Copenhague, gare de transit pour START

© POOL / Accéder à la base multimédiaDmitri Medvedev et Barack Obama
Dmitri Medvedev et Barack Obama - Sputnik Afrique
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Puisque aucune entente sérieuse sur le climat n'a eu lieu à Copenhague, on ne pouvait espérer parvenir à une entente sur la réduction des armes nucléaires de la Russie et des Etats-Unis. Les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev se sont rencontrés le 18 décembre en marge du sommet, après quoi ils ont déclaré qu'"il restait à mettre au point des détails d'ordre technique".

Puisque aucune entente sérieuse sur le climat n'a eu lieu à Copenhague, on ne pouvait espérer parvenir à une entente sur la réduction des armes nucléaires de la Russie et des Etats-Unis. Les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev se sont rencontrés le 18 décembre en marge du sommet, après quoi ils ont déclaré qu'"il restait à mettre au point des détails d'ordre technique".

On le dit ordinairement lorsque des difficultés sérieuses apparaissent sur la conclusion d'un accord. Il s'agit en l'occurrence du régime de vérification. Il est vain d'attendre la signature tant désirée du traité ni à Copenhague, ni à la fin de cette année: les négociateurs sont déjà partis en vacances de Noël et ils ne se rencontreront pas avant la mi-janvier. Les ententes présidentielles de principe ne peuvent intervenir finalement que l'année prochaine. Mais la date butoir n’est pas claire.

Certes, la signature du Traité  START n'est pas un but en soi et encore moins une solution à tous les problèmes nucléaires actuels, malgré les déclarations grandiloquentes de la presse et des services de publicité des gouvernements des Etats-Unis et de la Russie. Ce document est à bien des égards symbolique. En premier lieu pour les présidents: pour Dmitri Medvedev, car c'est son premier traité important sur le désarmement, et à fortiori pour le lauréat du Prix Nobel. Ayant le Traité START dans sa poche, il pourra répondre à la question de savoir comment il "justifie l'avance donnée par le comité Nobel". D'ailleurs, il est temps que le "redémarrage" américano-russe sorte du point mort: le nouveau Traité START serait le signe qu'on est enfin parvenu au fameux bouton de "redémarrage".

Il est clair que ce traité  sera signé tôt ou tard, probablement l'année prochaine. Mais il ne s'agit pas que du Traité START. Ce n'est qu'un nouveau début pour une étape nucléaire qui doit avoir une suite.

Tout d'abord, cette réduction des arsenaux nucléaires n'est pas du tout la plus radicale dans l'histoire. A en croire à ce qui a été concerté de principe, les Etats-Unis et la Russie doivent réduire le nombre d'ogives nucléaires stratégiques à peu près 1600. Le nombre de vecteurs diminuera jusqu'à 700-750. Les Etats-Unis et la Russie sont parvenus à un compromis, car Washington ne voulait pas abaisser le seuil au-dessous de 1000 vecteurs et la Russie ne voulait pas qu'il soit supérieur à 500. Elle a pour cela des raisons valables. Le vieillissement naturel des missiles oblige le département russe de défense, même sans traité, à retirer du service des sous-marins, des bombardiers et des missiles. Le fait est que d'ici 2017 - le nouveau Traité START est prévu pour cette période - nous aurons, au mieux, un peu plus de 500 moyens de véhiculation. Et même moins, si le complexe militaro-industriel n'oublie pas tout le reste et ne commence pas à construire d'urgence de nouveaux missiles. Mais on peut en douter. Par conséquent, quoi qu'il en soit, nous "dépasserons" les normes de la réduction des vecteurs.

Il faut l'avouer, Barack Obama est allé au-devant de la Russie en ce sens. Les Etats-Unis ont accepté de prendre en compte également les bombardiers B-52 en tant que vecteurs nucléaires stratégiques, qu'ils portent des bombes nucléaires ou non, et nos missiles mobiles Topol-M pourront maintenant être déplacés sans entrave sur tout notre vaste territoire, ce qui n'était pas prévu dans le Traité START-1.

Les Etats-Unis détiennent aujourd'hui 1195 vecteurs et 5573 ogives; la Russie, 811 vecteurs et 3906 ogives. George Bush fils et Vladimir Poutine avaient signé en 2002, à Moscou, le Traité sur la réduction des potentiels nucléaires stratégiques. Rappelons que, conformément à ce traité (toujours en vigueur), les Etats-Unis et la Russie s'étaient engagés à réduire leurs ogives nucléaires à 220-1700 vers 2012. Selon le nouveau Traité START, après sa mise en vigueur, le nombre d'ogives doit être réduit dans sept ans à environ 1600-1675. Même si le traité est signé au début de l'année prochaine, nous ne devrons réduire que 25 ogives vers 2017. Autrement dit, d'ici 2017, nous serons au même niveau que ce qui devait être enregistré en 2012 conformément au traité signé par George Bush fils qui, du point de vue général, y compris américain, avait mené les relations américano-russes au plus bas.

Le travail intense sur le traité  sous Obama et Medvedev a, au moins, réanimé le processus de désarmement qui, sous George Bush fils était, par sa veulerie, sur le point d'entrer dans le coma. La question est de savoir dans quelle direction iront ensuite Moscou et Washington et jusqu’à quel point les compromis sur  START sont liés aux "services" rendus sur la question iranienne (les Etats-Unis veulent que la Russie rejoigne le front des sanctions contre les ambitions nucléaires de Téhéran) et de l'Afghanistan (le "corridor russe" pour les troupes de la coalition qui lutte contre les talibans).

A en juger par les journaux américains, Barack Obama est prêt à accepter, après la conclusion du nouveau traité, l'"inventaire" du potentiel récupérable (ogives retirés du service et stockés). Washington est également prêt à un dialogue sur la réduction des armes nucléaires tactiques (les bombardiers) et des armes à portée moyenne. Ce sujet avait déjà été abordé par Mikhaïl Gorbatchev en 1986 lors de sa rencontre avec Ronald Reagan à Reykjavik.


Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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