Revue de la presse russe du 5 octobre

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Union froide de la Russie et de la Biélorussie//Gazprom perd l’Europe//Cartes d'alimentation pour les pauvres//Nouveau concurrent de la Russie dans l'Arctique//Russie-OMC: une percée vers l'adhésion?

Vedomosti
Union froide de la Russie et de la Biélorussie

Moscou intensifiera ses contacts avec les hommes politiques biélorusses. Par ailleurs, les médias russes ainsi que l’opinion publique du pays présenteront leur vision de ce qui se passe en Biélorussie. C’est ainsi que le Kremlin réagira aux escapades du président biélorusse Alexandre Loukachenko, écrit mardi 5 octobre le quotidien Vedomosti.

Les relations entre la Russie et les hauts dirigeants biélorusses sont dans une impasse irréversible. C’est ainsi que Natalia Timakova, la porte-parole du président russe Dmitri Medvedev, a commenté hier devant les journalistes le contenu du blog vidéo du président. Dimanche dernier, Dmitri Medvedev a réagi aux déclarations d’Alexandre Loukachenko en affirmant que le président biélorusse menait sa campagne électorale sur une rhétorique antirusse sans tenir compte des livraisons du pétrole et du gaz russes s’élevant à près de 4 milliards de dollars par an et que, par ailleurs, Alexandre Loukachenko s’était montré malhonnête en refusant de reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Le président russe a conseillé à son homologue biélorusse d’investiguer les nombreux cas d’enlèvement des gens qui ne laissent pas la Russie indifférente.

Les représentants des autorités et des structures politiques russes se préparent à établir des contacts avec tous les mouvements politiques biélorusses, a averti Natalia Timakova. Les autorités russes ne commenteront pas l’attitude de Loukachenko envers l’opposition, c’est aux médias russes ainsi qu’aux mouvements politiques et sociaux du pays qu’il appartient de le faire. Quant aux contacts avec Loukachenko, ils seront poursuivis dans le cadre des unions et des organisations, notamment de l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective), de la CEEA (Communauté économique eurasiatique) et de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Toutefois, les processus d’intégrations seront ralentis, a déclaré Natalia Timakova.

Des contacts ouverts avec l’opposition biélorusses inaugureraient une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. Jusqu’à présent, les rencontres entre les fonctionnaires et les hommes politiques russes, d’une part, et l’opposition biélorusse, de l’autre, se sont toujours tenues à huis clos, fait remarquer Anatoli Lebedko, président du Parti civique unifié appartenant aux forces de l’opposition biélorusse. Selon lui, les consultations entre l’ambassade de Russie en Biélorussie et tous les mouvements politiques du pays constitueraient un autre moyen d’intensifier le dialogue. Ces rencontres représenteraient une ingérence dans les affaires intérieures de la Biélorussie et elles ne sont donc pas prévues, a déclaré un diplomate russe en poste à Minsk.

Il y a toujours eu des contacts entre la Russie et les hommes politiques biélorusses, déclare Alexeï Ostrovsky, député de la Douma (chambre basse du parlement russe) appartenant au Parti libéral-démocrate de Russie. Le dialogue avec les forces de l’opposition biélorusses serait l’apanage des partis libéraux russe qui partagent leur idéologie pro-occidentale. Le Parti Russie unie n’a pas de partenaires pour élargir des contacts, affirme le député Konstantin Zatouline du Parti Russie unie.

Dans son blog, Dmitri Medvedev a rappelé qu’il avait adressé une déclaration similaire à l’Ukraine et à son ancien président Viktor Iouchtchenko. La répétition du scénario ukrainien en Biélorussie (les relations entre la Russie et l’Ukraine ont connu une forte amélioration après la victoire de Viktor Ianoukovitch aux élections présidentielles) est toutefois peu probable en raison des particularités du paysage politique du pays, fait remarquer Konstantin Zatouline.
 
Nezavissimaïa Gazeta
Gazprom perd l’Europe

La crise et la récession économique dans les pays membres de l’Union Européenne ont conduit à une baisse de la consommation d’énergie, et les pays de l’EU insistent de plus en plus sur la révision des contrats de livraison du gaz russe en cherchant à revenir sur leurs accords conclus avec Gazprom pour des décennies à venir. Quant à Gazprom, il reste impassible à force d’avoir conclu des contrats du type ‘’Prend-ou-paye‘’ qui obligent le client de payer la totalité du gaz prévu par le contrat. Par ailleurs, la compagnie russe signe de nouveaux contrats. Toutefois, sa part du marché européen est en réduction en passant de 28,4% à 26%.

En dépit des problèmes manifestes, le champ d’action de Gazprom en Europe continue à s’accroître. Ainsi, le monopole russe et la Macédoine procèdent à un examen des modalités économiques et techniques de livraisons accrues du gaz russe à destination de ce pays, notamment par le biais de la construction d’une branche du gazoduc South Stream.

Toutefois, les problèmes de Gazprom sur le marché européen se multiplient. En 2010, le volume du gaz non acheté par les clients européens malgré les contrats signés restera à peu près au même niveau qu’en 2009, a déclaré la semaine dernière Alexandre Medvedev, vice-président du directoire de Gazprom. En 2009, ce volume s’est élevé à près de 5 milliards de m³ dans le cadre des contrats à long terme signés entre Gazprom et les pays de l’Union Européenne.

Néanmoins, ces éléments négatifs n’ont pas eu de répercussions sur les revenus de Gazprom. ‘’Bien que nous n’ayons vendu en Europe que 140 milliards de m³ de gaz, nous avons reçu des recettes virtuelles équivalentes aux exportations de 5 milliards de m³ de gaz supplémentaires en vertu de nos contrats à long terme contentant la clause obligatoire dite ‘’Prend-ou-paye‘’. De ce fait, nos recettes correspondent aux exportations de 145 milliards de m³ de gaz‘’, explique Alexandre Medvedev.

D’autre part, Nikolaï Issaïne, expert et analyste du département des recherches du complexe de combustibles et d'énergie à l’Institut des problèmes des monopoles naturels, estime qu’un certain recul de la part du marché européen de Gazprom pourrait n’être que temporaire. La part de marché de la société russe s’élevait à 26% au début de 2010 ce qui est inférieur aux 28,4% atteints en 2009. ‘’Compte tenu de la mise en service du gazoduc North Stream dont les capacités sont déjà rachetées par les clients allemands, danois, français et britanniques, les positions de Gazprom sur le marché européen seront renforcées et de ce fait ses exportations augmenteront dès 2012‘’, déclare l’expert.

Kommersant
Cartes d'alimentation pour les pauvres

Une première ville russe a officiellement introduit l'approvisionnement alimentaire gratuit sur son territoire. A partir d'octobre, les habitants peu aisés de Novorossiïsk pourront recevoir des tickets d'approvisionnement gratuit en pain et en lait, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Selon le service de presse de l'administration municipale, cette décision a été prise par le maire de Novorossiïsk, Vladimir Siniagovsky, en raison de la hausse des prix des produits alimentaires. Selon un arrêté de l'administration de Novorossiïsk, les familles nombreuses pauvres et les retraités solitaires dont les revenus sont au niveau ou au-dessous du minimum vital établi dans la région peuvent recevoir gratuitement 6 miches de pain et 6 litres de lait par mois.

Comme l'a fait savoir Irina Chapovalova, chef du département de protection sociale de l'administration, il est prévu d'allouer à ces fins avant la fin de l'année en puisant dans le budget municipal un million de roubles (23 980 euros), soit environ 250 000 roubles (5 993 euros) par mois, l'assistance sociale ‘’en nature‘’ embrassera 1 500 à 2 000 habitants pauvres. C'est déjà la deuxième tentative d'introduire des ‘’cartes d'alimentation‘’, poursuit Mme Chapovalova. ‘’A peu près autant de personnes se sont adressées aux organismes de protection sociale au début de 2010 lors de l'application d'un programme analogue, dans le cadre duquel on a délivré des tickets pour 15 miches de pain par mois‘’.

Le programme embrassera environ 0,8% de la population de Novorossiïsk, mais selon les chiffres officiels de Rosstat (Service fédéral des Statistiques de Russie), la population de la Russie dont les revenus sont au-dessous du minimum vital constitue, en moyenne, 14,7% (au premier trimestre de 2010). L’extension de ce programme à tous les pauvres coûterait 55 millions de roubles par an (1,3 million d'euros) au budget de Novorossiïsk et, à l'échelle de la Fédération de Russie, compte tenu du coût de ‘’l’assortiment‘’ garanti de produits de 125 roubles (2,9 euros) par mois, un tel approvisionnement de tous ceux qui ont des revenus insuffisants reviendrait à 32 milliards de roubles par an (766,8 millions d'euros).

Les parlementaires proposent depuis quelques années d'adopter ces programmes: dans la version de 2008, un tel programme pour 13 millions de personnes bénéficiant d'une aide de 12 000 roubles par an (287 euros) reviendrait aux budgets de tous les niveaux à 120 milliards de roubles (2,8 milliards d'euros). Novorossiïsk est la première grande ville où les ‘’cartes d'alimentation‘’ sont délivrées plus ou moins régulièrement. D'ailleurs, au-delà des villes, le coût des programmes de ce genre s'accroît considérablement compte tenu de la mise en place de l'infrastructure de la livraison de l'aide: aux Etats-Unis, par exemple, il a fallu créer pour ce programme un réseau spécial.

Vzgliad
Nouveau concurrent de la Russie dans l'Arctique

Selon le commandant en chef de la Marine russe, Vladimir Vyssotsky, il y a des signes de pénétration dans l'Arctique de pays qui ne font pas partie du Conseil arctique. Parmi ces intrus, il a notamment cité la Chine qui devient un ‘’compagnon sérieux‘’ et dont la position peut poser des problèmes. La Chine est intéressée par l'Arctique non seulement comme source d'hydrocarbures, mais aussi comme une route alternative vers l'Europe, écrit mardi le quotidien Vzgliad.

L'amiral Vladimir Vyssotsky, commandant en chef de la Marine russe, déclare que la Russie a l'intention de continuer à lutter pour l'Arctique qui devient ces derniers temps l'objet de l'attention de notre voisin du Sud: la Chine. Il s'avère, a ajouté l'amiral, que des pays qui ne font pas partie du Conseil arctique, mais qui positionnent très activement leurs intérêts, commencent à pénétrer dans l'Arctique. Parmi ces pays, on voit la Chine qui a conclu un accord avec la Norvège pour la mise en valeur de la zone arctique. Cela étant, estime le commandant en chef, ‘’la Russie doit adopter une position raisonnable tout en protégeant la totalité de ses propres intérêts‘’.

Le Conseil arctique, organisation internationale, a été institué en 1996 à l'initiative d'Helsinki. Le Conseil réunit huit pays arctiques: le Danemark, la Finlande, l'Islande, le Canada, la Norvège, la Russie, la Suède et les Etats-Unis. La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne et l'Espagne y ont un statut d'observateur. Trois autres pays ont, pour l'instant, un statut d'observateur temporaire: la Chine, l'Italie et la Corée du Sud.

Le fait que Pékin s'intéresse de plus en plus à l'Arctique est constaté, entre autres, par les experts de l'Institut international de recherches pour la paix de Stockholm (SIPRI). Au printemps 2010, ils ont publié un rapport contenant l'hypothèse que l'Arctique se transforme en zone d'intérêts géopolitiques de la Chine.

Le fait est que l'économie chinoise dépend beaucoup du commerce extérieur, ce qui oblige la Chine à rechercher des moyens de réduire les trajets du transport. Si les prévisions, selon lesquelles la navigation en été dans l'Arctique sera prochainement possible, se justifient, la Chine a l'intention de ne pas rater de nouvelles possibilités. Les Chinois dépensent actuellement de plus en plus d'argent pour les études polaires. Selon les experts du SIPRI, l'extraction de ressources minérales dans l'Arctique est également prometteuse pour Pékin.

Les experts estiment que le plateau continental de l’Arctique du nord recèle 75% de toutes les réserves d'hydrocarbures de la planète. Seul le gisement de Chtokman est évalué à 4 000 milliards de m³ de gaz. Les gisements Roussanovskoïe, Leningradskoïe et d'autres ont également été prospectés dans la région.

Cependant, Vladimir Vyssotsky affirme que les rapports précis entre adversaires et alliés ne sont pas encore établis dans l'Arctique. Selon lui, pour Moscou, les rapports les plus problématiques peuvent être avec les Etats qui ne sont pas membres traditionnels du Conseil arctique. Par conséquent, tous les intérêts de l’Etat russe doivent être regroupés pour être gérés par un organisme important.

Izvestia
Russie-OMC: une percée vers l'adhésion?

La Russie a achevé les consultations bilatérales avec les Etats-Unis concernant l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce, écrit mardi le quotidien Izvestia.

Il s'agit en fait d'une véritable percée, et le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine estime que le pays pourrait rejoindre ce club mondial dès 2011. Tous les experts ne sont pourtant pas de même avis.

Les négociations sur l'adhésion de la Russie à l'OMC traînent en longueur depuis 1993. L'intégration d'aucun des membres actuels de l'organisation n'a jamais pris autant de temps. Les participants ont annoncé une dizaine de dates d'une adhésion éventuelle. Mais les négociations se trouvaient régulièrement dans une impasse en raison des prétentions d'un Etat membre. Tout s'expliquait, selon les experts, par les intérêts des Etats-Unis, dont la volonté déclarée de soutenir la Russie dans son progrès vers l'OMC ne constituait en réalité que des paroles vaines.

En juin 2009, quand il était déjà clair que les négociations pourraient bien se perpétuer en lésant des intérêts commerciaux de Moscou, la Russie a lancé la formation de l'Union douanière avec la Biélorussie et le Kazakhstan. Le Kremlin a annoncé alors que les trois pays adhèreraient à l'OMC tous ensembles en tant qu'union. Mais il s'est bientôt avéré qu'une telle démarche exigerait de recommencer toutes les négociations dès le début. Cet été, la Russie a donc déclaré que les membres de l'Union pourraient rejoindre l'OMC un par un, et le président Medvedev a chargé le gouvernement d'obtenir des progrès d'ici fin septembre.

Ainsi, la Russie a entamé à Genève (siège de l'OMC) des consultations intensives multilatérales, qui se sont de fait concentrées sur les Etats-Unis. Vendredi, les présidents russe et américain ont même constaté leur succès au cours d'un entretien téléphonique. Il faut souligner ici deux évènements portant un caractère décisif. Premièrement, le ministère russe de l'Agriculture a garanti que le pays baisserait graduellement le niveau maximal du soutien public aux fermiers à 4,4 milliards de dollars par an d'ici 2017. Deuxièmement, la Douma (chambre basse du parlement russe) a adopté des amendements visant à lutter contre le piratage intellectuel.

Le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine estime que les concertations prendront de 2 à 4 mois, et qu’elles seront suivies par le processus même de l'adhésion qui devrait s'achever dans un an au plus tard. Les experts ne sont pourtant pas aussi optimistes. Alexeï Portanski de l'Institut de la politique commerciale du Haut Collège d'Economie de Moscou affirme qu'il ne faut pas se presser d'annoncer des délais: les propositions en matière de soutien d'Etat à l'agriculture venant seulement d’être annoncées, ‘’nous ne saurons pas si nos partenaires sont satisfaits avant le mois d'octobre‘’. Il existe également le problème d'importation de la viande: le dernier accord a déjà expiré, et les producteurs russes insistent sur la réduction des quotas des importations ce qui devrait déplaire aux Etats-Unis, au Brésil et à l'Argentine.

Il existe également d'autres difficultés considérables: le statut des entreprises publiques (Washington estime qu'elles ‘’pèsent‘’ sur le secteur privé) et la question géorgienne. Si la Géorgie a d'abord freiné le processus en se plaignant de sanctions commerciales de la Russie, aujourd'hui elle affirme qu'une partie de son territoire est occupée et que le commerce y est complètement paralysé.


Ces textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

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