La dette américaine soulève un vent de panique sur le monde

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L’incapacité du "super-comité" du Congrès américain à se mettre d’accord sur une politique de réduction des dépenses budgétaires a provoqué la panique sur les marchés mondiaux.

L’incapacité du "super-comité" du Congrès américain à se mettre d’accord sur une politique de réduction des dépenses budgétaires a provoqué la panique sur les marchés mondiaux. Ce n’est pas dû au hasard: on se souvient encore de la fin de l’été lorsque la crise de la dette a failli conduire au défaut de paiement technique des Etats-Unis et a contraint l’agence de notation Standard & Poor’s de rétrograder la note de crédit de la première puissance mondiale.

Impossible de trouver un terrain d’entente
Dans la soirée du 21 novembre, les représentants de ce qu’on appelle le super-comité, commission parlementaire chargée de trouver un plan de réduction du déficit budgétaire des Etats-Unis, ont déclaré qu’ils n’avaient pas réussi à trouver de compromis. "Nous n’avons pas encore réussi à nous mettre d’accord", est-il dit dans la lettre conjointe des coprésidents du comité, le républicain Jeb Hensarling et la sénatrice démocrate Patty Murray.

Pour réduire leur dette publique (en novembre 2011 elle a dépassé la barre des 15.000 milliards de dollars) les Etats-Unis devront réduire à partir de 2013 le déficit budgétaire de 1.200 milliards de dollars en diminuant les dépenses publiques. Le "super-comité" devait décider quelles sphères seraient concernées par les restrictions et, avant tout, comment répartir la diminution du financement entre les domaines militaires et non militaires. Les démocrates ont promis à plusieurs reprises de ne pas réduire les programmes sociaux, de maintenir les avantages fiscaux pour la classe moyenne et d’augmenter les impôts sur la fortune.

Le "super-comité" devait présenter son plan avant le 23 novembre 2011, et le Congrès devait voter son projet de loi avant le 23 décembre. L’impossibilité de trouver un terrain d’entente a été interprétée par les marchés comme l’actualisation des problèmes de la dette des Etats-Unis reportés depuis la fin de l’été: en août 2011, les Etats-Unis ont été à deux doigts du défaut de paiement technique, car le parlement ne voulait pas adopter le plan de relèvement du plafond de la dette publique du pays. Evidemment, le défaut de paiement ne s’est pas produit, mais la "fièvre de la dette" a coûté à la première puissance économique mondiale la plus haute note de crédit dans la notation de Standard & Poor’s.

Dans la matinée du 22 novembre les marchés boursiers et des matières premières ont affiché une dynamique négative, et l’agence de notation Fitch Ratings a menacé de revoir à la baisse la note de crédit des Etats-Unis avant la fin du mois.

La machette remplace le scalpel
Cependant, les experts russes et étrangers soulignent que l’absence de compromis ne signifie pas que les dépenses budgétaires ne seront pas restreintes, car la question qui se posait n’était pas de savoir s’il fallait ou non réduire les dépenses (c’est déjà décidé), mais de déterminer de quelle façon procéder. Comme l’a souligné dans sa déclaration le président américain Barack Obama, il s'agissait de savoir s’il était possible de réduire le déficit de façon à aider la croissance économique.

"Le but du plan de compromis consistait à réduire les dépenses de manière intelligente et sélective, et non pas réduire par défaut et automatiquement une partie des dépenses", a expliqué à RIA Novosti Evgueni Nadorchine, économiste en chef de la société Sistema. Autrement dit, pour reprendre l’expression de Barack Obama, il fallait opérer "au scalpel, plutôt qu’à la machette."

L’incapacité du "super-comité" à s’entendre signifie que le choix se portera sur la machette, en d’autres termes les dépenses seront automatiquement équitablement réduites dans le pays entre les budgets militaire et civil. Bien qu’il reste encore la possibilité de trouver un compromis. "Ils peuvent encore se mettre d’accord sur un plan équilibré. Je crois que les démocrates y sont prêts, et je suppose que certains républicains souhaitent éviter les réductions automatiques", a déclaré Barack Obama.

Quoi qu’il en soit, cet incident est peu susceptible de constituer un facteur de risque pour l’économie mondiale. Les experts soulignent que les problèmes de la dette publique des Etats-Unis comportent bien moins de dangers que les problèmes similaires des pays de la zone euro.

Avant tout car la Réserve fédérale américaine est capable de réagir rapidement et efficacement aux changements de situation, autrement dit de jouer avec le cours de change et de lancer la planche à billets quand il le faut.

"C’est un mécanisme banal de stabilisation, explique Vladimir Braguine, directeur d’analyse des marchés financiers et de la macroéconomie de la société Alfa-Capital. L’affaiblissement du dollar permet d’obtenir un avantage sur les marchés extérieurs et la croissance de l’économie est ainsi stimulée. De plus, la dévaluation de la monnaie nationale en conservant la croissance réelle du PIB permet d’alléger la charge de la dette."

Les Etats européens sont privés de cet instrument en raison de leur mécanisme collectif complexe de prise de décision.

Les dangers de la porte dérobée
Alors pourquoi toute cette panique autour du "super-comité" et de ce plan dont on parle tant? Les experts estiment que l’état de pré-crise de l’économie mondiale contribue à l’exacerbation de la nervosité générale: ces derniers mois les spéculateurs boursiers réagissent mal aux démarches des hommes politiques américains et européens.

Dans le cas présent, l’inquiétude a été suscitée par les différends entre les deux principales forces politiques américaines. "C’est indéniablement une nouvelle négative, explique Evgueni Nadorchine. A la veille des élections les deux principales forces politiques ne peuvent pas se mettre d’accord, cela est susceptible de provoquer des conflits et des problèmes." Notamment sachant que l’économie américaine souffre d’un grand nombre de problèmes. Parmi ces derniers, l’absence de croissance significative et la consommation excessive qui a, en fait, conduit à la crise de la dette en 2008.

Actuellement, selon Vladimir Braguine, ce n’est pas la dette publique mais les dettes de nombreuses entreprises, des municipalités et des Etats qui pourraient devenir un facteur de déstabilisation aux Etats-Unis. "Un grand nombre de défaut de paiement sur les obligations des entreprises et des municipalités seraient une frappe directe sur les banques et les fonds de retraire, déclare Vladimir Braguine. Et la détérioration de la qualité des actifs du secteur financier pourrait affecter toute l’économie."

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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