L'histoire du slavophilisme et de l'occidentalisme de la Russie

© RIA Novosti . Mikhail Uspenskiy / Accéder à la base multimédiaVissarion Belinsky
Vissarion Belinsky - Sputnik Afrique
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Dans les années 40-50 du XIXe siècle, deux mouvements sont apparus dans la société russe et dans la pensée philosophique : les slavophiles qui parlaient de « la voie particulière de la Russie » et les « occidentalistes » qui insistaient sur la nécessité pour la Russie de suivre la voie de la civilisation occidentale, plus particulièrement dans le domaine de l'organisation sociale, de la vie civique et de la culture.

 

Dans les années 40-50 du XIXe siècle, deux mouvements sont apparus dans la société russe et dans la pensée philosophique : les slavophiles qui parlaient de « la voie particulière de la Russie » et les « occidentalistes » qui insistaient sur la nécessité pour la Russie de suivre la voie de la civilisation occidentale, plus particulièrement dans le domaine de l'organisation sociale, de la vie civique et de la culture.

Le terme « slavophile » a été employé pour la première fois par le poète Konstantin Batiouchkov pour désigner, dans un sens ironique, une orientation sociale particulière. Le terme « occidentalisme » apparait pour la première fois dans la culture russe dans les années 40 du XIXe siècle, notamment dans les Mémoires d'Ivan Panaev. Il devient courant après la rupture d'Aksakov et de Belinsky en 1840.

L'archimandrite Gabriel (Vassili Voskressensky) est à l’ origine du slavophilisme, avec son livre Philosophie russe, paru en 1840 à Kazan.

Les opinions des slavophiles ont été forgées lors des débats idéologiques qui se sont intensifiés après la publication de la Lettre philosophique de Tchaadaïev. Les slavophiles avançaient des arguments concernant la voie historique particulière du développement de la Russie, foncièrement différente de la voie de l'Europe occidentale. La particularité de la Russie consistait, selon les slavophiles, en l'absence dans son histoire de lutte des classes, et de la présence de la gestion foncière communale et des coopératives de production, de l'orthodoxie en tant que seul vrai christianisme.

Les écrivains, poètes et scientifiques Khomiakov, Kirievsky, Aksakov, Samarine. Kochelev, Valouïev, Tchijov, Beliaïev, Guilferding, Lamansky et Tcherkassky ont joue un rôle important dans l'élaboration des opinions slavophiles. Les écrivains Dal, Ostrovsky, Grigoriev, Tutchev, Iazykov étaient proches des slavophiles de par leur position socio-idéologique. Les historiens et les linguistes Bouslaïev, Bodiansky, Grigorovitch rendaient hommage aux opinions slavophiles.

Dans les années 1840, la majorité des slavophiles se trouvait à Moscou, dans les salons littéraires des Elaguine, Sverbeïev, Pavlov, où ils discutaient et débattaient avec les occidentalistes. Les œuvres des slavophiles faisaient l'objet de censures, certains étaient surveillés par la police et se faisaient arrêter. En raison de la censure, longtemps les slavophiles n'ont pas eu d’édition permanente, ils étaient principalement publiés dans le journal Moskvitianine. Après un certain assouplissement de la censure à la fin des années 1850, ils publiaient les magazines Rousskaïa besseda (la discussion russe), Selskoe blagooustroïstvo (aménagement rural), et les journaux Molva (rumeur) et Parousse (la voile).

Les slavophiles, à l'encontre des occidentalistes, se prononçaient contre l'assimilation par la Russie de formes de vie politique occidentale. Toutefois, ils considéraient qu'il était important de développer le commerce et l'industrie, les sociétés anonymes et les banques, la construction des voies ferrées et l'exploitation des machines dans l'agriculture. Les slavophiles étaient en faveur de l'abolissement du servage par le gouvernement et de la mise à disposition des communautés paysannes des terres communales.

Les idéologies philosophiques des slavophiles étaient principalement élaborées par Khomiakov, Kireïevsky, et, plus tard, Samarine et représentaient une sorte de doctrine religieuse et philosophique. La vraie foi, arrivée en Russie par l'église orientale, sous-entendait, selon les slavophiles, une mission historique particulière du peuple russe. La notion de « l'unité » (communauté libre) qui caractérisait la vie de l'église orientale, a été remarquée par les slavophiles au sein de la communauté russe. L'orthodoxie et la tradition de la structure communautaire constituaient les bases fondamentales de l'âme russe.

En idéalisant le caractère patriarcal et les principes du traditionalisme, les slavophiles percevaient le peuple dans un esprit de romantisme conservateur. Les slavophiles appelaient l'intelligentsia à se rapprocher du peuple afin d'étudier sa vie et ses coutumes, sa culture et sa langue.

Les idées des slavophiles se sont en quelques sorte réfractées dans les conceptions religieuses et philosophiques de la fin du XIXe – début XXe siècle (Soloviev, Berdiaev, Boulgakov, Karsavine, Florensky et d'autres).

Les occidentalistes font partie du mouvement de la pensée sociale russe antiféodale des années 40 du XIXe siècle, en opposition aux slavophiles. Les salons littéraires de Moscou étaient la base initiale d'organisation des occidentalistes. Les différents idéologiques dans les salons de Moscou sont décrits par Guertsen dans Passé et Pensée.  Le cercle de Moscou des occidentalistes incluait Guertsen, Granovsky, Ogarev, Botkine, Ketcher, Korch, Kaveline et d'autres. Belinsky de Saint-Petrsbourg avait des liens étroits avec le cercle, Tourgueniev faisait également partie des occidentalistes.

L'idéologie générale de ces derniers consistait à rejeter le servage féodal dans l'économie, la politique et la culture; l'exigence des réformes socio-économiques selon le modèle européen. Les représentants des occidentalistes estimaient qu'il était possible d'établir un régime démocratique et bourgeois par des moyens pacifiques, de former une opinion publique et d’obliger la monarchie à faire des reformes bourgeoises grâce à l'éducation et à la propagande; ils appréciaient fortement les réformes de Pierre Ier.

Les occidentalistes étaient favorables à surmonter le retard socio-économique de la Russie grâce à l'expérience de l'Europe, en avance sur la Russie, au lieu du développement d’éléments culturels particuliers (comme l'avaient proposé les slavophiles). Ils soulignaient les points communs du sort culturel et historique de la Russie et de l'Occident, plutôt que sur leurs différences.

Au milieu des années 1840, le milieu des occidentalistes connu une scission. Après la dispute de Guertsen avec Grantovsky, les occidentalistes se sont divisés en libéraux (Annenkov, Grantovsky, Kaveline et autres) et en révolutionnaires démocrates (Guertsen, Ogarev, Belinsky). Les différents concernaient la religion (Grantovsky et Korch défendant le dogme de l'immortalité de l'âme, les démocrates et Botkine ayant pris une position athée et matérialiste) et les méthodes des réformes et du développement post-réformiste de la Russie (les démocrates soumettaient les idées de lutte révolutionnaire et l’édification du socialisme). Ces différents ont également affecté le domaine esthétique et philosophique.

L’idéologie philosophique des occidentalistes était sous l’influence de Schiller, Hegel et Schelling, puis par Feuerbach, Comte et Saint-Simon.

Au moment du développement capitaliste, l'occidentalisation a cessé d'exister en tant que mouvement particulier.

Les idées occidentalistes ont été développées dans la pensée libérale russe de la fin du XIXe – début XXe siècle

 

 

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