Le coup d'Etat de 1982 au Guatemala: quelle leçon pour la Russie?

© RIA Novosti . Andrei Babushkine / Accéder à la base multimédiaGuatemala
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Trente années se sont écoulées depuis le coup d'Etat au Guatemala, en Amérique centrale, lorsque le président Fernando Romeo Garcia a été renversé par le général José Rios Montt.

Trente années se sont écoulées depuis le coup d'Etat au Guatemala, en Amérique centrale, lorsque le président Fernando Romeo Garcia a été renversé par le général José Rios Montt.

La Russie et le Guatemala n'ont rien à voir, qui plus est le Guatemala d'il y a trente ans. Mais c'est Moscou de ce printemps 2012 qui devrait se souvenir de ces événements. L'analyse de la tragédie du Guatemala devrait permettre de tirer des conclusions utiles pour soi-même.

Pour comprendre ce qui s'est passé au Guatemala trente ans auparavant, il faut revenir encore plus loin dans le temps, à l'année 1944. A cette époque, le général Jorge Ubico y Castaneda était au pouvoir depuis 13 ans.

L'économie de la république était livrée à l'arbitraire de la United Fruit Company américaine. Et le général Castaneda s'est proclamé nouveau Napoléon et a lancé la réforme des postes, des écoles et des orchestres symphoniques à la manière militaire.

En fin de compte, les Guatémaltèques en ont eu assez de vivre dans cette dictature vaudevillesque. En été 1944, la grève générale a forcé le "petit Napoléon des tropiques" à abdiquer le pouvoir. Et en octobre de la même année, un groupe de jeunes officiers a renversé son successeur, le général Juan Federico Ponce Vaides.

La junte militaire avait pris le pouvoir au Guatemala, mais pas pour longtemps. Les membres de cette junte ont organisé des élections libres dans le pays. Le pouvoir a été transmis à un président civil légitimement élu. Pendant 10 ans, jusqu'à un nouveau coup d'Etat organisé par la CIA, les affaires du Guatemala ont bien marché en comparaison avec la moyenne locale.

En 1982, le Guatemala semblait revivre l'année 1944. Le 7 mars, le président Garcia a falsifié les résultats des élections en faveur du candidat de son parti. Mais il n'a pas eu le temps de transmettre le pouvoir à son successeur. Le 23 mars, la junte militaire commandée par le général Montt a pris le pouvoir au Guatemala.

Le président Montt a juré à la population de lutter de toutes ses forces contre les "Quatre chevaliers contemporains de l'Apocalypse": la famine, la pauvreté, l'ignorance et la subversion. Et au départ, son arrivée au pouvoir a été accueillie avec enthousiasme par la population. Mais très rapidement les habitants ont compris que le Guatemala s'était retrouvé entre les mains d'un fanatique religieux. Le général Montt est resté au pouvoir seulement un an et cinq mois, mais même durant cette courte période il a réussi à se forger l'image du dictateur le plus sanguinaire de l'histoire contemporaine de l'Amérique latine.

Qu'est-ce que la Russie contemporaine a à voir là-dedans? Tout le monde n'y croit pas non plus au dépouillement honnête des suffrages lors des élections. Et certains leaders d'opposition ont également appelé à "rétablir la justice par la force" en partant à l'assaut du Kremlin et de la Commission électorale centrale de Russie. Mais très peu ont soutenu cette initiative.

Par principe, je ne veux pas parler de la qualité du système politique russe. Elle doit être meilleure, c'est indiscutable. Mais en cherchant à améliorer sa vie, on ne doit pas la rendre pire. La lutte politique en Russie doit se dérouler pendant les rassemblements, dans les tribunaux, dans les journaux et au parlement. Elle doit avoir lieu partout, mais certainement pas en prenant d'assaut des bâtiments officiels.

Je ne compare pas la Russie au Guatemala. Ces deux pays ne se ressemblent pas. Et j'espère qu'ils ne se ressembleront jamais.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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