Comment abandonner les mesures anti-crise?

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Les perspectives de l'économie mondiale sont actuellement plus radieuses qu'il y a six mois. Mais les ministres des Finances et les principaux banquiers des pays du G20 qui ont participé à la rencontre des 4-5 septembre à Londres ont déclaré qu'étant donné que l'économie mondiale n'est pas encore sur la voie de la relance, il est encore trop top pour abandonner les mesures anti-crise.

D'ailleurs, certains pays du G20, y compris la Russie, commencent à réduire les investissements anti-crise dans l'économie. Endiguer l'inflation et réduire le déficit budgétaire deviennent pour eux des objectifs primordiaux. En public, les ministres des Finances et les principaux banquiers du G20 ont manifesté leur solidarité. Ils ont confirmé, dans leur déclaration conjointe, qu'ils investiraient en commun dans l'économie mondiale la somme totale de 5 mille milliards de dollars.

"Les erreurs classiques de la politique économique commises en temps de crise consistent en ce que les gouvernements commencent à les corriger trop tard et abandonnent ensuite trop vite les mesures anti-crise, a déclaré à Londres le ministre américain des Finances Timothy Geithner. Nous n'avons pas l'intention de répéter ces erreurs".

Les participants à la conférence du G20 de Londres ont déclaré qu'ils mettraient au point ensemble des actions coordonnées en vue d'abandonner les mesures anti-crise, pour éviter une nouvelle crise de l'économie mondiale.

D'ailleurs, en fait, tous les pays du G20 n'agissent pas de façon aussi coordonnée, comme ils le disent, loin s'en faut. Ainsi, selon des données récentes, l'Allemagne et la France sortent, semble-t-il, de la récession et les gouvernements de ces pays ne jugent pas nécessaire d'effectuer de nouveaux investissements dans leurs économies. La Grande-Bretagne reste au stade de la récession et les Etats-Unis n'ont pas encore déterminé quelle phase de la crise ils traversent, raison pour laquelle les gouvernements de ces deux pays sont les partisans les plus ardents de la poursuite de la stimulation économique au moyen des investissements.

Mais de nombreux faits suscitent l'indignation des gouvernements : les grandes banques qui se sont sauvées uniquement grâce à l'aide des gouvernements versent d'immenses bonus à leurs dirigeants en puisant dans les caisses des gouvernements. La colère des gouvernements à l'égard des banquiers s'est traduite dans la déclaration conjointe du G20 financier de Londres.

Les autorités russes, en la personne du ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, ont déclaré au début de la semaine dernière, qu'elles n'avaient pas l'intention d'augmenter en 2010 les investissements anti-crise dans l'économie. En ce moment, leur problème majeur consiste à faire face à la menace d'accélération de l'inflation et à réduire le déficit budgétaire.

En 2009, le gouvernement russe se propose de combler le déficit budgétaire grâce au Fonds de réserve et au Fonds du bien-être national et, en 2010, en outre, grâce aux emprunts extérieurs.

Il est évident que, grâce aux prix élevés du pétrole et aux recettes de l'Etat provenant de son exportation, en 2009 et 2010, le déficit budgétaire pourra être maintenu dans des limites acceptables. Ainsi, Alexeï Koudrine a fait savoir la semaine dernière, lors d'une réunion du bureau du gouvernement russe, que le déficit du budget d'Etat constituerait en 2009 7,8% à 8%, et non pas 8,6%, comme prévu initialement.

Cette amélioration de la situation, à savoir le renflouement du budget fédéral, a permis au premier ministre Vladimir Poutine de déclarer que la Russie renoncerait à utiliser son droit à un crédit avantageux de 8,84 milliards de dollars octroyé par le FMI.

En 2010, le gouvernement prévoit d'emprunter 17,8 milliards de dollars sur les marchés financiers internationaux. Les taux d'intérêt de ces crédits seront supérieurs à ceux du FMI. Dans des conditions favorables, on peut emprunter sur un marché extérieur à un taux d'intérêt de moins de 7% par an, dans des conditions défavorables, le taux d'intérêt peut s'élever à 9%.

Mais, grâce à cela, la Russie pourra éviter les injonctions incessantes du FMI sur la façon d'appliquer sa politique budgétaire. C'est ce que font les pays industrialisés du monde - les Etats-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France - qui préfèrent les emprunts plus coûteux du marché aux crédits du FMI.

Selon Alexeï Koudrine, le recours aux crédits du FMI sépare les pays se trouvant dans une situation critique des pays qui se portent relativement bien. "Nous ne figurons pas parmi les pays qui se trouvent dans une situation critique", estime le ministre russe des Finances.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

 

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