Une nation sans langue?

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Le président par intérim de la République de Moldavie, Mihai Ghimpu, a de nouveau déclaré vouloir apporter des amendements à la Constitution sur le statut de la langue moldave. Selon lui, la langue nationale officielle doit être appelée le roumain, et non le moldave.

Le président par intérim de la République de Moldavie,  Mihai Ghimpu, a de nouveau déclaré vouloir apporter des amendements à la Constitution sur le statut de la langue moldave. Selon lui, la langue nationale officielle doit être appelée le roumain, et non le moldave.

Depuis des décennies, des linguistes discutent de savoir ce qu'est au fond le moldave : une autre appellation du roumain, un dialecte de ce dernier ou bien une langue nationale. Et toujours, les savants trouvent des arguments persuasifs en faveur de chacune des versions.

C'est pourquoi il faut essayer considérer le problème dans une optique différente. En effet, la langue est un des facteurs clés de l'existence d’une nation, son signe principal d’identité. Et l'existence d'une langue tel que le moldave témoigne, avant tout, de la conscience linguistique de ses locuteurs, et donc, aussi de la conscience que les Moldaves ont de leur identité nationale.

La logique est bien évidente : nous sommes Moldaves, nous vivons en Moldavie  et nous parlons la langue moldave.

Il convient de rappeler que, d’après le recensement de 2004, 78,4% des Moldaves qui constituent 75,8% de la population de la République, ont indiqué comme langue maternelle le moldave.

Certes, en 6 ans, la situation a pu changer, mais pas assez pour que, dans l’esprit des gens, leur langue natale change d’identité. Quoi qu'il en soit, ce n’est pas aux politiciens de décider des questions de ce genre, mais à l’ensemble de la population du pays et ce au moyen d’un référendum.
De telles déclarations laissent penser que le désir de « rebaptiser » la langue, et de lui attribuer officiellement le statut de l’inexistant, dissimulent une tentative de dénationaliser les Moldaves. Un peuple qui ne sait pas qui il est – sans langue, sans communauté – devient facilement suggestible et manipulable.

Et il n'est pas difficile de deviner par quoi on tente de combler le vide dans la conscience nationale.  Ne cachant pas qu'il est Roumain et parle roumain,  Monsieur Ghimpu dit fréquemment et ouvertement : «l'Union Soviétique a inventé la nation moldave pour justifier l'occupation du territoire de la Moldavie actuelle» ou «je m’incline devant ceux qui ont combattu pour la paix, pour la démocratie, pour affirmer la volonté de Dieu que cette terre (moldave) soit habitée des Roumains, la Russie – des Russes, la France – des Français, l’Allemagne – des Allemands».

Ainsi, en acceptant qu’il n'existe pas de langue tel que le moldave, on en vient  à accepter l’appartenance roumaine de la République de Moldavie, qui, par un «malentendu soviétique», fut arrachée à ses origines.

C'est-à-dire, que l’on met en doute le rôle des Moldaves dans l’Histoire, la durée de leur existence sur le territoire de la Moldavie, leurs particularités nationales, leurs acquis en matières de culture, de sport, de littérature. Il en découle qu’il ne s’agit pas vraiment d’une nation, mais simplement d’une population habitant un territoire autrefois roumain.
 
Incontestablement, la Moldavie  et la Roumanie ont un passé historique commun. Et le mot clé ici est bien « passé ». Or, dans le présent, nous avons la langue moldave dont le développement, pour des raisons historiques, a emprunté une voie différente, le peuple moldave et la République de Moldavie  souveraine et indépendante.

Et malgré les désirs de certains politiciens, il n’est pas en leur pouvoir de changer cette réalité.

Ce texte n'engage que la responsabilité  de l'auteur.

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