Bachar al-Assad refuse de coopérer avec la Ligue arabe

© RIA Novosti . Sergei Guneev Bachar al-Assad
Bachar al-Assad - Sputnik Afrique
S'abonner
Mercredi 28 et jeudi 29 mars, les ministres des Affaires étrangères des pays arabes réunis à Bagdad ont fait une nouvelle tentative pour influer sur la situation en Syrie. En vain.

Mercredi 28 et jeudi 29 mars, les ministres des Affaires étrangères des pays arabes réunis à Bagdad ont fait une nouvelle tentative pour influer sur la situation en Syrie. En vain. Inspiré par la victoire militaire sur les opposants à Homs de la veille, Bachar al-Assad a déclaré par la bouche de son ministre des Affaires étrangères que Damas refusait de négocier avec la Ligue arabe car le statut de membre de la Syrie au sein de cette organisation était suspendu.

De toute évidence, son isolement par rapport au reste du monde arabe n'effraye pas particulièrement le président syrien. Après tout, la Russie et la Chine sont toujours derrière lui, et l'ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan en personne joue le rôle de médiateur dans le dialogue avec la Ligue arabe et l'Occident.

Moscou et Pékin pourraient changer de position

Même si le conflit armé entre les autorités syriennes et l'opposition dure depuis un an et a déjà emporté la vie de plus de 9.000 personnes, selon l'ONU, Bachar al-Assad est très confiant et n'a clairement aucune intention de quitter la scène politique. Les affrontements à Homs, Idlib, Rastan, Deraa et d'autres villes syriennes se poursuivent, et pour l'instant l'armée gouvernementale a un avantage écrasant.

Mais tout cela ne reste possible que tant que certaines grandes puissances sont du côté d'al-Assad. La Russie a d'ailleurs déjà commencé à rectifier sa position en se tournant vers l'Occident. Moscou a soutenu le plan de paix de Kofi Annan impliquant, notamment, un cessez-le-feu de deux heures par jour afin d'apporter une aide humanitaire dans les régions touchées par les affrontements.

Plus encore, Dmitri Medvedev a hautement évalué la mission d'Annan, qui est à la fois l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe. "En effet, j'estime que c'est peut-être la dernière chance d'éviter l'escalade de la guerre civile. Ses conséquences seraient simplement fatales pour la Syrie", a déclaré le président russe.

Le plan d'Annan a peu de chances de succès

Le plan de Kofi Annan n'inclut pas la principale exigence de l'opposition et de l'Occident, à savoir la démission d'al-Assad. C'est la raison pour laquelle Damas a aussi facilement accepté ce plan. Cependant, ce plan prévoit non seulement un cessez-le-feu mutuel, mais également la libération de tous les participants aux manifestations politiques, la liberté de rassemblement, de manifestations pacifiques et l'accès sans restriction en Syrie pour les journalistes étrangers.

Bachar al-Assad ira-t-il jusque-là?

Certainement pas. Même en supposant que l'armée syrienne retire ses troupes des villes insurgées et n'utilise pas la force contre les opposants, les "foules pacifiques" désarmeront sans difficulté les forces de sécurité et pourront sans coup férir s'emparer des établissements gouvernementaux et des commissariats et mettront de leur côté une partie de l'armée. C'est la raison pour laquelle la diplomatie russe exige l'exécution de tous les points du plan de paix non seulement par al-Assad, mais également par l'opposition.

"Il est primordial dans ce contexte que les groupes d'opposition syriens suivent l'exemple de Damas et déclarent clairement qu'ils acceptent le plan de paix soutenu par le Conseil de sécurité des Nations Unies proposé par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe", a déclaré Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Guerre civile ou "opération antiterroriste"?

La réponse à cette question est très compliquée. La guerre en Tchétchénie, évènement récent de l'histoire russe, était aussi bien qualifiée d'opération antiterroriste que de guerre civile. Ces deux notions sont applicables à la Syrie. La question est de savoir qui résiste à qui, et quel est l'équilibre des capacités militaires entre les deux camps.

Les alaouites (al-Assad et son entourage) représentent la minorité de la société syrienne. La majorité des habitants est sunnite. Mais ils sont loin de vouloir tous le départ d'al-Assad et le changement de régime. Ses principaux opposants sont les islamistes qui représentent le mouvement des Frères musulmans, interdit en Syrie, généreusement financé par les monarchies arabiques du Golfe, notamment le Qatar et l'Arabie saoudite.

Les informations arrivant de Syrie sont très maigres et contradictoires. Mais à en croire les récits des témoins, le rapport des forces entre les partisans et les opposants d'al-Assad en Syrie est de 50/50 ou 60/40. Cette proportion change constamment. Certains opposants à al-Assad changent de camp en voyant la guerre, la mort et les destructions, et vice versa.

Quelle sera la suite?

De toute évidence, une longue guerre civile attend la Syrie. Elle pourrait être très longue si l'Occident et les pays du Golfe ne lancent pas d'opération militaire ou de "maintien de la paix" en contournant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Quoi qu'il en soit, même si al-Assad reste au pouvoir, il sera affaibli et mis au pied du mur, comme l'étaient à diverses époques Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi.

Il est également possible que le président syrien accepte de partir de son plein gré en échange de garanties pour sa sécurité, comme c'était le cas au Yémen. Mais une chose est sûre: la limite de la patience de l'Occident et de la Ligue arabe n'est pas encore atteinte, et Bachar al-Assad a encore la possibilité de prendre des décisions politiques.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала