Visite de Medvedev en Italie : premier essai pour la nouvelle sécurité européenne

© RIA Novosti / Accéder à la base multimédiaVisite de Medvedev en Italie : premier essai pour la nouvelle sécurité européenne
Visite de Medvedev en Italie : premier essai pour la nouvelle sécurité européenne - Sputnik Afrique
S'abonner
Le président russe Dmitri Medvedev est arrivé en visite de travail en Italie pour participer au « sommet élargi » Italie-Russie qui se tient aujourd’hui à Rome.

Le président russe Dmitri Medvedev est arrivé en visite de travail en Italie pour participer au « sommet élargi » Italie-Russie qui se tient aujourd’hui à Rome.

De larges consultations interétatiques de ce genre ont lieu régulièrement depuis 2002. Cette année, Dmitri Medvedev a déjà effectué deux visites en Italie, où il a rencontré le premier ministre Silvio Berlusconi. Ces rencontres interétatiques sont ordinairement consacrées aux problèmes économiques, commerciaux, scientifiques, techniques, juridiques et à la coopération culturelle. Mais ces « larges consultations » de décembre sont, semble-t-il, particulières - en tout cas, à la mesure de la dimension «  supérieure »  du président russe et du premier ministre italien.

Dmitri Medvedev semble avoir apporté à Rome, pour « un premier essai », ses récentes propositions sur la réorganisation de l’ensemble du système de sécurité européenne ou, plus précisément, euro-atlantique.

La ville éternelle n’est probablement pas le meilleur endroit (l’éternité ne tolérant pas la nouveauté) pour ce premier essai d’une nouvelle architecture pour la sécurité européenne, mais le Palais Chigi (la résidence des premiers ministres italiens) convient parfaitement à cette tâche. De même que Silvio Berlusconi.

Indépendant de qui et de quoi que ce soit, obstiné et hypersincère, Silvio Berlusconi n’a jamais caché que l’amitié avec la Russie allait dans le sens de ses intérêts et, par conséquent, de ceux de sa Patrie, « quoiqu’en pensent les Canadiens, ou tel ou tel démocrate libéral ». Un de ses conseillers économiques a déclaré un jour que le Cavaliere avait même eu une « vision », selon laquelle des rapports stratégiques étroits avec la Russie sont bons pour le monde des affaires italien. Depuis, il se conforme de fait à cette vision. En général, ce sont des intérêts ayant une application pratique et que l’on peut palper qui prédominent dans l’univers Berlusconi. Certes, cette approche ne manque pas de cynisme, mais il impossible de s’en passer dans le grand monde politique et des affaires.

Ses relations avec la Russie ont tout de suite été clarifiées dès sa première arrivée au pouvoir en 1994, lorsqu’il est devenu le premier ministre occidental à signer un Traité d’amitié et de coopération avec Moscou. Cette amicizia (amitié) pratique, qui a s’est prolongée sous la présidence de Vladimir Poutine et lorsque celui-ci est devenu premier ministre, se poursuivra sans aucun doute sous la présidence de Dmitri Medvedev.

L’Italie est aussi, probablement, un bon choix pour la « présentation physique » de nouvelles idées à la Grande Europe pour leur « premier rendez-vous ». Mais il n’est pas encore question de voir s’ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’Europe.

Il faut reconnaître que cet accord fondé sur les principes d’ « indivisibilité de la sécurité » et de création dans l’Euro-atlantique d’un « espace unique, indivisible » dans le domaine militaire et politique laisse perplexes et même effraie l’Europe et les Etats-Unis qui, hélas, ont toujours eu peur des propositions globales émanant de cet immense territoire appelé d’abord Russie, ensuite URSS et de nouveau Russie. On peut attribuer cette gêne aussi bien aux stéréotypes de l’Europe qu’au comportement, difficile de le nier, de l’auteur des précédentes « propositions globales ».

A Bruxelles-UE et Bruxelles-OTAN (y compris Washington), les définitions et les engagements de cet accord sont considérés soit comme une répétition de dispositions de traités sur l’OTAN et/ou l’OSCE, ainsi que d’autres traités fixant les contours généraux de la sécurité européenne, soit comme une tentative à peine dissimulée d’en finir avec l’OTAN. En ce moment, l’OTAN est en train de revoir, comme elle le fait une fois tous les dix ans, sa stratégie visant à garantir la sécurité de ses pays membres. Il est peu probable que ce bloc soit prêt à « inscrire » dans cette stratégie des propositions aussi globales et de longue haleine que celles exposées dans le « projet de Medvedev pour l’Europe». En tous cas, dans les couloirs de l’OTAN, on dit déjà (le bloc étudie le projet d’accord) que l’Alliance n’est nullement prête à abandonner ses engagements quant à la garantie de la sécurité de tous ses membres. Autrement dit, pour l’Occident, l’OTAN est si solidement incorporée dans l’architecture européenne que de tels changements seraient trop désavantageux et destructeurs. Il semble que même l’Italie ne pourrait rien y faire…

Par conséquent, la première présentation de ce nouveau projet en Europe ne sera pas couronnée de succès. Au mieux, il sera probablement accepté poliment « dans les grandes lignes » et étudié durant plusieurs mois.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала