Maïa Plissetskaïa ou le ballet révolutionné

© RIA Novosti . Vladimir Vyatkin / Accéder à la base multimédiaMaïa Plissetskaïa
Maïa Plissetskaïa - Sputnik Afrique
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Maïa Plissetskaïa, qui fêtera ses 85 ans le 20 novembre, est l’incarnation du Grand ballet. Toutefois, plus large que le ballet dans sa perception traditionnelle étroite.

Maïa Plissetskaïa, qui fêtera ses 85 ans le 20 novembre, est l’incarnation du Grand ballet. Toutefois, plus large que le ballet dans sa perception traditionnelle étroite. Elle a enrichi la chorégraphie classique par les mouvements plastiques du théâtre japonais remplis de métaphores, ainsi que par le flamenco et par la danse traditionnelle pour le jazz.

Maïa Plissetskaïa, ancienne danseuse étoile du Bolchoï pendant de longues années, est devenue au XXe siècle un symbole de l’art audacieux toujours à la recherche d'innovations, qui surmonte tous les obstacles : de la culture excessivement traditionnelle à la stagnation des dogmes politique du gouvernement qui voyait un danger même dans les nouveaux mouvements plastiques.

Maïa Plissetskaïa a assoupli et affuté les mouvements du ballet, introduit dans la chorégraphie des nouveaux éléments et a conféré une importance particulière aux rôles caractéristiques et émotionnellement variés. Son talent a réuni l’internationale du ballet : de nombreux chorégraphes du monde entier voulaient mettre en scène des spectacles de Plissetskaïa, et certains grands maîtres ont eu la chance de le faire.

Aujourd’hui, le ballet russe copie et emprunte trop souvent les modèles occidentaux. A l’époque de Maïa Plissetskaïa, il montrait la confiance en soi, ne doutait pas de son potentiel inventif et des capacités pratiquement illimitées de l’art de la danse. Plissetskaïa, était une révolutionnaire éternelle de l’art, elle éprouvait toujours le besoin d’être pionnière, et ses efforts n’étaient pas vains.

‘’ Je passe ma vie à résister ‘’

Ces paroles de Maïa Plissetskaïa reflètent son caractère. Son slogan : ‘’ ne baissez jamais les bras! ‘’ Elle a construit sa vie malgré les malheurs qui l'ont frappée (en 1938, son père Mikhaïl Plissetsky, consul général de Russie à Svalbard, Norvège, a été exécuté sur ordre de Staline). En dépit du règlement officiel interdisant de travailler avec les chorégraphes occidentaux. Et malgré les nombreux traumatismes occasionnés par la danse.

La vie de Maïa Plissetskaïa, aussi bien dans l'art qu'en dehors de ce dernier, est une victoire de la volonté, c'est le triomphe de la conviction dans la justesse de sa cause artistique. Elle est un expérimentateur, un ‘’ duelliste ‘’ artistique, qui accepte les défis lancés à son talent et les relève avec enthousiasme.

L’art de Maïa Plissetskaïa ne se faisait pas seulement connaître, mais vivait de l’autre côté du rideau de fer. De célèbres chorégraphes étrangers tels que les Français Maurice Béjart et Roland Petit (ce dernier avec l’accord personnel de Brejnev) ont réalisé des mises en scène pour elle. A partir du début des années 80, Maïa Plissetskaïa dirigeait le Ballet de l’Opéra de Rome et le Ballet National d’Espagne à Madrid. Les ballerines sur le panneau créé par Marc Chagall et exposé au Metropolitan Opéra ont été en partie ‘’ copiées ‘’ sur elle. Belle et majestueuse comme une reine, Plissetskaïa était toujours un modèle parfait pour les peintres. Les célèbres photos du grand photographe Richard Avedon en sont une preuve admirable.

Le couple Kennedy était un admirateur de Maïa Plissetskaïa (la ballerine a effectué trois tournées aux Etats-Unis dans les années 1960). En 1986, François Mitterrand, le président français de l’époque, a décerné à la ballerine la Légion d’Honneur. Les costumes pour ses spectacles étaient créés par le légendaire Pierre Cardin. Le comité de la sécurité d’Etat (KGB) suivait de près Plissetskaïa, devenue citoyenne du monde grâce à son art. A plusieurs reprises on lui a refusé le droit de quitter le territoire. Mais sons talent et sa célébrité passaient par-delà les frontières.

Maïa Plissetskaïa a détruit les stéréotypes sur les limites de l’âge dans le ballet, en dansant dans un spectacle à 75 ans! A l’époque, il y a dix ans, elle a joué le rôle de la Fée céleste dans le spectacle de Maurice Béjart à Tokyo, qui plus est, en exécutant des mouvements plastiques dans le style du théâtre Nô. Une expérience stylistique dans toute sa splendeur! Et c’est à son goût. Ce n’est pas par hasard si Maurice Béjart la qualifiait de ‘’ génie des métamorphoses ‘’!

En janvier 1990, Maïa Plissetskaïa a quitté le Bolchoï. Mais en 1994 est apparu un nouveau groupe remarquable, le Ballet Impérial de Russie dirigé par Gediminas Taranda. Plissetskaïa était à l’origine de sa création, devenant sa présidente et visitant avec ce collectif les pays qu’elle n’avait jamais visités. En 1994, le concours annuel international de ballet ‘’ Maïa ‘’ a été créé.

Maïa Plissetskaïa est depuis longtemps le ‘’ label ‘’ du ballet russe à l’étranger, même plus : l’un des symboles de la Russie. En partie, c’est grâce à elle que le XXe siècle est passé sous le signe du ballet soviétique. Aujourd’hui, lorsque certains chorégraphes du pays capitulent devant leurs collègues occidentaux, il conviendrait de rappeler l’histoire toute récente du Grand ballet, avec un immense chapitre intitulé ‘’ la Grande Maïa. ‘’



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