Nicolas Sarkozy et la question tsigane

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Grâce aux efforts du président français Nicolas Sarkozy, " des Bohémiens, troupe bruyante " (comme disait Pouchkine) se sont retrouvés dans la ligne de mire des débats liés aux problèmes d'immigration, raciaux, confessionnels et autres en Union Européenne, et dans le reste du monde.

Grâce aux efforts du président français Nicolas Sarkozy, " des Bohémiens, troupe bruyante " (comme disait Pouchkine) se sont retrouvés dans la ligne de mire des débats liés aux problèmes d'immigration, raciaux, confessionnels et autres en Union Européenne, et dans le reste du monde. Depuis que Sarko a annoncé en juillet une campagne de chasse aux Roms et s’est mis à dresser l'inventaire de la population tsigane et à procéder à l'expulsion des clandestins, la question a atteint des dimensions alarmantes au sein même de l'UE et s'est globalisée jusqu'à l'intervention du comité de l'ONU pour la lutte contre la discrimination raciale.

Fin août, ce dernier n'a pas manqué de faire appel à Paris en demandant " d'éviter " les expulsions massives. Les organismes dirigeants de l'UE formulent le même genre de requêtes.

Sarkozy (et la France dans l'ensemble) est jugé, critiqué (plus ou moins violemment) ou simplement réprimandé non seulement par la gauche, les organisations de protection des droit de l'Homme, et l'opposition, mais même par l'église catholique, l'église protestante et les rabbins de France. Mais le président français n’entend aucune critique et compte terminer ce qu'il a commencé. Il avait promis de supprimer 300 campements illégaux de tsiganes et a déjà expulsé près de 1 000 personnes du " peuple libre ". Principalement en Roumanie et en Bulgarie mais certains " nomades " européens sont partis en Serbie.

Mais comme cela arrive souvent à une chose aussi complexe que le déplacement de personnes qui y résistent à travers les frontières, il y a toujours une place pour les accusations de discrimination et d'autres formes d'intolérance raciale, ethnique ou autre. En Union Européenne, bien sûr, aucun homme politique ne souhaite s'immiscer dans des sujets aussi complexes : cela coûte toujours des voix et des nerfs. Mais comme Sarkozy a élevé ce problème au niveau européen, tout le monde devra "mettre la main à la pâte" et cela énerve sérieusement la Bruxelles bureaucratique, ainsi que toutes les capitales européennes. Évidemment, les Européens n'ont rien contre les chansons tsiganes mais cela ne va pas jusqu'à l'amour pour autant. Et au quotidien, les tsiganes " donnent des migraines " à l'Europe, car, en général, leur manière de gagner leur vie dépasse largement le cadre légal. Selon les derniers sondages d'opinion publique (le journal Figaro), 65% des Français soutiennent l'action de leur président, et 69% se prononcent pour l'élimination des campements illégaux en France.

En fait, il faut dire que dans un problème aussi sensible que le contrôle de l'immigration ou le " nettoyage " du pays, Nicolas Sarkozy a un sérieux avantage sur les autres hommes politiques français. Son origine d'immigré héréditaire le protège comme une armure (23ème président de France et 6ème président de la VIe république, Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa, fils d'immigré hongrois), et il peut dire ou faire tout ce qu'un autre homme politique " français de souche " ne pourrait se permettre. À l’exception, bien sûr, de vrais racistes radicaux. Le principe " J'en suis sorti et je connais bien ce genre d'individus " est toujours très convaincant. Donc non seulement le président français n’entend aucune critique, mais il mène également une offensive contre le libéralisme chétif européen concernant la question très sérieuse des tsiganes.

La semaine prochaine, le 6 septembre, la France organise une réunion spéciale et " informelle " de travail entre les ministres de l'Intérieur de l'Union Européenne. À vrai dire, tous les membres n'ont pas été invités, seulement l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Grèce, ainsi que le Canada. Ce dernier pour une participation de " solidarité ". Ottawa est confronté au problème des tsiganes hongrois et tchèques, un grand nombre d'entre eux venant dans le pays pour demander l'asile politique. L'invitation sera également envoyée aux États-Unis. En milieu de semaine Paris a également l'intention d'organiser " une réunion de travail " avec tous les dirigeants de l'UE pour expliquer sa " politique tsigane ". Le premier ministre français François Fillon a déjà déclaré que Bruxelles, au lieu de critiquer, ferait mieux d'examiner la situation de plus près pour comprendre que Paris n'enfreint aucune loi de l'Union Européenne. De plus, les 13-14 septembre, à Bruxelles, une conférence ministérielle pour les problèmes d'immigration a été programmée, et les 21-22 octobre, en France, se tiendra la réunion des chefs des services de police d'Allemagne, de France, d'Italie, d'Espagne, de Pologne et de Grande-Bretagne. Paris a l'intention d'y proposer de créer des " forces euro-atlantiques spéciales pour la lutte contre l'immigration clandestine " (Euro-Atlantic clandestine immigration task-force). Il est évident que Sarkozy ne laissera pas le problème d'immigration “ s'estomper “, malgré l'indignation de la majorité des premiers ministres européens qui craignent les critiques de la presse de gauche et de l'opposition.

La critique a lieu d'être car la France n'est pas la première, ni la seule, à se charger de la régularisation du " problème tsigane ". Seulement les autres le faisaient sans faire de bruit, contrairement à Sarkozy (il se présentera aux élections de 2012 et n'a pas d'autres " atouts "). Les Pays-Bas, le Danemark et la Suède s'apprêtent également à renforcer les lois d'immigration et à expulser les clandestins du pays.

Dans un ou deux ans à venir, Berlin se prépare à déporter 12 000 tsiganes au Kosovo. Venus en Allemagne après les bombardements en Yougoslavie et la guerre au Kosovo en 1999, leurs enfants ne parlent ni serbe ni albanais, seulement allemand.

La municipalité de Copenhague a également l'intention de " nettoyer " la capitale des centaines de tsiganes venus d'Europe de l'Est. La Belgique commence le " nettoyage tsigane ". Ainsi, les Français ne sont pas les seuls à s'attaquer aux gitans.

D’ailleurs, en 2009, la France avait déjà expulsé 10 000 clandestins tsiganes en Bulgarie et en Roumanie. Toutefois, cette fois-ci, la communauté libérale est indignée par la mise en parallèle par Sarkozy de la criminalité avec l'invasion tsigane. Selon les affirmations du ministère français de l'Intérieur, en France " la criminalité tsigane " a augmenté de 138% par rapport à l'année dernière.

Le plus frappant dans la situation tsigane actuelle est le fait que les tsiganes ne formulent aucune protestation particulière et repartent calmement vers leurs " campements traditionnels " en Bulgarie et en Roumanie. En privé, beaucoup de personnes déclarent aux journalistes qu'ils n'ont aucune raison de se plaindre : pour " un départ volontaire " Paris offre 400 euros par adulte et 100 euros par enfant. Pourquoi " faire des vagues " ? Dans 3-6 mois ils pourront toujours revenir. Aucune protestation également de la part de la Bulgarie ou de la Roumanie (membres de l'UE). Les deux pays souhaiteraient faire partie de l'espace Schengen et craignent le veto de la France.

L'Italie est le seul pays qui se prononce haut et fort pour l'initiative de Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur du cabinet de Silvio Berlusconi, Roberto Maroni (du partie d'extrême droite Ligue du Nord) a déclaré que lors de la réunion du 6 septembre à Paris, l'Italie avait l'intention de soulever la question pour l'expulsion des pays de l'UE des citoyens d'autres pays de l'UE, incapables de subvenir à leurs propres besoins en matière d'habitation ou de nutrition, et qui ne font que " pomper " les systèmes de sécurité sociale.

Pourvu que la Russie ne reste pas la seule " île " débordant d'amour pour les tsiganes.

 

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur

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