L'Etat américain n'existe plus… pour l'instant

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L'Amérique n'a pas disparu mais les administrations qui structurent l'Etat américain ferment leurs portes l’une après l’autre. Pourquoi? Parce que le budget n’est pas encore fixé à cause des conflits entre la Maison blanche et le congrès, querelles politiques qui poussent le pays dans l’impasse.

L'Amérique n'a pas disparu mais les administrations qui structurent l'Etat américain ferment leurs portes l’une après l’autre. Pourquoi? Parce que le budget n’est pas encore fixé à cause des conflits entre la Maison blanche et le congrès, querelles politiques qui poussent le pays dans l’impasse.

La situation est incroyable et révèle que les Etats-Unis sont victimes d'une crise économique. Elle met également en lumière les limites de leur démocratie bipartite - et avec elle celles du système d'administration du pays.

La capitale tombe la première


La capitale américaine, Washington, compte 700 000 fonctionnaires. La crise budgétaire qui vient d’éclater aux Etats-Unis suite à la mésentente entre le congrès et le président concernant le budget pour la prochaine année fiscale (à partir du 1er octobre 2013) affectera avant tout les Washingtoniens. On estime que la fermeture des établissements publics entraînera des pertes de 200 millions de dollars par jour, que la consommation va baisser et que les touristes ne pourront pas acheter de billets dans les musées - sans compter la fermeture du zoo national.

Dans l'ensemble, les domaines d’activité de l'Etat nécessaires à la survie physique de la population - la police, les météorologues - continueront de fonctionner aux USA. A la Nasa, seuls les services qui surveillent les moniteurs seront au travail…

La seule chose qui rassure les Américains est le fait que cette situation s’est déjà produite en 1995-1996, lors d'une même querelle entre les républicains - qui contrôlaient le congrès - et le président démocrate. Tout le monde semble y avoir survécu et les politiciens ont réussi à trouver une solution. Mais il ne faut pas confondre l’âge d’or des années 1990 et l'époque actuelle.
Le contexte est très différent.

Aujourd’hui l'Amérique commence à peine à se persuader de la fin de la crise économique, provoquée par le dérèglement du secteur financier. Mais tout le monde constate que le système politique du pays est également déréglé. L'impossible est arrivé : deux crises de grande ampleur se sont aujourd’hui produites en même temps.

Les chars tireront-ils sur le Capitole?

Les Américains croient dans l'ensemble que leur système politique est le meilleur du monde.
La guide d'un musée national est devenue célèbre après avoir accueilli le 30 septembre son dernier groupe de visiteurs par la phrase : c'est un moment crucial et instructif dans l'histoire de notre démocratie. Depuis le 1er octobre elle ne reçoit plus de salaire en tant que fonctionnaire mais elle continue à croire en son pays.

Les Russes font le parallèle avec la confrontation entre le président et le parlement russe il y a 20 ans, qui s'est soldée par des tirs de chars sur le Kremlin.

Certes, le président américain et le parlement ne font pas l'objet d’une destitution ou d’une dissolution pour l'instant, mais le conflit est proche d'esprit : il s’agit d’une bagarre permanente et de provocations mutuelles, sans aucun compromis. Les deux camps poussent la situation jusqu'à la limite du supportable. Verra-t-on donc des chars devant le Capitole?

Le problème du système américain est qu'il peut à tout instant cesser d'être bipartite.
Les républicains jouent avec des mises élevées et une telle ardeur qu'ils pourraient se transformer en parti de la désespérante minorité. Lors de leurs dernières tentatives pour paralyser l'administration démocrate, les républicains étaient majoritairement mal-aimés dans les sondages et la popularité du congrès était plus basse que jamais. Mais que peuvent-ils faire d'autre?

Le mécanisme qui a permis de mettre au pouvoir républicains et démocrates en alternance s'est retrouvé suspendu. L’Amérique est divisée depuis 20 ans selon ce schéma "républicains et démocrates", à parts pratiquement égales. Mais la crise de 2008 et la politique militaire de George W. Bush a fait plus de tort aux républicains. Résultat des courses : ils n'arrivent même pas à trouver un leader et un candidat normal à la présidence. Quel était son nom déjà? Mitt Romney? Où est-il passé?

Ce Romney est récemment réapparu de nulle part et a appelé ses collègues républicains à revenir à la raison. Les gouverneurs républicains et d'autres modérés sont du même avis. Le parti est divisé en fractions mais les radicaux, qui ont provoqué la crise budgétaire actuelle, mènent la danse.

Espérons que le pays réussira à sortir de cette crise. Reste à savoir comment. Depuis une vingtaine d'années les démocrates (de même que leurs frères idéologiques européens) mettent en avant leurs valeurs mondialistes et sont arrivés à un point où presque la moitié de la population américaine, 40% environ, ne veut plus faire "le moindre pas en arrière".

Les républicains ont visiblement trop joué avec cet état d'esprit, au point d'entraîner la fermeture du gouvernement américain…

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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