Où chercher la liberté d'expression?

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Le concept de liberté d'expression a muté et glissé de son sens initial. La liberté d'expression est le droit fondamental de l'homme d'exprimer ses pensées par écrit et verbalement. Elle est considérée comme l’acquisition principale de la démocratie et son absence est jugée comme un thème d’accusations et de débats.

Le concept de liberté d'expression a muté et glissé de son sens initial. La liberté d'expression est le droit fondamental de l'homme d'exprimer ses pensées par écrit et verbalement. Elle est considérée comme l’acquisition principale de la démocratie et son absence est jugée comme un thème d’accusations et de débats.

Aujourd'hui ce concept s’est transformé en une véritable monnaie d'échange dans les intrigues politiques, même si la liberté de base fondamentale est relative, comme toute liberté.

Les principales organisations internationales condamnent régulièrement la violation des droits des journalistes et des blogueurs, mais des violations sont constatées ci et là.

C’est déjà une pratique en Europe : les textes des articles et les interviews sont concertés avec les services de presse, qui corrigent les questions et les réponses des interviews. Dans certains pays, les tribunaux ont même le droit de condamner les médias à des amendes ou d’exiger des excuses publiques pour calomnie ou atteintes à la vie privée des individus. La création d’une commission chargée du contrôle des médias est évoquée au Royaume-Uni. Est-ce une nouvelle forme de censure ou une véritable tentative de réfléchir avec les journalistes « devenus incontrôlables » ? Un exemple récent est fourni par la Norvège. Pour avoir exprimé ses divergences avec les autorités européennes, le politologue Bjørn Ditlef Nistad a été déclaré persona non grata dans son propre pays. Et il risque de perdre son poste d’enseignant et de se retrouver au chômage.

La liberté d'expression est une illusion semblable à la liberté personnelle illimitée de l'individu. Les gens, tout comme les médias, sont liés par des influences politiques, une dépendance à l’argent, et enfin, par une dépendance envers eux-mêmes. Etre toujours à la recherche de nouvelles exclusives et les audiences forcent les propriétaires des médias à publier n’importe quoi. Dans les débats politiques à la télévision et sur les pages des journaux, les adversaires sont prêts à se déchirer en lambeaux, mais d’une « manière civilisée », avec la manipulation de la parole.

Voici ce que pense de la liberté de la parole le journaliste et écrivain, directeur de la revue italienne Il Reportage Riccardo De Gennaro.

« Oui , il y a la liberté de la parole en Italie », confirme-t-il. « Même des insultes, prononcés par nos politiques. La liberté d'expression doit coïncider avec la liberté de pensée, garantie par notre Constitution, mais derrière les paroles, il n’y a aucune pensée. En Italie, nombreux sont ceux qui disent des choses qui leur viennent en tête, sans réfléchir, et sans comprendre de quoi il s’agit et sans faire l’effort d’effectuer des recherches sur ce thème. Chaque débat politique, sportif, culturel ou étranger se transforme en un combat avec les «tenants» d'un concept donné.»

Blâmer la Russie est devenu une tendance, alors que l’Europe et les Etats-Unis se sont dotés du droit de jouer les arbitres. Ceci dit, la législation russe ne prévoit pas de peine pour la critique générale de l’Etat ou du gouvernement. Seules les critiques concrètes peuvent être examinées par les tribunaux.

Quant au Code pénal d'Allemagne, trois articles (§90, §90a, §90b) prévoient des peines pour insulte au chancelier, au président, à l’Etat et aux symboles étatiques, allant d’une simple amende à cinq années de prison.

Chaque média possède son propre concept et sa position politique, d’après laquelle il élabore ses publications. Si le journaliste n’aime pas écrire des articles de soutien au gouvernement, il peut changer de travail et trouver un poste dans un média d’opposition. Et en attendant, il n’y a aucune nécessité de cracher dans la soupe. Ce n'est pas de la liberté d'expression, c’est de la liberté de pensée, poursuit Riccardo De Gennaro.

« Même dans les journaux célèbres pour leur liberté d’expression, il y avait une censure, car le journaliste s’autocensure, avant qu’un supérieur ne le lise. Le journaliste écrit pour un média précis, dont il suit la ligne éditoriale. Et lorsqu’il doit écrire sur un fait précis, il doit se tenir à cette ligne, choisie par le propriétaire de ce média. C'est pourquoi, les enseignants des facultés de journalisme proposent à leurs étudiants d’acheter des journaux différents pour se documenter sur un seul et même fait. »

Il semblerait que la notion de « liberté d'expression » a muté et ne correspond plus à son sens initial. Nous assistons à une crise de sens, et nous sommes emportés par les flux d’informations. Les faits sont compilés et personne ne donne sa propre opinion. La liberté d'expression est à la recherche de nouvelles voies de développement dans la nouvelle réalité du 21e siècle.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

La Voix de la Russie

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