"Le monde occidental, et l'Europe en particulier, déteste la Russie depuis de longs siècles. Cette rivalité politique remonte à Charlemagne et au schisme religieux entre le monde orthodoxe et catholique en 1054. Ce schisme a engendré toute une série de clichés, de préjugés, de stéréotypes d'abord contre les Grecs orthodoxes et ensuite contre les Russes qui avaient repris l'héritage religieux de Constantinople. En 1812, la France a forgé et diffusé le faux "Testament de Pierre le Grand" selon lequel le fondateur de la puissance russe aurait enjoint à ses successeurs de dominer toute l'Europe. Un faux qui, comme les fausses armes de destruction massive de Saddam Hussein, aura servi, pendant tout le XIXe siècle, à justifier les agressions que les Européens, et aujourd'hui les Américains, ont mené et mènent encore contre la Russie: invasions française en 1812, anglaise en 1853, allemandes en 1914 et 1941, américaines et européennes avec l'extension de l'OTAN après 1990, l'attaque géorgienne de l'Ossétie du Sud en 2008, authentifiée par un rapport du Conseil de l'Europe, et le putsch ukrainien du 22 février 2014.
Les Etats-Unis provoquent aussi une américanophobie en Amérique Latine et dans le reste du monde. Ce sentiment est différent de la rhétorique antirusse dans la mesure où Washington dispose d'un soft power beaucoup plus élaboré et efficace, il dispose d'une force de frappe idéologique.
Le conflit se focalise sur l'Ukraine, considérée par les géopoliticiens américains et les stratèges de l'OTAN comme le dernier maillon à conquérir pour casser la puissance russe en Europe. La couverture du Maïdan n'était pas objective dans la presse qui a tout de suite commencé à critiquer la Russie et le président Ianoukovitch comme sympathisant de Moscou. Dans le conflit qui a suivi, l'Europe a distingué les bons et les mauvais: le nouveau régime ukrainien issu du putsch du Maïdan et, à l'Est, ceux qui étaient mécontents, par exemple, de la décision de Kiev d'abolir l'enseignement du russe. C'est un discours purement idéologique qui traduit la mainmise de l'Occident sur l'Ukraine. Maintenant, on retrouve une Europe profondément divisée avec un conflit qui risque de durer pendant des années et de saper la vitalité du Vieux Continent. Si l'Union européenne avait réussi à établir avec la Russie des relations de confiance et de sécurité avec un vrai accord de coopération et de collaboration après la chute de l'Union soviétique, tout cela ne serait pas arrivé. La crise ukrainienne ne sera pas résolue sans un immense effort de compréhension de la part des Européens. Comme pour le conflit israélo-palestinien, il ne s'agit pas de choisir l'un contre l'autre, mais de choisir l'un et l'autre: ce n'est pas l'Ukraine ou la Russie, c'est l'Ukraine et la Russie.Il serait temps de comprendre qu'en rejetant la Russie vers l'Asie, la France contribue à amputer l'Europe de toute une partie de son histoire et de sa culture et à déséquilibrer la construction européenne en faveur de l'Allemagne, de l'Europe de l'Est et des Etats-Unis. Quel sens la construction européenne aurait-elle, si elle se privait d'immense culture russe éminemment européenne?"
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