Le syndrome OVNI, ou La réalité ne vous est pas garantie

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Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1947, quelque chose s'est écrasé près de la ville américaine de Roswell (Etat du Nouveau-Mexique). On y aurait soi-disant trouvé quelque chose. Ce "quelque chose" a été transporté quelque part pour être examiné.

Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1947, quelque chose s'est écrasé près de la ville américaine de Roswell (Etat du Nouveau-Mexique). On y aurait soi-disant trouvé quelque chose. Ce "quelque chose" a été transporté quelque part pour être examiné. Ce qu'il s'est exactement passé il y a 65 ans fait encore l'objet de débats de nos jours. Une pseudoscience a même fait son apparition – l'ufologie.

Depuis cette époque, le mythe des "soucoupes volantes" n'a fait que croître, mûrir et recevoir de nouvelles "confirmations" d'année en année. Quelque chose vole dans les cieux, quelque chose atterrit à la surface en laissant même des traces.

"Quelqu'un" sort régulièrement de ce "quelque chose" et, dans certains cas, essaye même de communiquer avec les aborigènes terriens. Et parfois avec des dirigeants. Ils arrivent, se rencontrent, transmettent quelque chose, reçoivent le droit de prendre quelque chose en échange. Ou quelqu'un.

Evidemment, tout cela n'existe pas. Dans le sens où nous ne sommes pas censés savoir quoi que ce soit à ce sujet. Le niveau de confidentialité est comparable à "manger le document avant de le lire". Que vous voyiez ou non un humanoïde, il existe et sait tout sur vous. Et le gouvernement sait mais il reste muet, il le dissimule.

Les squelettes extraterrestres dans les placards terrestres

Après le thème de l'infiltration extraterrestre cachée, est apparu celui de l'éventualité d'un conflit périlleux avec une civilisation technologiquement plus développée. La catastrophe de la Guerre des mondes de Herbert Wells a été remplacée par une autre littérature, marquée par une pensée quelque peu différente: ils sont peut-être déjà là mais on ne s'en est pas aperçu. On pourrait illustrer cet état d'esprit avec l'exemple des Marionnettes humaines (The Puppet Masters) de Robert Heinlein.

Mais c'est Hollywood qui a le plus contribué à ce mythe: le légendaire Hangar 18 (Space Connection), les méditatives Rencontres du troisième type et, bien sûr, la série X-Files – complètement paranoïaque de par son thème principal, mais qui sur un plan technique, utilise tous les bons ressorts.

En fait, sur quoi repose le mythe de la présence extraterrestre sur notre planète? Premièrement, sur la présence même des extraterrestres: en effet, ils sont ici et occupés par leurs affaires, pas toujours inoffensifs envers les humains (le web regorge de longs rapports d'enlèvements et d'expériences effectuées sur des êtres humains). Et ils nous sont supérieurs de par leurs capacités, et un individu n'est donc en aucun cas protégé contre cette force mystérieuse et insurmontable qui l'aurait choisi pour l'utiliser à ses propres fins.

On perçoit tout de suite l'origine de ce mythe: en substance, nous assistons à la renaissance technocratique (ce qui est normal pour la société des années 1940-50, où ce sujet est apparu) du mythe sur les vampires. Parfois, les coïncidences sont pratiquement textuelles. On y décèle également une sorte de sentiment de culpabilité collective évincé pour l'anéantissement de la civilisation amérindienne.

Deuxièmement, la conspirologie classique est présente dans le sujet: les autorités, qui nous cacheraient la présence des extraterrestres sur notre planète, seraient donc secrètement entrées en contact avec une civilisation extraterrestre. Et ils se seraient tous mis d'accord sur le fait qu'en échange de perles de verre et de boutons (certaines super-technologies qui sont utilisées on ne sait par qui, ni où, ni comment), elles offriraient aux extraterrestres le droit de faire des recherches sur Terre comme bon leur semble. Mais en respectant certaines règles, comme celle de ne pas enlever des personnes par groupes entiers, ou ne pas se livrer à des excès, ou d'éviter, autant que possible, d'être vu afin de ne pas provoquer des rumeurs.

Cette partie comporte également de nombreux archétypes facilement reconnaissables. Men in Black est un autre élément du mythe sur les extraterrestres: des agents d'un certain service gouvernemental (parfois on ignore même s'ils sont humains), qui sont chargés de dissimuler les preuves de la présence d'OVNI. Ils saisissent les preuves matérielles, font pression sur les témoins oculaires, effacent la mémoire des contactés, etc. Ils volent à bord d'hélicoptères noirs.

Et au-dessus de tout cela se trouve des comités, des commissions, des conseils et des clubs inter- et extra-gouvernementaux qui, d'une part, communiquent avec les extraterrestres et qui d'autre part, gèrent réellement la situation sur la planète.

L'origine de cette partie du mythe paraît évidente. L'auteur des Protocoles des sages de Sion peut reposer en paix, sachant que sa cause perdure. Certaines modifications ont néanmoins été apportées à cette idée, en raison du politiquement correct général et à titre d'excuses pour les longues persécutions du peuple juif qui se sont finalement transformées en holocauste.

Dans la conscience superstitieuse d'un simple esprit, la perfide tribu juive, qui a placé sous le contrôle de son "gouvernement mondial" tous les organismes du pouvoir, a été remplacée par des humanoïdes tout aussi insidieux, qui tiennent fermement avec leurs griffes les Etats-Unis et d'autres puissances par la gorge. Difficile de trouver d'autres différences.

Un système de peur

La conspirologie est l'enfant préféré de la peur. La fin des révolutions industrielles du XIXe siècle a entraîné une complexification du monde, accompagnée par la hausse du rythme des changements quotidiens. La conscience humaine était habituée à une certaine stabilité au quotidien pendant de nombreuses générations; la culture, l'éthique et la vie quotidienne se construisaient sur ce socle. Désormais, l'immuabilité a été remplacée par la fragilité, et la certitude a cédé la place au chaos.

Les grandes guerres du XXe siècle, l'arme nucléaire, le terrorisme, les révolutions en tout genre, qu'elles soient socialiste ou sexuelle, ont produit leur effet: l'humanité a définitivement perdu la foi profonde qu'elle a vraiment conscience du fonctionnement du monde dans lequel elle doit vivre.

Et dans ce cas, même les concepts les plus farfelus sur les loges secrètes et les infiltrations extraterrestres sont condamnés à rester populaires et demandés. Il vaut mieux que dans la face cachée du monde se trouve un esprit malsain et inhumain plutôt que le chaos. Il vaut mieux que le pouvoir soit entre les mains des francs-maçons et des humanoïdes (tantôt ensemble, tantôt en alternant) plutôt que de personne.

Car si tout est contrôlé, il existe un "sujet" averti et informé qui est responsable du monde et qui a la capacité de stabiliser la situation. Car il ne souhaite certainement pas l'effondrement du système. Mais en l'absence d'un tel esprit, tout cela n'est contrôlé par personne…

Sommes-nous chez nous?

Littéralement parlant, il n'existe aucune autre explication du mythe sur les OVNI. En dépit des milliers de "cas enregistrés de contacts avec des extraterrestres" et de choses dans ce genre. Il n'y a pas d'artéfacts, il n'y a pas de traces confirmées qui pourraient être clairement interprétées comme une preuve de la venue de civilisations étrangères.

Malgré toute la bonne volonté, on n'arrive pas à dire aux ufologues "oui": certains phénomènes existent, apparemment, mais il n'y a pas de preuves tangibles des interprétations ufologiques de ces phénomènes.

Et les cas particuliers… sont précisément particuliers pour ne pas en tenir compte. Qui plus est, pour se demander s'il existe quelque chose dans l'immense abîme qui sépare les deux extrêmes largement répandus: la paranoïa du mythe social sur les OVNI et l'esprit rationnel des sceptiques convaincus.

Dans cet abîme, sévit précisément ce chaos dont on voudrait se cacher quelque part: soit dans la négation pseudo-scientifique, soit dans la théorie du complot… Le plus important est d'avoir des garanties.

Ainsi, l'habitant lambda de la Terre peut choisir n'importe laquelle des interprétations et se détendre. Jusqu'au jour où, dans la nuit, derrière les rideaux, une lumière mercurielle se mettra à clignoter de manière arythmique. Jusqu'au jour où la réalité cessera d'être garantie.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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