Mégalopoles et qualité de la vie: Moscou occupe la 163e place

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Moscou se place en 163e position du classement des meilleures villes du monde pour la qualité de la vie, publié par le cabinet Mercer.

Moscou se place en 163e position du classement des meilleures villes du monde pour la qualité de la vie, publié par le cabinet Mercer. La note de Moscou est légèrement sous-estimée en raison des particularités de l’établissement du classement, et la situation réelle dans la capitale russe n’est pas aussi catastrophique, selon les experts, mais la ville doit toutefois changer en mieux.

Dans la liste des mégapoles mondiales Moscou se trouve derrière Kiev (Ukraine, 161e place) et Kampala (Ouganda, 162e place) mais devant Caracas (Venezuela, 164e place). Le personnel du cabinet Mercer a une nouvelle fois analysé la situation dans 221 grandes villes à travers le monde du point de vue de la stabilité politique, sociale et économique, de la sécurité, des transports en commun, de la pollution et de nombreux autres paramètres.

La capitale autrichienne, Vienne, est en tête du classement. Les premières places reviennent également à Zurich (Suisse), Auckland (Nouvelle-Zélande), Munich et Düsseldorf (Allemagne), Vancouver (Canada). Les experts placent Bagdad à la dernière position.

Des critères spécifiques

Les experts interrogés par RIA Novosti estiment que la capitale russe doit en réalité se trouver bien plus haut dans le classement. Selon eux, la différence entre le classement et la réalité est principalement due au système spécifique des critères d’évaluation du cabinet Mercer.

"Cela ne veut pas forcément dire que la qualité de la vie à Moscou est réellement aussi déplorable, mais seulement que les autorités municipales ne disposent pas de tel ou tel programme, ce qui vaut à la ville un signe "-" dans la case correspondante. Et s’il existait un programme (peu importe sa qualité) au moins sur papier, ce serait un "+", a déclaré à RIA Novosti Alexandre Ginzbourg, membre du Conseil public de Moscou et directeur adjoint de l’Institut de physique atmosphérique de l’Académie des sciences de Russie.

Selon lui, les autorités de Moscou, contrairement à beaucoup d’autres villes dans le monde, ne cherchent pas particulièrement à s’adapter au système des indicateurs de telle ou telle société de notation. Cela conduit forcément à une position basse dans le classement.

Cependant, les experts reconnaissent que la vie des Moscovites est difficile. "Le prix des logements à Moscou est un problème insurmontable pour les représentants de la classe moyenne, et les services publics sont très coûteux. Evidemment, cela irrite les gens et ajoute à la perception négative de leur ville", a déclaré à RIA Novosti Olga Bessolova, présidente de la commission du Conseil public de Moscou pour l’amélioration de la qualité de la vie des Moscovites.

Néanmoins, selon les sociologues, les Moscovites ne voient pas leurs conditions de vie de manière aussi pessimiste. Selon les résultats de l’étude du fonds Opinion publique publiée en septembre, la vie dans la capitale satisfait les Moscovites, notamment les jeunes.

Parmi les personnes arrivées à Moscou au cours des dix dernières années, beaucoup (84%) sont satisfaits des conditions de vie dans la capitale. Les Moscovites d’origine sont plus critiques: 61% des habitants qui vivent à Moscou depuis leur naissance considèrent leurs conditions de vie comme favorables contre 37% qui ne sont pas satisfaits.

Le problème le plus grave
Les experts qualifient à l’unanimité la situation des transports urbains de problème numéro un qui saute aux yeux. "Le métro bondé et les embouteillages sont les problèmes les plus graves auxquels sont confrontés les habitants de Moscou chaque jour", a fait remarquer Olga Bessolova.

En dépit de l’énergie avec laquelle le nouveau maire de Moscou, Sergueï Sobianine, s'est est attaqué aux problèmes des transports il y a un an, ce système, selon Mikhaïl Blinkine de l’Institut de recherche pour les transports, rappelle "un grave malade chronique qui n’a pas été correctement soigné pendant une longue période."

Selon les experts, le réseau routier est mal développé. Pendant de nombreuses années ce problème a été délaissé et on ignore quand il sera réglé. En planifiant la construction des routes il faut faire en sorte qu’elles permettent aux conducteurs d'automobiles d’arriver à destination en empruntant divers itinéraires, estime Alexandre Ginzbourg.

"Lorsque j’arrive à New York et me rends en taxi de l’aéroport au centre-ville, le taxi emprunte à chaque fois un itinéraire différent, explique Alexandre Ginzbourg. Il est évident que là où il n’existe qu’un seul itinéraire, il sera toujours embouteillé."

Un travail immense et complexe est nécessaire pour créer un réseau de routes parallèles, mais le progrès dans cette direction a déjà commencé, selon les experts.

La pollution dans la ville est sous contrôle
Il y a encore peu de temps, les voitures et les centrales thermique étaient les principales sources de pollution à Moscou, a déclaré à RIA Novosti Anna Kourbatova, directrice adjointe de l’Institut d’écologie de Moscou. Mais dernièrement la situation a changé.

"Ces derniers temps, les sites de Mosenergo (compagnie municipale de production d’électricité) ont été doté des meilleures technologies pour réduire les émissions de gaz toxiques, et ils ne sont plus la principale cause de pollution, a-t-elle déclaré. Mais l’hiver à Moscou est plus rigoureux que dans d’autres mégapoles, et les centrales thermiques ne pourront pas réduire davantage leurs émissions de gaz."

Selon l’expert, aujourd’hui l’environnement de la ville souffre avant tout du problème irrésolu de la réduction des émissions de gaz toxiques des véhicules. "Actuellement, les autorités luttent contre ce problème par tous les moyens disponibles, mais il ne faut pas compter sur un résultat notable rapidement", estime-t-elle.

En termes d’espaces verts, Moscou pourrait faire partie des cent premières mégapoles du monde, bien que l’efficacité de ces espaces verts soit insuffisante, car les arbres bordant les routes n’améliorent pas considérablement la qualité de la vie dans la ville, a fait remarquer Anna Kourbatova.

"Dernièrement, aucun nouveau grand parc n’a fait son apparition. Dans le même temps, on a assisté à des travaux de construction importants, des terrains occupés par des espaces verts ont été déboisés pour y construire des bâtiments, et dans ce sens Moscou a été rétrogradée par rapport à il y a 10 ans", estime l’experte.

Dans l’ensemble, selon Anna Kourbatova, la situation écologique dans la capitale russe ne s’est pas détériorée au cours des dix dernières années.

Moscou doit devenir plus sûre

Selon les analystes de Mercer, Moscou occupe l’une des dernières places du classement mondial en termes de sécurité (199e sur 221 villes). Cette note ne correspond pas à la véritable situation dans la capitale russe, bien que l'insécurité pour les Moscovites soit actuellement relativement élevée, estime Guennadi Goudkov, vice-président du Comité de sécurité de la Douma (chambre basse du parlement russe).

"Je suis convaincu qu’en réalité Moscou se trouve au-dessus de la 199e place, au moins parce que Moscou ne souffre pas d’une criminalité de la rue comme dans beaucoup d’autres villes à travers le monde, a déclaré le député à RIA Novosti. Mais la capitale russe est certainement dans la seconde partie du classement."

L'insécurité à Moscou est due en grande partie à l'inefficacité du système policier, à la réaction trop lente aux informations reçues sur les crimes et à la corruption élevée, estime Guennadi Goudkov.

"Mes enfants sont déjà adultes, néanmoins chaque soir je m'efforce de les appeler pour m’assurer qu’ils sont bien rentrés", a-t-il fait remarquer.

Selon le député, en raison des problèmes systémiques dans le pays, seuls des changements radicaux pourraient augmenter significativement le niveau de sécurité dans la ville.

"Il est évident que le gouvernement ne parvient pas à protéger la population contre le crime, estime Guennadi Goudkov. Les réformes policière et judiciaire ont échoué, et aujourd’hui les actions de la police échappent à tout contrôle. C’est la raison de la place aussi basse occupée par Moscou dans le classement."

Selon les experts, le nombre élevé de travailleurs immigrés est l’un des facteurs affectant la qualité de la vie et la sécurité dans la capitale. "Les immigrants qui viennent travailler à Moscou doivent avoir des conditions de vie décentes et une bonne protection sociale, a fait remarquer Olga Bessolova. Je pense que ce domaine qui nécessite des changements urgents est actuellement particulièrement négligé."

Néanmoins, les spécialistes ne sont pas pessimistes en évaluant les perspectives de développement de la capitale russe. "Moscou est une ville tout à fait normale avec beaucoup de problèmes, comme dans toute autre ville. La situation n’est pas catastrophique, mais beaucoup de choses restent à faire pour que la ville devienne meilleure aussi bien formellement que dans la réalité", a résumé Alexandre Ginzbourg.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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