Les titres du 15 juillet 2011

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La révolution biélorusse des "réseaux sociaux" étouffée//Egypte: des purges pour amadouer l'opposition//Violations et impasses juridiques dans le conflit libyen

Moskovskie Novosti

La révolution biélorusse des "réseaux sociaux" étouffée

L’activité des "révolutionnaires des réseaux sociaux" biélorusses faiblit, écrit vendredi 15 juillet le quotidien Moskovskie Novosti. Si en juin dernier 23.000 personnes manifestaient à Minsk, mercredi dernier les participants à l’action de protestation silencieuse n’étaient plus de 500-600. Même le nombre des personnes appréhendées est passé de 400-500 habituellement à 100 personnes.

Beaucoup de manifestants ont dû cesser de participer aux actions de protestation pas seulement en prenant conscience de leur inutilité, mais également en raison de la crainte de perdre leur travail, voire leur liberté. L’entrepreneur Oleg de Grodno (ville du nord-ouest de la Biélorussie) a participé à la manifestation une seule fois et, selon lui, a échappé de justesse à l’arrestation: les gens l’ont aidé. Aujourd’hui, il ne frappe plus dans ses mains: ce père de famille de 34 ans a une fille de 8 ans, et pour la nourrir il faut rester en liberté.

Depuis le début des manifestations à Minsk, près de 2.000 personnes ont fait l’objet d’arrestations administratives. La plupart ont dû payer une amende, mais parfois les choses prenaient une tournure plus grave. Le militant des droits de l’homme Valeri Chtchoukine âgé de 72 ans, avant d’être relâché après 5 jours d’arrêt, a été tiré de sa cellule pour être "fusillé." Alors que les proches attendaient la sortie de prison du retraité, il a été transporté dans un champ et placé devant un peloton d'exécution formé de policiers armés de fusils. "Je ne suis pas peureux, mais on pouvait s’imaginer n’importe quoi", se souvient M. Chtchoukine.

L’ancien candidat à la présidence du pays pour le Front national biélorusse Rygor Kostoussev a déclaré que dès le début il ne croyait pas à la réussite du mouvement Révolution via les réseaux sociaux: ce mouvement était trop atypique et désorganisé. Le coordinateur de ce mouvement Viatcheslav Dianov a essayé de paraître optimiste: "Notre but est de faire partir Loukachenko pour toujours. Tôt ou tard cela arrivera."

La majorité absolue de la population biélorusse, dont la vie financière a été très détériorée par la crise monétaire ne participaient pas aux actions silencieuses et n’a pas l’intention de le faire prochainement. Car il n’y a pas de famine en Biélorussie, on peut encore s’habiller, et la majorité des Biélorusses ne voyagent jamais en Europe de toute manière.

Les autorités ont également cessé de craindre le peuple. Hier, le ministère de l’Economie a annoncé l’annulation de la décision du "gel" des prix sur les produits alimentaires de base. Cela signifie qu’il faut s’attendre à une nouvelle augmentation des prix des les aliments.

En Biélorussie, on s’attend à une augmentation importante des prix de l’alcool, de l’essence, de la viande et du lait dès août-septembre. On assiste une nouvelle fois à l’agitation dans les magasins. "Les gens ont reçu leur salaire, ils ont entendu les rumeurs concernant une nouvelle augmentation des prix, tout le monde panique à nouveau et se précipite dans les magasins", explique un caissier du supermarché Korona à Minsk.

Kommersant

Egypte: des purges pour amadouer l'opposition

Aujourd’hui, en Egypte se tiendra l'importante manifestation baptisée le "Vendredi du dernier ultimatum", visant à obliger la junte dirigeante à accélérer la mise en œuvre des réformes, écrit vendredi 15 juillet le quotidien Kommersant. Les membres du Conseil militaire suprême, qui, ne souhaitant pas connaître le même sort que leurs prédécesseurs, sont également conscient de la nécessité de le faire: ils font le grand ménage dans la police, organisent des procès des fonctionnaires du régime de Hosni Moubarak ouverts au public et passent leur temps sur internet en essayant de comprendre la volonté du peuple.

"Tout ce que les forces révolutionnaires veulent du Conseil militaire suprême, pour lequel nous avons toujours beaucoup d’estime, est d’accélérer les procès des anciens fonctionnaires du régime et de ceux qui sont impliqués dans les meurtres des manifestants", a expliqué le membre de la Coalition de la jeunesse révolutionnaire Amr Ezz en commentant les exigences des manifestants. Cependant, certains opposants ont des dispositions bien plus radicales. "Le Conseil militaire a déjà prouvé qu’il collaborait avec Moubarak. Pour cette raison, nous exigeons la mise en place d’un conseil civil élu parmi les révolutionnaire de la place Tahrir", a déclaré Ahmed Mahmoud, l’un des révolutionnaires.

La junte militaire d’Egypte est consciente que les mouvements d’opposition qui se sont formés pendant la révolution en février n’ont rien perdu de leur force. Pour cette raison, les nouvelles autorités essayent autant que possible de ne pas ignorer les exigences des manifestants. Mardi, le tribunal égyptien a condamné trois ministres du gouvernement de Hosni Moubarak. L’ex-premier ministre Ahmed Nazif a été condamné à un an de prison aves sursis pour transactions frauduleuses sur les marchés extérieurs. L’ancien ministre de l’Intérieur Habibi al-Adli a été condamné à cinq ans d’emprisonnement pour gaspillage des fonds budgétaires. Et l’ancien ministre des Finances Youssef Boutros Ghali a été condamné par contumace à dix ans de prison pour le même chef d’inculpation. Le procès de l’ex-président égyptien débutera le 3 août.

Afin de réfuter tous les soupçons de liens avec l’ancien régime, les nouvelles autorités égyptiennes rendent les procès des fonctionnaires proches du président déchu aussi publics que possible. Des écrans immenses devraient être prochainement installés dans les grandes villes afin de retransmettre les procès.

Progressivement, sous la pression des manifestants, les autorités se débarrassent des représentants odieux du régime de Moubarak. Une purge est également réalisée  au sein de la police. Le 1er août, 505 généraux et 164 officiers supérieurs, accusés de complicité aux dispersions violentes des manifestations contre le régime de Moubarak, seront dégradés. De plus, 37 officiers limogés pourraient être traduits en justice pour avoir tué des manifestants.

Le Conseil militaire suprême a fait une autre concession en prenant cette semaine la décision de reporter la date des élections parlementaires, initialement prévues pour septembre, à octobre ou novembre. Comme l’a déclaré Chadi Taha, chef du parti libéral El-Ghad, le report des élections donnera une chance aux jeunes partis qui viennent de se former de créer une base stable pour leur activité. Cela pourrait permettre ensuite de priver le mouvement islamiste radial des Frères musulmans d’une partie des voix.

Nezavissimaïa gazeta

Violations et impasses juridiques dans le conflit libyen

Récemment, la Turquie a reconnu le Conseil national de transition (CNT) libyen en tant que représentant légitime du peuple libyen, écrit vendredi 15 juillet le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Auparavant, le CNT avait été reconnu par la France, l’Italie et certains autres Etats.

Ce genre d’actions diplomatiques non seulement confèrent au CNT une aura de légitimité, mais pourraient également être interprétées comme le feu vert à la transmission aux rebelles des actifs de Mouammar Kadhafi et des membres de sa famille gelés par le Conseil de sécurité des Nations Unies. La résolution 1970 du 26 février dernier du Conseil de sécurité stipule que cet argent doit être "mis à la disposition du peuple libyen et utilisé pour son bien." Qu’est-ce qui est bien pour le peuple libyen aux yeux de la coalition qui soutient les rebelles? Evidemment, le renversement en Libye du régime actuel. La résolution du Conseil de sécurité n’est pas un traité international, mais si elle a été adoptée en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU, elle est juridiquement contraignante.

S’il est possible de débloquer l’argent et de le mettre à la disposition du peuple libyen pour son bien, pourquoi ne pas accélérer sa libération soit grâce à l’argent, soit en cédant aux représentants reconnus du peuple des armes, des munitions et d’autres équipements militaires? Or, la résolution du Conseil de sécurité a interdit le soutien, la vente ou la fourniture directs ou indirects à la Libye (au pays en général, et non pas au peuple ou au gouvernement) de tout moyen militaire, y compris des instructeurs et des conseillers, à l’exception des matériels de défense non meurtriers. Le contraire ne serait possible qu’avec l’autorisation de la Commission pour les sanctions contre la Libye. On ignore si la France a fait une telle demande et obtenu l'aval ad hoc. Si ce n’est pas le cas, il s’agit d’une violation directe d’une résolution obligatoire par un membre permanent du Conseil de sécurité qui a voté pour elle. Ou la France et d’autres Etats de la coalition estiment que la résolution 1973 du 17 mars, qu’ils interprètent comme l'autorisation d’utiliser la force, a annulé l’embargo sur les armes? Cette résolution comporte une clause ambiguë qui permet de "prendre toutes les mesures nécessaires" pour protéger la population civile, "malgré l’article 9 de la résolution 1970", qui met en place l’embargo. S’avère-t-il donc qu’il est possible d’armer la population pour la protéger, en aggravant ainsi le conflit?

La violence utilisée par le régime contre les rebelles a été incontestablement exagérée. Cependant, conformément au droit international, plus précisément en vertu du Second protocole additionnel de la Convention de Genève pour la protection des victimes de la guerre, dans une telle situation le gouvernement est en droit d’utiliser contre les insurgés tous les moyens légaux pour préserver la sécurité et l’intégrité territoriale. Il s’avère qu’aucune des parties n’est innocente, les évaluations manichéennes des événements ne conviennent pas.

L’intervention rapide des forces extérieures du côté des groupes antigouvernementaux a conduit à l’aggravation du conflit armé. D’un point de vue des Conventions de Genève, le conflit armée libyen évolue parallèlement en tant que national et international. Cependant, le fait que le droit international est en mesure de qualifier ainsi la confrontation armée, ne signifie par que les actions des forces, qui l’ont transformée en conflit armé international, étaient légitimes.

Ces textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

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