Les USA prospecteront avec la Russie les gisements pétroliers arctiques

© RIA Novosti . Alexei Nikolskiy / Accéder à la base multimédiaRosneft et ExxonMobil ont signé lundi des accords pour la création de deux coentreprises chargées de la prospection du plateau de la mer Noire et de la mer de Kara
Rosneft et ExxonMobil ont signé lundi des accords pour la création de deux coentreprises chargées de la prospection du plateau de la mer Noire et de la mer de Kara - Sputnik Afrique
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Le russe Rosneft et l'américain ExxonMobil ont concrétisé les modalités de prospection conjointe du plateau continental russe de l'Arctique.

Le russe Rosneft et l'américain ExxonMobil ont concrétisé les modalités de prospection conjointe du plateau continental russe de l'Arctique. L'accord de coopération a été signé il y a près d'un an, mais cette affaire n'est pas allée plus loin. Les experts estiment que les conditions fiscales de travail en Russie ne convenaient pas aux Américains. Récemment, le premier ministre russe et président élu Vladimir Poutine a signé un décret sur les privilèges fiscaux liés à l'exploration des gisements du plateau, et la situation a immédiatement bougé du point mort.

Rosneft et ExxonMobil ont signé lundi des accords pour la création de deux coentreprises chargées de la prospection du plateau de la mer Noire et de la mer de Kara. Le forage des premiers puits de prospection est prévu pour 2015. De plus, Rosneft reçoit une part dans trois projets d'ExxonMobil au Texas, dans le golfe du Mexique et la province de l'Alberta, au Canada.

Du deuxième coup

Rosneft cherchait depuis longtemps un partenaire occidental dans la prospection conjointe du plateau – la compagnie russe dispose de la licence, mais ne possède pas encore l'expérience du travail sur le plateau. D'ailleurs, comme le reconnaissent les experts, les projets sur le plateau arctique profond ne sont pas encore à la portée des compagnies pétrolières russes.

"Le problème de la mise en valeur du plateau est très complexe sur tous les plans, déclare Boris Toumanian, professeur à l'université russe du pétrole et du gaz. Une seule compagnie est incapable de remplir une tâche d'une telle envergure, et c'est la raison pour laquelle toute alliance avec des acteurs importants est la bienvenue."

"La Russie exploite les hydrocarbures principalement en surface et n'a pas de projets arctiques profonds", a expliqué à RIA Novosti Vitali Krioukov, analyste de la société IDF Capital, en soulignant qu'une véritable révolution dans l'exploration et l'exploitation des réserves pétrogazières difficilement accessibles s'était produite en Amérique du Nord.

Initialement, c'est le britannique BP qui prétendait au rôle de partenaire stratégique de Rosneft pour l'exploitation du plateau arctique – au début de l'année dernière les deux entreprises ont conclu un accord de partenariat stratégique, impliquant également les échanges d'actions.

Cependant, dès le printemps 2011 certaines rumeurs disaient que la transaction pouvait ne pas avoir lieu et que Rosneft cherchait un autre partenaire. La raison du "divorce" était l'intransigeance du consortium AAR (Alfa Group – Acces industries – Renova), actionnaire russe de TNK-BP, qui a posé des conditions inacceptables pour Rosneft.

Le rôle de nouveau partenaire de Rosneft est échu à ExxonMobil qui, selon les experts, a une riche expérience du travail avec des ressources difficilement accessibles, raison pour laquelle l'intérêt de la compagnie russe ne se limite pas seulement à l'exploitation conjointe du plateau.

La mer ou la terre?

"Rosneft a des projets d'exploitation du pétrole non conventionnel et difficilement accessible en Sibérie occidentale, et ExxonMobil est également invité à participer à ces projets, déclare Vitali Krioukov. Aujourd'hui, il est important pour la Russie de trouver la clé de l'exploitation du pétrole non conventionnel, et cela nécessite l'expertise et l'expérience d'ExxonMobil."

Il reste à savoir si l'expérience des Américains est applicable à la réalité russe. Vitali Krioukov est convaincu qu'il sera impossible d'appliquer automatiquement l'expérience d'ExxonMobil en Russie. Cela demandera un travail laborieux pour adapter les technologies et les compétences américaines aux conditions spécifiques de l'Arctique russe et de la Sibérie occidentale.

L'intérêt accru des producteurs pétroliers russes pour le plateau arctique et les réserves difficilement accessibles n'est pas un hasard. Les experts interrogés par RIA Novosti estiment que les réserves facilement accessibles en Sibérie occidentale sont pratiquement épuisées, et en l'absence de nouvelles stimulations fiscales la Russie pourraient devoir faire face à une diminution de la production pétrolière. "Pour cette raison il est important de commencer l'exploration des ressources non conventionnelles qui, selon les pronostics, sont très nombreuses – peut-être des milliards de tonnes", affirme Vitali Krioukov.

Cependant, l'utilité de l'exploration aujourd'hui des gisements sur le plateau suscite des doutes auprès de certains experts.

"Je pense qu'à l'heure actuelle on pourrait ne pas toucher au plateau – ce sont d'énormes dépenses énergétiques et financières, selon le professeur Toumanian. On ignore comment seront raffinées les matières premières produites avec beaucoup de difficultés sur le plateau pour les besoins du marché russe. On ignore également quels seront exactement les flux de transport et la logistique."

L'expert suppose qu'il serait utile pour l'instant de préparer les dossiers relatifs aux projets sur le plateau tout en concentrant les efforts pratiques sur le raffinage des hydrocarbures.

"Aujourd'hui, la Russie a un retard technologique. C'est dans ce domaine qu'il faut faire des efforts et investir de l'argent, affirme Boris Toumanian. Il est nécessaire de concevoir des technologies novatrices de raffinage et de recevoir une quantité élevée de produits pétroliers et gazo-chimiques pour les vendre. Je pense qu'en termes d'argent on ne sera pas perdants."

De plus, selon l'expert, la prospection et l'exploitation des gisements difficilement accessibles sur terre promettent également des revenus élevés: "Il y a encore beaucoup de choses qui pourraient être améliorées: les recherches, la prospection, le développement de nouvelles techniques d'exploitation des matières premières, le raffinage – tout cela pourrait apporter énormément d'argent".


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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