L'Occident en contradiction entre la liberté et la survie

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La crise ukrainienne a commencé par l'Euromaïdan, et les personnes réunies à l'époque dans le centre de la capitale ukrainienne affirmaient que le choix européen ne se résumait pas uniquement aux profits économiques et de politique étrangère.

La crise ukrainienne a commencé par l'Euromaïdan, et les personnes réunies à l'époque dans le centre de la capitale ukrainienne affirmaient que le choix européen ne se résumait pas uniquement aux profits économiques et de politique étrangère.

C'est un choix "civilisationnel" ou "axiologique". Ce message demeure central dans les discours des représentants du gouvernement de Kiev. Mais peut-on parler de valeurs par rapport au monde occidental contemporain?

L'article 2 du Traité de Maastricht sur la création de l'Union européenne stipule: "L’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité ; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’État de droit".

Dans quelle mesure les dirigeants européens soutiennent-ils ces principes? En avril 2014, l'Union européenne a signé avec les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, le Japon et bien d'autres pays un Accord sur le commerce des services réglementant 70% du marché mondial des services. Sachant que le document a été classifié pour une durée de cinq ans. Conformément à la législation européenne, les actes juridiques de ce genre doivent être publics. Les informations sur cet accord sont arrivées dans la sphère médiatique uniquement grâce aux publications de WikiLeaks en juin dernier.

Certains intellectuels européens écrivent que ce n'est pas les idées, mais le capital qui dirige les démocraties occidentales. Le capital a pour but le profit et l'argent. Pour le capital les valeurs ne sont qu'un outil, un moyen pour réaliser ses propres intérêts matériels. Comme l'affirment le philosophe slovène Slavoj Zizek, son collègue américain Noam Chomsky, l'auteur de l'œuvre Les bâtards de Voltaire: la dictature de la raison en Occident John Ralston Saul et bien d'autres.

Cela mène au nivellement de la notion telle que les "valeurs". Le nivellement des valeurs, le diktat du capital et la désorientation des citoyens ordinaires conduisent à l'aliénation de l'identité au sein de la société occidentale. Et c'est également ce qu'écrivent pratiquement tous les plus grands intellectuels occidentaux, de Marx à Habermas, Zizek, Chomsky et Saul. L'individu ressent son impuissance et, par conséquent, perd la motivation pour une activité et une responsabilité sociale. Même les manifestations comme celles qui se sont déroulées à travers l'Europe en 2011, écrit Zizek, n'impliquent pas la recherche d'une solution pour un problème quelconque. Il ne s'agit pas tant d'"actions politiques dans le sens premier du terme que d'exigences abstraites adressées à l'Autre, qui est censé agir"…

A l'impuissance s'ajoute l'abandon d'une activité sociale, ce qui renforce la non-liberté extérieure par l'intérieure. Mais l'abandon de la dernière implique également le rejet des valeurs. Seul un homme libre peut avoir des valeurs. Un individu non libre a pour priorité la survie biologique. Par exemple, il n'a pas besoin de la justice qui est proclamée comme une valeur et pour laquelle il faut se battre. Un homme non libre et privé d'activité sociale ne cherche qu'à se nourrir.

En Russie, de la même manière qu'en Occident, on peut trouver beaucoup d'exemples du déni des valeurs. Mais les tentatives de détruire les valeurs de la société russe ont toujours provoqué la réaction de la société. La réaction au nihilisme russe du XIXe siècle a été l'œuvre des slavophiles et de Dostoïevski qui promouvaient la morale fondée sur la culture orthodoxe. Le nihilisme libéral dans les années 1990 a suscité un élan de l'intérêt pour l'"idée russe" et la culture orthodoxe.

La société russe, en dépit de toutes les difficultés de son évolution historique, a toujours eu des valeurs et en aura toujours. Alors que la situation est inverse en Occident. Les plus grands intellectuels européens évoquant la montée de la non-liberté en Occident pointent directement sa cause: c'est le rejet des valeurs et des idéaux humanistes.

 

 

 

 

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