Revue de la presse russe du 8 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

La Russie ouvre aux avions américains ses voies de transit vers l'Afghanistan

L'accord de transit de frets militaires vers l'Afghanistan via l'espace aérien russe, signé il y a deux mois par les présidents russe et américain, est enfin entré en vigueur, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Le premier avion américain pourra bientôt suivre le nouvel itinéraire. L'accord stipule également la gratuité des services russes. En revanche, selon les experts, le prix, politiquement parlé, du transit russe, est très cher à payer, car il implique la non-adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'OTAN, ainsi que la suspension du déploiement de l'ABM américain en Europe de l'Est.

La capacité des itinéraires existants (la passe de Khyber à la frontière pakistanaise, ainsi que la base aérienne américaine de Ramstein en Allemagne et celle d'Abou Dhabi aux Emirats arabes unis) était suffisante avant que le président Barak Obama ne décide de doubler le contingent américain en Afghanistan. "Le pont aérien russe constitue de facto un des facteurs-clés du succès des opérations américaines dans la région", estime Andreï Serenko, expert du Centre d'étude de l'Afghanistan contemporain.  

Par ailleurs, l'accord exige que les avions transportant des frets militaires atterrissent sur le territoire russe, à cette fin la base aérienne de Rostov est l'endroit qui conviendrait le plus. Le document énonce la clause de gratuité des services de transit octroyés par la partie russe. "Si jamais des dépenses liées au ravitaillement en Russie surviennent, cette question sera réglée sur la base bilatérale, a précisé Dmitri Rogozine, représentant permanent de la Russie auprès de l'OTAN. Mais ces services ne peuvent d'aucune façon être à but lucratif".

M. Rogozine explique l'intérêt que peut trouver la Russie dans l'accord de transit d'une manière suivante: "Il existe des parties visible et invisible de l'accord. D'habitude, de tels accords sont signés pour obtenir un avantage mutuel. La présence des forces internationales en Afghanistan est sans doute avantageuse pour la Russie, car elle empêche la propagation du terrorisme vers des pays qui lui sont voisins, mais nous avons aussi le droit de compter sur une contribution des autorités américaines relative à certains domaines qui nous importent beaucoup. Rien n'est gratuit, sauf le fromage dans la souricière."  

Selon Andreï Serenko, le prix du transit russe est tout à fait évident: la non-adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN, ainsi que la suspension du déploiement de l'ABM américain en Europe de l'Est.

Nezavissimaïa gazeta/RBC daily

Pas de concessions à l'Ukraine, ordre ultime du président  Medvedev donné à Gazprom

Après avoir été effacées au cours des négociations qui ont eu lieu à Gdansk il y a une semaine entre les premiers ministres russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, les contradictions gazières entre la Russie et l'Ukraine risquent de resurgir pour atteindre leur paroxysme, lit-on mardi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et RBC daily.

Kiev exige de Moscou un prépaiement pour le transit de gaz. Mais le président russe Dmitri Medvedev a déclaré que la Russie n'accepterait pas les modifications du contrat.

L'Ukraine veut que Gazprom lui verse un nouvel acompte pour le transit de gaz qui a déjà été payé jusqu'au premier trimestre de 2010. "Ne payez pas!, a déclaré lundi Dmitri Medvedev au patron de Gazprom, Alexeï Miller. Il faut agir conformément au contrat conclu et ne pas changer d'un iota. Nous traversons aussi une mauvaise passe".

 La Russie n'a aucune raison de verser un acompte, estime l'expert du Centre de conjoncture politique de la Russie Dmitri Abzalov : "Gazprom peut payer, mais rien ne garantit que cet argent sera dépensé pour le gaz russe, il est plus probable qu'il sera employé pour le programme électoral du premier ministre ukrainien".

Les experts se perdent en conjectures en analysant les propos contradictoires tenus par le premier ministre et le président de la Russie. "Pour l'instant, il est évident que les personnalités ukrainiennes, entre autres Mme Timochenko, ont été trop optimistes en déclarant que Poutine avait déjà tout accepté, estime le partenaire de la société de conseil RusEnergy Mikhaïl Kroutikhine. Il s'avère à présent qu'il n'y a eu absolument aucun accord du côté russe".

"Il y a probablement une contradiction  dans les positions du premier ministre et du président, fait remarquer l'expert du groupe d'investissement Financial Bridge Dmitri Alexandrov. D'une part, le premier ministre se met d'accord, d'autre part, le président met, de fait, en doute cet accord".

D'ailleurs, il se peut qu'il n'y ait aucune contradiction et que ce qui se produit, fasse partie d'un jeu politique. "En fait, les dirigeants russes se trouvent actuellement dans une situation difficile car ils ont à persuader l'Europe que l'Ukraine est un pays de transit peu sûr et en même temps  lui prouver la nécessité de construire les gazoducs Nord Stream et South Stream pour contourner le territoire ukrainien, estime Mikhaïl Kroutikhine. Les objections faites par Medvedev peuvent devenir ces accrocs déclencheurs d'un nouveau conflit. Les relations entre la Russie et l'Ukraine ne cessent de s'exacerber, il va falloir donc suggérer à l'Europe que, comme les choses ne sont pas encore réglées entre Moscou et Kiev, il faut s'attendre à une nouvelle détérioration de leurs relations".

Vedomosti /Kommersant

Chavez invite Achkhabad à se joindre à l'OPEP du gaz

Le président vénézuélien Hugo Chavez, en tournée mondiale, a fait une arrivée inopinée au Turkménistan pour proposer immédiatement à son homologue Gourbangouly Berdymoukhammedov de se joindre à l'OPEP du gaz, lit-on mardi dans les quotidiens Vedomosti et Kommersant.

Très attaché à son statut neutre, Achkhabad refusera sûrement aujourd'hui d'adhérer à des alliances anti-occidentales, affirment les experts.

L'accord de transformation d'un regroupement informel "Forum des pays exportateurs de gaz" en alliance officielle, a été signé à la fin de 2008 par la Russie, l'Algérie, la Bolivie, l'Egypte, l'Iran, le Qatar, la Lybie, Trinité-et-Tobago, la Guinée Equatoriale et le Nigeria. Ces pays représentent 37% de l'extraction mondiale. Ce processus n'a pourtant connu aucune nouvelle évolution puisque  l'organisation n'a toujours pas commencé à fonctionner, rappelle Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis.   

Le président turkmène, dont le pays possède la quatrième  plus grande réserve mondiale de gaz après celles de la Russie, de l'Iran et du Qatar, a commencé ces derniers temps à parler d'une diversification des flux d' exportations de gaz et a annoncé en juillet dernier sa volonté de participer à Nabucco, projet rival de South Stream russe, allant de la frontière turco-géorgienne à la ville autrichienne de Baumgarten. L'arrêt des livraisons de gaz turkmène en avril 2009 a provoqué un scandale entre la Russie et le Turkménistan, et beaucoup d'ailleurs tentent d'en profiter en réorientant les fournitures turkmènes vers leurs marchés, fait remarquer Adjar Kourtov de l'Institut de recherches stratégiques.

Le Venezuela pourrait aider la Russie à renforcer la loyauté du Turkménistan, indique M. Kortchemkine: "mais ceci, pas dans le cadre du cartel gazier, car ce dernier ne fonctionnera que quand Gazprom cédera volontairement une partie du marché gazier européen au Qatar ou au Turkménistan". Et là c'est une chose que le monopole russe n'acceptera jamais, ajoute-t-il.

Les experts sont convaincus qu'Achkhabad renoncera à une participation à l'OPEP du gaz. "Le Turkménistan a déjà laissé sans réponse un nombre d'invitations à cette organisation de la part de la Russie et de l'Iran", souligne Mikhaïl Kroutikhine, partenaire de RusEnergy. Achkhabad n'a aucune raison d'adhérer à une organisation quelconque, estime Natalia Lechtchenko d'IHS Global Insight. Le leader turkmène tente toujours de jouer sur les intérêts de différentes parties, mais il ne se prononce jamais ouvertement en faveur d'un tel ou tel partenaire, explique M. Kourtov.

Gazeta.Ru/Izvestia/Komsomolskaïa pravda

Washington affirme avoir vendu dix fois plus d'armes que la Russie

D'après les données du Congrès américain, en 2008 la Russie s'est classée troisième pour les exportations d'armes: elle en a vendu pour 3,5 milliards de dollars l'année dernière contre 10,8 milliards de dollars en 2007, lit-on mardi dans les journaux russes.

Les experts américains estiment que l'exportation d'armes russes diminue voilà depuis bientôt deux ans. En 2007, le montant des contrats conclus sur la livraison d'armes s'est réduit, par rapport à l'année précédente, en passant de 14,3 à 10,8 milliards de dollars. Les Etats-Unis ont évalué leurs recettes provenant de l'exportation d'armes à 37,8 milliards de dollars, soit 50% de plus qu'en 2007.

Pour ce qui est des recettes provenant de la vente d'armes, la Russie a cédé sa deuxième place à l'Italie. Les experts russes démentent ces estimations. Les données officielles du Service fédéral russe pour la coopération militaire diffèrent radicalement des chiffres américains. Selon les données du gouvernement, en 2008, la vente d'armes a rapporté à la Russie 8,35 milliards de dollars, c'est-à-dire, un accroissement de 8%. D'après les mêmes données, en 2007, le complexe militaro-industriel russe a gagné 7,4 milliards de dollars.

Le Centre d'analyse des stratégies et des technologies (CAST) a cité ses propres estimations des exportations d'armes russes pour 2008: 6,58 milliards de dollars. "Les chiffres du rapport présenté au congrès divergent constamment, non seulement en ce qui concerne la Russie, mais aussi la Grande-Bretagne et la France. D'autant plus que les données pour une année sont souvent reconsidérées dans la nouvelle période qui suit, ce qui les met en doute", a indique l'expert du CAST Dmitri Vassiliev.

En ce moment, une base objective de données sur l'exportation d'armes n'existe pas. "Même les données de l'Institut international de recherches pour la paix de Stockholm (SIPRI) reposent sur la méthode adoptée en 1980, c'est pourquoi les experts se fondent sur les rapports nationaux", estime Dmitri Vassiliev.

"Le rapport du Congrès américain est denué de toute objectivité, affirme le chef du CAST Rouslan Poukhov.Celui-ci est rédigé en se fondant sur les renseignements des services secrets. Or, nous n'avons pas oublié comment, à la veille de la guerre contre l'Irak, le Secrétaire d'Etat américain Colin Powell avait brandi un rapport des services secrets sur les armes chimiques et biologiques détenus par Saddam Hussein et quelle en était la réalité. A mon avis, ce rapport poursuit également un objectif, strictement de politique intérieure". "Manifestement, le lobby militaro-industriel veut se présenter sous un jour favorable au congrès, admet l'expert militaire Viktor Baranets. D'autant plus que la répartition du budget militaire-2010 vient de commencer".

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti. 

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