Le retour de l’homme sur la Lune

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La Lune est à nouveau sous les feux des projecteurs de l’astronautique mondiale. Sur le satellite de la Terre, on a récemment découvert ce qu’on désespérait de trouver, à savoir de l'eau, et à terme les technologies modernes permettront de commencer la construction de bases lunaires. Toutefois, selon les experts, beaucoup d’argent devra être dépensé pour cette entreprise.

La Lune est à nouveau sous les feux des projecteurs de l’astronautique mondiale. Sur le satellite de la Terre, on a récemment découvert ce qu’on désespérait de trouver, à savoir de l'eau, et à terme les technologies modernes permettront de commencer la construction de bases lunaires. Toutefois, selon les experts, beaucoup d’argent devra être dépensé pour cette entreprise.

Le retour sur la Lune

L’astronautique considère sérieusement que la Lune sera sa cible de recherche dans 10-15 ans. Après la frénésie de la course lunaire dans les années 1960-début 1970, une longue pause a été marquée dans les expéditions vers l’Astre de la nuit. Et aujourd’hui, la planète Terre semble être enfin prête à revenir sur la Lune.

Beaucoup de pays projettent de développer des vols habités sur la Lune, ainsi que de créer à terme des bases lunaires. De tels projets existent aux Etats-Unis et en Chine. Récemment, la Russie a également annoncé ses plans: Vladimir Popovkine, directeur de l'Agence fédérale spatiale russe Roskosmos, a déclaré que le débarquement des cosmonautes russes sur le satellite de la Terre pourrait avoir lieu en 2020.

Le projet lunaire sera certes onéreux. "Il sera nécessaire d’investir près de 50 milliards de roubles (environ 1,25 milliard d’euros) par an rien que pour créer des moyens techniques et préparer le vol de l’homme sur la Lune dans 10 ans", a déclaré Alexandre Jelezniakov de l’Académie d’astronautique russe, en rappelant que le budget annuel de Roskosmos était de l’ordre de 120 milliards de roubles (environ 3 milliards d’euros), par conséquent la mise en œuvre du projet lunaire nécessiterait des investissements supplémentaires de la part de l’Etat.

Auparavant, les experts évaluaient le plafond de l’augmentation des dépenses de Roskosmos en cas d’adoption du programme de recherches à grande échelle de la Lune à "6 fois le budget annuel et plus", sachant que le budget 2014 s’élèvera à 200 milliards de roubles (environ 5 milliards d’euros).

Un petit pas pour l’homme, un seul

A la charnière des années 1950 et 1960, l’Union soviétique a fait mordre la poussière aux Etats-Unis à plusieurs reprises. Le premier missile intercontinental (1957), le premier satellite artificiel de la Terre (1957), le premier homme dans l’espace (1961). La "cavalerie" de Sergueï Korolev a humilié son rival américain en faisant la une des journaux à travers le monde. Tout le pays travaillait pour ces gens, ils ne craignaient rien, et avant tout ils n’avaient pas peur de rêver.

Mais les gens de l’autre côté de l’océan n’étaient pas non plus nés de la dernière pluie. En se remettant en selle, les Américains ont tout fait pour rattraper le retard en améliorant leur image nationale souillée par les progrès socialistes avancés. John F.Kennedy a publiquement fixé l’objectif de faire débarquer un Américain sur la Lune avant la fin de la décennie.

C’est ainsi qu’a commencé le programme Apollo, dont le déroulement et l’issue préoccupent toujours les conspirologues et les amateurs d'astronautique: vérité ou mensonge? Neil Armstrong a-t-il planté le drapeau américain dans le sol mou de la Lune ressemblant à du sable mouillé, ou le "petit pas pour l’homme" a-t-il été effectué dans un studio hollywoodien?

L’explication de cette réaction compensatoire et purement psychologique est très simple: l’équipe de Sergueï Korolev a fait d’immenses progrès en envoyant dans l’espace Iouri Gagarine, mais l’équipe de Wernher von Braun, appuyée par les puissantes compagnies aérospatiales américaines, a carrément sauté plus haut que sa tête.

C’est absolument invraisemblable: le premier vol de l’homme dans l’espace a lieu en 1961, en décembre 1968 l’équipage de Frank Borman fait le tour de la Lune sur Apollo 8, et en juillet 1969 Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent maladroitement leurs pieds sur le satellite de la Terre en sautant du module d’atterrissage Eagle.

Il était incroyable d’avoir autant de veine: même l’accident d’Apollo 13 (d’où le célèbre "Houston, nous avons un problème!") s’est produit, aussi étrange que cela puisse paraître, au moment le plus opportun. Si le réservoir d’oxygène avait explosé à peine plus tôt ou à peine plus tard, l’expédition aurait été condamnée.

En décembre 1972, le programme lunaire américain s’est conclu par le sixième débarquement d’Apollo 17, deux ans auparavant la NASA avait déjà annulé les trois missions habitées prévues après le numéro 17.

"L’objectif était le suivant: un Américain doit débarquer sur la Lune, et la mission s’arrête là. Et lorsque cette mission a été accomplie, aucun développement supplémentaire sérieux n’a suivi", estime Vladislav Chevtchenko, responsable du département de recherche sur la Lune et les planètes de l'Institut national d'astronomie de l’Université d’Etat de Moscou.

Les expéditions lunaires avaient déjà apporté tout ce qu’il était possible à la NASA, en se transformant en une activité coûteuse et relativement dangereuse (comme l’a montré l’accident d’Apollo 13), qui n’était plus rentable du point de vue politique. Le pays entrait dans une phase de réaction immédiatement après les troubles dans les années 1960, le gouvernement américain traversait une crise après la lourde défaite des Etats-Unis au Vietnam qui avait bouleversé toute la population.

L’Union soviétique n’a jamais réussi à atteindre la Lune: l’épopée catastrophique de la fusée N1, victime d’un développement à la va-comme-je-te-pousse et de querelles politiques, s’est logiquement conclu par un échec cuisant. En sautant plus haut que sa tête, l’humanité s’est calmée et est revenue à des activités plus "terre-à-terre": la lutte contre la libre-pensée, le terrorisme et la crise énergétique. L’intérêt des scientifiques et des ingénieurs pour le satellite poussiéreux et vide s'est éteint.

De l’eau dans le vide


Une explosion s’est produite en sélénologie dans la seconde moitié des années 2000. Les missions des sondes de recherche américaines LRO (Lunar Orbiter Reconnaissance) et LCROSS (Lunar CRater Observation and Sensing Satellite) ont donné des résultats sensationnels: de l’eau en grande quantité a été découverte sur la Lune!

C’était un scoop, car dans les échantillons de sol lunaire apportés par les stations soviétique Luna-16, Luna-20 et Luna-24, ainsi que les missions habitées américaines, l’eau n’était pas toujours perceptible ou seulement en quantité infime.

En 1994, la sonde de la NASA Clementine a découvert des traces d’importantes accumulations de glace pendant l’étude du pôle sud. Et seulement en 2009 la mission LRO/LCROSS a confirmé que des glaces se trouvaient effectivement dans les régions polaires de la Lune.

Evidemment, il n'y a pas de grandes calottes polaires comme dans l'Antarctique, mais la quantité importante de cristaux de glace dans le sol est surprenante: l’estimation moyenne est de 5,6%, +/- 2,9%.

A la même période, la sonde indienne Chandrayaan-1 a découvert qu’une immense quantité de glace se trouvait au fond des cratères polaires nord de la Lune. D’après les résultats de sa mission, la quantité d’eau dans le sol du pôle nord de la Lune est estimée à au moins 600 millions de tonnes.

L’industrie spatiale russe travaille sur les programmes Luna Globe et Luna Ressource, qui devraient être mis en œuvre au milieu des années 2010. Ces missions devraient, entre autre, permettre de faire revenir sur Terre un échantillon de sol lunaire "humide" des régions polaires.

Une tout autre affaire

La découverte d’eau lunaire change radicalement la perception par les scientifiques du problème de la conquête de l’Astre de la nuit.

Tous les projets antérieurs de bases lunaires (et même une étude fiable et cohérente est impossible sans elles, sans parler de la conquête) butaient toujours sur la même chose: il fallait acheminer une quantité trop importante de matériel, dont l’eau occupait une place considérable.

Dans les conditions actuelles, en installant une base profondément dans le sol (en se protégeant ainsi contre les radiations spatiales) près de l’accès à la glace lunaire, il est possible de simplifier considérablement la question du support-vie de la base. La fermeture du cycle de purification pourrait subvenir aux besoins de la station lunaire en eau. De plus, depuis les années 1970 les scientifiques calculaient des schémas d’extraction d’oxygène du sol lunaire (il y existe jusqu’à 40% d’oxygène sous forme liée).

Le progrès dans le domaine de l’automatisation et des systèmes de contrôle a également beaucoup contribué à la faisabilité des plans de colonisation lunaire. Les actions, qu’il aurait été nécessaire de faire manuellement ou avec des moyens peu efficaces 40-50 ans auparavant, peuvent aujourd’hui être accomplies facilement par des systèmes téléguidés ou robotisés, dont l’exploitation requiert des ressources humaines minimales.

"Les bases lunaires des extraterrestres sont une légende. Mais les bases lunaires des Terriens seront une réalité dans un avenir prévisible", a déclaré Alexandre Jelezniakov.

L’énergie de demain 

Le précédent regain d’intérêt pour la Lune au milieu des années 2000 était associé à un autre élément encore plus incroyable. Le sol lunaire contient des quantités importantes (par rapport à notre planète) d'isotopes d'hélium-3.

La réaction de fusion deutérium-hélium de la synthèse nucléaire est considérée comme une alternative prometteuse à la réaction bien connue de fusion deutérium-tritium, utilisée dans les armes thermonucléaires. Or les perspectives de l’hélium-3 ne concernent pas le domaine militaire, mais l’énergie thermonucléaire pacifique de l’avenir.

Depuis des dizaines d’années, les scientifiques s’efforcent de créer un modèle opérationnel de réacteur thermonucléaire, et pour cela il est nécessaire de parvenir à une synthèse nucléaire stable et contrôlée. La fission contrôlée marche très bien: elle permet de faire fonctionner les centrales nucléaires. Mais on ne peut pas dire la même chose de la synthèse thermonucléaire.

Si les ingénieurs réussissaient tout de même à percer dans le domaine thermonucléaire, la Lune pourrait devenir le Saint-Graal de l’espace et on assisterait à une course lunaire passionnante, évoquant la ruée vers l’or du Klondike.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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