Une crise de la zone euro affectera peu la Russie

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Si on assistait à une nouvelle vague de la crise financière mondiale, dont la crainte est engendrée par les dettes souveraines des pays européens, elle affecterait bien moins la Russie qu’en 2009, estiment les experts russes.

Si on assistait à une nouvelle vague de la crise financière mondiale, dont la crainte est engendrée par les dettes souveraines des pays européens, elle affecterait bien moins la Russie qu’en 2009, estiment les experts russes.

Avant les perturbations financières de 2009 les banques russes empruntaient activement sur les marchés occidentaux, tandis que le taux de change du rouble ne cessait de se renforcer par rapport aux principales monnaies mondiales, assorti de l’augmentation des prix de pétrole, la principale marchandise exportée. Mais la crise qui a commencé par l’effondrement du géant d’investissement américain Lehman Brothers a suscité la méfiance entre les banques et a privé les banques russes de liquidités. Ces dernières ont été également forcées de rembourser les dettes extérieures dans le contexte de la diminution de la monnaie locale.

En 2011, la menace planant sur l’économie mondiale n’a aucunement diminué. L’agence internationale de notation Standard & Poor’s (S&P) a revu à la baisse la note de crédit maximale des Etats-Unis, chose que personne n’aurait pu s’imaginer. Les Etats-Unis connaissent un immense déficit du budget et de la balance courante, tandis que les républicains s’opposent aux initiatives de l’administration visant à relancer l’économie, telles que le relèvement du plafond de la dette publique.

Il existe également un risque d'aggravation des problèmes dans la zone euro, où la Grèce pourrait annoncer d’ici peu un défaut de paiement. Une partie de la communauté occidentale des experts appellent déjà à la désintégration totale de la zone euro et au retour à la situation antérieure à 2000 – soit l’introduction de l’euro, soit l'exclusion de la zone euro des
"Etats faibles".

Selon Alexandre Ovtchinnikov, analyste de la banque d’investissement Troïka Dialog, le
non-respect par les pays membres de la zone euro du traité de Maastricht, document qui détermine les plafonds de l’inflation, de la dette publique et d’autres indices macroéconomiques pour les pays membres de l’Union européenne, pourrait conduire à une diminution conséquente du PIB dans beaucoup de pays européens.

"A nos yeux, le scénario le plus probable est celui où les pays cessent de respecter le traité de Maastricht et quittent la zone euro de leur propre gré", a déclaré Alexandre Ovtchinnikov.

Cependant, selon lui, l’événement le plus probable serait le défaut de paiement de la Grèce.
"Ce serait un préjudice très grave pour le système bancaire d’Europe", a déclaré Alexandre Ovtchinnikov.

A son tour, Alexandra Evtifieva de la banque VNB Capital affirme que les banques russes ont bien appris la leçon de 2009, lorsque les passifs en monnaies étrangères étaient supérieurs aux actifs. "Aujourd’hui, les banques possèdent plus de devises étrangères que de roubles", a déclaré Alexandra Evtifieva.

Anna Bodrova de la société d’analyse Investcafe fait également remarquer que les finances publiques ne devraient pas être particulièrement touchées par la crise de la zone euro, car les investissements dans les actifs libellés en euros ne sont plus aussi importants : la Russie investit principalement dans les bons du Trésor américains.

"La foi en la zone euro n’a pas augmenté depuis 2008, et la foi en les USA n’a pas diminué", déclare Anna Bodrova.

Par ailleurs, la Banque centrale de Russie continue à acheter de l’or afin de se prévenir contre les risques européens.

Les investissements de la Fédération de Russie dans les bons du Trésor américains, selon les informations du ministère des Finances, ont atteint en juin 110 milliards de dollars. La totalité des bons s’élève à 5.500 milliards de dollars. Les investissements russes ont légèrement diminué par rapport aux 128 milliards de dollars l’année précédente.

Comme le fait remarquer Alexandra Evtifieva, le budget de la Russie ne sera pas affecté car le prix de pétrole, sa principale source de revenus, demeure élevé grâce aux troubles dans le monde arabe riche en "or noir".

"Nous sommes optimistes quant aux marchés des marchandises. Même si la croissance du PIB mondial ralentissait en passant de 4 à 2%, cela ne se reflèterait pas sur le marché du pétrole, car l’offre a considérablement diminué en raison des troubles en Libye", a souligné Alexandra Evtifieva.

Depuis le début des émeutes en Libye, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le marché a perdu 1,3 million de barils par jour. La demande d'un autre produit traditionnellement exporté, le métal, est soutenue par la Chine qui achète 90% du minerai de fer et 40% du minerai de cuivre produits dans le monde.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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