Alexander Vershbow, muni de quel bagage en visite à Tbilissi ?

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le sous-secrétaire américain à la Défense en charge de la sécurité internationale Alexander Vershbow est arrivé en visite en Géorgie. Après avoir fait récemment une déclaration sur le déploiement éventuel d'éléments de la défense antimissile américaine en Ukraine (ensuite désavouée), Alexandre Vershbow se trouve actuellement dans un autre point chaud situé à proximité des frontières de la Russie. Cette visite suscite plusieurs questions sur les intentions des Etats-Unis dans la région et le développement des rapports entre la Russie, la Géorgie et les Etats-Unis.

Après son arrivée en Géorgie, Alexander Vershbow a fait des déclarations traditionnelles pour les Etats-Unis sur la défense de l'intégrité territoriale de la Géorgie, de sa souveraineté et sur le soutien à l'intention de la Géorgie d'adhérer à l'OTAN. En ce qui concerne ce dernier point, Alexander Vershbow a promis à la Géorgie un plan spécial d'adhésion à l'Alliance. Cependant, en ce moment, cette adhésion reste impossible, premièrement, en raison des conflits territoriaux de la Géorgie qui sont contraires aux statuts de l'Alliance et, deuxièmement, à cause de la position occupée par plusieurs pays européens membres de l'OTAN qui jugent l'admission de la Géorgie en son sein inopportune.

En même temps, la répétition éventuelle par la Géorgie de sa tentative de "régler les problèmes territoriaux" par voie militaire reste une question en suspens. Cette question est d'autant plus actuelle que la Géorgie continue de rééquiper son armée après sa défaite essuyée dans la guerre des cinq jours d'août 2008.

Il convient de tenir compte du fait que le programme de la visite d'Alexander Vershbow en Géorgie prévoit des rencontres avec le ministre géorgien de la Défense Batcho Akhalaïa, le Secrétaire du Conseil de sécurité nationale Eka Tkechelachvili, ainsi qu'avec les experts en matière de sécurité.

La visite du fonctionnaire américain se déroule dans le contexte du rééquipement de l'armée géorgienne qui est en train d'être dotée de nouveaux armements et de nouveau matériel de guerre après sa défaite de l'année dernière.Et cela sans omettre le fait que l'Ukraine participe de nouveau au réarmement de la Géorgie et lui a déjà fourni 12 chars T-84.

Le réarmement actuel de la Géorgie diffère de celui effectué avant la guerre des cinq jours. Avant la guerre, le réarmement était, peut-on dire, transparent, démonstratif même, alors qu'à présent les informations à ce sujet sont devenues très rares : le réarmement de la Géorgien est entouré d'un grand secret. Selon les informations disponibles, la Géorgie a presque entièrement comblé ses pertes en blindés et en artillerie, elle est en train de perfectionner la maîtrise des effectifs, compte tenu de l'expérience des actions militaires.

Cependant, la répétition de l'attaque de la Géorgie contre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud est peu probable, car des troupes russes stationnées dans ces deux pays assurent la défense sûre de ces républiques et constituent une garantie contre une agression.

Quel est donc le but du réarmement? Il poursuit un double objectif. Premièrement, le réarmement et la préparation permanente à un nouveau conflit permettent au régime de Tbilissi de détourner l'attention de la population des problèmes intérieurs, en cultivant l'image de l'ennemi. Deuxièmement, il n'est pas exclu que la Géorgie fonde son espoir sur la déstabilisation de la situation dans la région, ce qui lui permettrait de réaliser ses plans sans se heurter à une riposte.

Il convient d'attirer également l'attention sur le fait que le soutien, y compris financier, au réarmement de la Géorgie est contraire à la politique officielle américaine de "redémarrage" des rapports avec la Russie. Certes, les Etats-Unis ne peuvent pas ne pas apporter leur soutien à la Géorgie, mais le soutien et l'aide au réarmement sont des choses différentes.

Selon de nombreux spécialistes, cette dualité découle de l'existence des contradictions au sein de l'administration américaine concernant la Géorgie et, sur un plan plus large, concernant les rapports avec la Russie. Ces contradictions expliquent, entre autres, les rumeurs qui surgissent périodiquement en se référant à des sources à l'administration américaine sur le déploiement éventuel d'éléments du système de défense antimissile en Géorgie et les déclarations de personnalités officielles, à l'instar de la récente déclaration d'Alexander Vershbow sur l'installation éventuelle d'un radar du système de défense antimissile américaine en Ukraine, qui sont ensuite démenties.

Il ne reste qu'à conclure que la clef d'un nouveau conflit dans le Caucase se trouve actuellement non pas à Moscou, même pas à Tbilissi, mais à Washington. Espérons que l'administration actuelle la tient dans un endroit assez sûr pour qu'elle soit inaccessible pour ceux que la situation actuelle n'arrange pas.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

 

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