développement d'Evrosibenergo et à la réalisation de son programme d'investissements", a déclaré le directeur général d'En+Group Vladislav Soloviev par l'intermédiaire de son représentant.

RBC Daily

Russie: l'Etat retire ses investissements des groupes publics

L'Etat russe réduit sa contribution au Fonds d'assistance à la reforme du secteur des services collectifs de 240 à 175 milliards de roubles (de 7,7 à 5,6 milliards USD), lit-on jeudi dans le quotidien RBC Daily.

La somme libérée servira à combler le déficit budgétaire en 2009.

Selon le fonds, la diminution de la contribution de l'Etat constitue une mesure anticrise: 65 milliards de roubles retirés (2,1 milliards USD) serviront à combler le déficit budgétaire en 2009, pour être reversés dans le fonds dans les deux années à venir. Les évaluations préliminaires du ministère russe des Finances indiquent qu'il pourrait restituer 50 milliards de roubles (1,6 milliard USD) en 2010 et les 15 milliards (482 millions USD) restants en 2011. La perte de 65 milliards de roubles a forcé le fonds à réviser les limites de l'aide financière aux régions: ces programmes ont reculé en moyenne de 16%. "Il s'agit en quelque sorte d'un retrait tactique", a déclaré à RBC Daily Grigori Volkov, directeur adjoint du service de presse du fonds. "Le plan stratégique de la reforme du secteur des services collectifs reste toujours en vigueur: le président et le premier ministre la considèrent comme un des éléments-clés de la politique de l'Etat qui sera réalisée dans sa totalité".

L'attaché de presse du premier ministre russe, Dmitri Peskov, affirme qu'il s'agit d'une ponction d'argent libre que le groupe public ne prévoyait pas d'utiliser d'ici la fin de l'année. Selon lui, l'Etat envisage également de recouvrer une partie de ses versements dans deux autres corporations: Rosnano et Olimpstroï. Il ignore pourtant le montant des ponctions. Une source de RBC Daily au sein du gouvernement estime qu'il s'agit de 160,4 milliards de roubles (5,1 milliards USD): 71,4 milliards (2,3 milliards USD) d'Olimpstroï et 24 milliards (771 millions USD) de Rosnano.

Les experts soulignent que le gouvernement a voulu ainsi de prendre des précautions supplémentaires: les perspectives de sortie de la crise restent floues, alors que le déficit budgétaire de 2009 se chiffrera, selon les dernières évaluations du ministère des Finances, à 8,9% du PIB (3.419 milliards de roubles ou 110 milliards USD). "Il est fort probable qu'il s'agit d'une mesure de réserve dans le cas où la charge budgétaire s'avèrerait plus importante que prévu", annonce Iaroslav Lissovolik, économiste en chef de Deutsche Bank. "On assiste de fait à une réorientation des dépenses d'investissement vers le secteur social, car toute la stratégie anticrise du gouvernement revêt un caractère social".

Le vice-directeur du département analytique d'Arbat Kapital, Alexeï Pavlov, fait remarquer que les investissements dans l'infrastructure jouent un rôle important dans les programmes anticrise des pays industrialisés: "Leur réalisation permet de lutter contre la hausse du chômage et de préparer le terrain pour la relance économique". La situation réside dans les particularités nationales des fonds publics qui ont été incapables de digérer des sommes énormes octroyées à l'époque de la stabilité, affirme Ilia Iliine, analyste de NOMOS-bank. En retirant des fonds des groupes publics, l'Etat viole les droits de propriété privée, indique Igor Nikolaïev, directeur du département d'analyse stratégique de FBK. "La mesure est juridiquement inattaquable: les groupes restituent les fonds volontairement, mais tout le monde comprend qu'on les y a forcés", résume-t-il. "Comment peut-on donc parler de stratégie à long terme, si l'Etat a le droit de changer à sa guise les règles du jeu?"

Vremia novosteï

Les Russes évaluent les résultats de la guerre en Ossétie du Sud

Plus de la moitié des Russes (54%) estiment que les troupes russes doivent rester en Ossétie du Sud, selon un sondage du Centre Lavada publié mardi, rapporte ce jeudi le quotidien Vremia novosteï.

24% des personnes interrogées proposent de rapatrier les militaires russes, les 22% restant n'ont pas pu répondre à la question. Les experts du Centre Levada notent que le nombre des partisans du retrait des troupes de l'Ossétie du Sud a diminué de 3% par rapport à 2008.

47% des personnes interrogées considèrent toujours que la situation demeure tendue en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Elles étaient 57% à partager ce point de vue l'an dernier. 31% estiment que les tensions s'apaisent et que la tranquillité se réinstalle peu à peu dans ces républiques. Seules 5% affirment que la situation dans la région ne fait que s'aggraver.

67% des Russes considèrent que l'intervention de Moscou en août 2008 était "la seule issue possible à la situation". 13% voient dans l'entrée des troupes russes en Ossétie du Sud "un échec de la diplomatie russe et l'incapacité des autorités russes à résoudre les problèmes entre des pays par des négociations pacifiques". 20% ne se sont pas prononcés sur ce point.

Un an après la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, 40% des Russes estiment que cette décision n'a été ni mauvaise, ni bonne pour la Russie. 29% sont certains qu'elle a eu un effet positif et 15% un effet négatif. 16% des personnes sondées n'ont pas fourni de réponse.

Le Centre d'analyse Iouri Levada a organisé ce sondage représentatif du 17 au 20 juillet, sur un panel de 1.600 Russes, de 128 villes et 46 régions du pays.

Le Centre d'étude de l'opinion publique russe (VTSIOM) a effectué, quant à lui, un autre sondage, consacré à l'anniversaire de la guerre russo-géorgienne. Il en ressort que plus de la moitié des Russes (56%) accusent les autorités géorgiennes d'avoir déclenché le conflit militaire en Ossétie du Sud en août 2008. 15% des personnes interrogées accusent l'administration américaine et les services secrets occidentaux, et 5% estiment que les raisons de la guerre sont à rechercher dans les ambitions des parties au conflit. 3% des sondés accusent, à égalité, tous les pays ayant participé au conflit. Seuls 2% condamnent les autorités russes. D'autres réponses - "les autorités sud-ossètes", "les autorités ukrainiennes" et "l'OTAN et l'ONU" - ont reçu chacune l'approbation de 1% des sondés.

La grande majorité (86%) des citoyens interrogés par le VTSIOM sont convaincus que la Russie a eu raison de soutenir l'Ossétie du Sud lors de ce conflit. 6% ont un point de vue opposé. 7% n'ont pas répondu.

La moitié des Russes (52%) pensent que la Russie doit considérer aujourd'hui l'Ossétie du Sud comme un Etat indépendant, alors que 3% seulement proposent que l'Ossétie du Sud soit réintégrée à la Géorgie. 25% préfèreraient qu'elle adhère à la Russie.

Les Russes estiment nécessaire d'apporter à l'Ossétie du Sud une aide humanitaire (41%), financière (32%) et militaire (28%). 27% des personnes interrogées indiquent qu'il faut en premier lieu l'aider à rétablir les bâtiments détruits pendant les hostilités.

20% des sondés affirment qu'il est nécessaire d'aider l'Ossétie du Sud à créer une structure étatique et à renforcer le pouvoir. Ce pourcentage est supérieur de 2,5 fois à celui des personnes qui suggèrent de traiter cette république comme un Etat indépendant. 6% affirment qu'il ne faut accorder aucune aide à Tskhinvali. 6% également n'ont pas exprimé d'opinion à ce sujet. Ce sondage a été effectué les 25 et 26 juillet 2009 sur un panel de 1.600 personnes, dans 140 villes et 42 régions du pays.

Novye izvestia

Economie: chute catastrophique de l'industrie du bois

La Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (UNECE) a annoncé hier un recul considérable (-8,5%) en 2008 de la consommation des produits du bois dans ses pays membres, rapporte ce jeudi le quotidien Novye izvestia.

Il s'agit de la diminution la plus importante des 36 dernières années. La chute de la production russe de bois, de plaques en copeaux de bois et de papier est encore plus spectaculaire: de -20 à -40% depuis le début de l'année. Selon les experts, la stabilisation de la demande intérieure et des exportations n'interviendra qu'en décembre, et le début du rétablissement du marché pas avant 2010.

La Commission économique des Nations Unies pour l'Europe regroupe plus d'une cinquantaine d'Etats: les membres de l'UE, certains pays asiatiques, ainsi que les Etats-Unis et le Canada. Ces Etats représentent 57% de la consommation mondiale du bois. C'est pourquoi la baisse de 8,5% de la consommation dans les pays de l'UNECE est synonyme de pertes énormes pour toute l'industrie mondiale du bois. Le recul le plus important concerne les Etats-Unis et l'Europe occidentale. Il s'explique par la crise dans la construction: on bâtit peu de logements, ce qui se répercute sur la demande de produits en bois.

La situation de l'industrie russe du bois est encore plus grave. Selon les chiffres de l'Association des entreprises de l'industrie du papier et de la cellulose, la production du bois de sciage a diminué de 18,5% au premier semestre 2009. La baisse de la production de cellulose s'établit à 21% en glissement annuel, et celle de la production de papier à 8,5%. De plus, les entreprises russes ont produit 31,6% de moins de contreplaqué et 39,2% de moins de plaques d'aggloméré en fibres. La production de bois de placage a reculé de 30,5%, celle de plaques en copeaux de bois de 30,8%.

Les experts indiquent qu'une chute si importante de la production s'explique par une diminution considérable de la consommation intérieure de bois. "La réduction de la consommation de bois dans les secteurs du meuble et du bâtiment a atteint près de 30% depuis le début de l'année. Les volumes de la construction ont nettement reculé, et ce n'est pas maintenant la saison de l'achat des meubles. De plus, une grande partie des meubles mis sur le marché sont achetés à crédit, alors que la population a de plus en plus de mal à emprunter", a expliqué à Novye izvestia Olga Deoulina, économiste en chef du réseau commercial et d'information Lesprom Network.

La baisse a également touché les exportations russes de bois. Selon le Rosleskhoz (Service fédéral des forêts de Russie), les exportations de bois de brin accusent le recul le plus important: -54,1% en glissement annuel au premier trimestre 2009. Les livraisons de cellulose ont diminué de 29,3%, celles de contreplaqué de 22,3%. Les exportations de plaques d'aggloméré en fibres ont baissé de 15%, celles de bois de sciage de 9,7%. Les exportations de papier et de carton ont chuté de 9,2%, celles de plaques en copeaux de bois de 7,2%. Et cette tendance perdure. Qui plus est, les experts s'attendent à une baisse du volume des exportations d'ici à la fin de l'année, car la demande occidentale de bois demeure peu importante.

Juin a pourtant ramené un peu d'espoir chez les producteurs: la fabrication des produits en bois a augmenté par rapport au mois précédent. La production de contreplaqué a progressé de 6,3%, celle de plaques d'aggloméré en fibres de 3,5%. La production de bois de sciage a bondi de 15,6%, celle de plaques en copeaux de bois de 30,9% et celle de bois de placage de 35,9%. "Le secteur de la construction repart peu à peu, la saison favorable commence. Cela ne concerne cependant pas toutes les régions du pays. Il n'existe apparemment pas de raisons objectives pour le rétablissement de la production en 2009. Il est fort probable qu'on assiste à une stabilisation du marché à la fin du troisième trimestre ou au début du quatrième. Il n'y aura pas de redémarrage de la production avant 2010", affirme Olga Deoulina.

Les spécialistes du marché notent que même une certaine baisse des prix à la production n'a pas joué sur la demande. Or, une nouvelle diminution des prix semble quasiment impossible: les compagnies ont déjà atteint le seuil de rentabilité minimale. Et certaines usines, qui avaient auparavant une gestion saine, sont désormais confrontées à des difficultés financières liées à la surproduction.

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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