Réforme scolaire ou de la mort programmée de l'identité française

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Rentrée / Back to school - Sputnik Afrique
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La rubrique « Les décodeurs » du Monde a récemment tiré au clair le fond et la forme de la refonte (fond) et de la réforme (forme) lancées par l'Education nationale. Celles-ci devraient entrer en vigueur dès septembre 2016 et concerneront principalement le collège. Analyse de Françoise Compoint.

Ayant pris connaissance des nouveautés prévues, nous en tirons d'emblée plusieurs conclusions les unes plus préoccupantes que les autres.

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Jusqu'ici structurés selon la logique basique du plus simple au plus complexe ainsi qu'en Histoire selon une logique rigoureusement respectueuse de la continuité, les programmes seront ventilés par des « enseignements complémentaires » incluant des thématiques dites transversales du genre « corps, santé, sécurité » ou « information, communication et citoyenneté ». Au moins deux modules par an seront suivis ce qui laisse supposer qu'aucun d'entre eux ne sera traité en profondeur et pour cause: le caractère ludique de l'enseignement évincera progressivement son caractère didactique. Les élèves, des ados dont l'âge est compris entre 11 et 15 ans, s' « ennuieraient »! Une plus grande fragmentation des programmes contribueraient à leur redonner le goût des études.

S'il est un adjectif qui revient sans cesse dans l'énumération des points clés de cette ré-volution des humanités classiques, c'est bien celui d' « inégalitaire ». Son évocation ouvre automatiquement la voie à la dénonciation du favoritisme et de l'élitisme comme contraires à l'esprit de l'école républicaine. On nous sert en l'occurence, assaisonné de détails déboussolants, un faux débat. Depuis les réformes de Jules Ferry déjà, l'école garantit l'égalité des chances pourvu que l'on veuille apprendre. Ceci dit, cette égalité initiale des chances est par la suite, il est vrai, implacable vis-à-vis des retardataires. Tout le monde n'a pas vocation à décrocher son BAC! Il fut une période, pas si éloignée que cela, où nous pensions quasi-unaniment que la discrimination positive serait une mesure efficace les jeunes des quartiers sensibles ayant moins facilement accès aux bons établissements scolaires. Nous constatons aujourd'hui que cette politique volontariste de mixité sociale frise à tel point l'irrationnnel qu'elle met en échec les principes de cette fameuse excellence française qui fit pendant des siècles la fierté de la France. En découle la suppression projetée des classes bi-langues et leur remplacement par des simulacres du type LV2 dès la 5ème. Reconnaissons tout de même que ce n'est pas pareil! Ce qui saute aujourd'hui aux yeux, c'est que ladite discrimination positive censée flatter l'obsession égalitariste soi-disant républicaine des dernières décennies n'incite pas les faibles à s'aligner sur les forts mais les forts à se réfugier dans cette médiocrité tant flattée par la société de consommation.

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Comme nos collégiens connaissent peut-être trop bien leur Histoire, il faut les sensibiliser avant tout à l'histoire de l'islam ensuite à l'histoire du christianisme et du rôle édificateur qu'il a joué jusqu'à la Révolution de 1789 et plus particulièrement à l'époque médiévale. S'il semble normal que tout jeune Français cultivé sache ce qu'est l'Hégire, il semble anormal qu'il ne connaisse ni Clovis, ni Louis IX ni l'histoire de Notre-Dame à travers les siècles. Imaginerait-on que le Maroc rende facultative l'histoire de l'islam médiéval dans les écoles mais obligatoire l'histoire du christianisme sur la même période? En voilà un délire ubuesque! La suppression des heures de latin et de grec dans le secondaire a fait couler des litres d'encre, il suffit de se rapporter à la lettre ouverte de Jean d'Ormesson à Najat Vallaud-Belkacem! La virulence stylistiquement recherchée du ton adopté dissimule à peine le mépris de l'académicien pour une équipe qui désapprend les jeunes générations à aimer la France.

Enfin, on notera que le zèle déconstructif des auteurs de la refonte dessert en partie leurs intérêts. A quoi bon rendre facultatif l'enseignement des Lumières quand l'inflexion jacobine de Rousseau a posé les bases de la doxa socialiste actuelle? Quel rapport entre l'héritage social des Lumières et le module « Un monde dominé par l'Europe: empires coloniaux, échanges commerciaux et traites négrières »? Utiliserait-on Voltaire à travers le prisme de son époque pour approfondir le sentiment de culpabilité inculqué aux jeunes? L'autoflagellation, quelle belle pratique!

Dans sa « Parole d'Anaximandre » le philosophe allemand Heiddeger affirme que « L'identité est l'actualisation de l'héritage ». Sans doute ne croyait-il pas si bien dire. Nous assistons aujourd'hui à l'annihilation de l'identité à travers l'effacement de l'héritage. Alors quand M. Valls se morfond sur la baisse du budget de la Culture en dénonçant une erreur de début de mandat, on ne puit que hausser les épaules.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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