Terrorisme en France: une autre politique s’impose dans l’arc des crises

© AFP 2023 Thomas SamsonRAID
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Les actes terroristes survenus en France depuis six mois nécessitent une réponse forte, dans l’hexagone comme à l’étranger. Cela passe par une action mieux ciblée des forces françaises et par un retour à une diplomatie conforme à nos intérêts vitaux. L'Analyse de Philippe Migault.

Ceci consiste en premier lieu à assurer la sécurité de nos concitoyens, de nos infrastructures et de nos entreprises, sur notre territoire national comme dans tout « l'Arc des Crises » allant du Maroc à la frontière indo-pakistanaise. Cela implique de ne plus se tromper de menace, ni « d'amis. »

La menace est connue de tous. Elle était au cœur du récent défilé du 14 juillet. Opérations Barkhane en zone sahelo-saharienne, Chammal en Irak, Vigipirate et Sentinelle en France: partout où les armées françaises combattent, sur le territoire national ou à l'étranger, l'ennemi reste l'Islamisme radical sunnite. Nous savons qui le finance: des ressortissants des monarchies du golfe Persique, lorsqu'il ne s'agit pas des autorités de ces pays elles-mêmes.

French President Francois Hollande (L) and French Army Chief-of-Staff General Pierre de Villiers stand in military vehicle during the annual Bastille Day military parade on July 14, 2015 in Paris - Sputnik Afrique
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En conséquence soit nous persistons dans notre alliance avec ces Etats pour des raisons strictement mercantiles —armes, hydrocarbures, nucléaire et investissements « désintéressés » dans nos banlieues- et nous paierons le prix de notre faiblesse. Soit nous opérons un revirement d'alliance et combattons frontalement ceux qui nous menacent, qu'ils s'appellent Kouachi, Merah, Etat Islamique, Al-Nosra ou AQMI…sans ménager davantage leurs complices.

Dans ce combat il nous faut des alliés. L'Iran, avec lequel un accord historique vient d'être conclu, peut et doit être l'un d'entre eux. D'abord parce que le pays a le même adversaire que nous, le fondamentalisme wahhabite. Ensuite parce que les sanctions levées, il va redevenir à moyen terme ce qu'il était jusqu'en 1979 et à la chute du Shah: la première puissance régionale au Moyen-Orient. Vieille et brillante civilisation, peuplée de près de 80 millions d'habitants, fréquemment bien formés, avides de s'ouvrir vers l'extérieur et, souvent, bien disposés envers la France malgré les contentieux qui nous opposent, l'Iran est par ailleurs un relai de croissance en mesure de se substituer à nos clients habituels. Elle doit être au centre de notre diplomatie régionale dans les mois et les années qui viennent.

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Mais l'appui de l'Iran seul ne suffira pas à vaincre le terrorisme sunnite. Il faut former une coalition aux Proche et Moyen-Orient en relançant une politique arabe visant à soutenir les Etats aux orientations laïques et/ou nationalistes, de préférence aux régimes à base confessionnelle. Dans ce cadre il nous faut renouer le dialogue avec Bachar el-Assad. Celui-ci n'est pas un démocrate. Il ne l'était pas davantage lorsque que nous l'avons reçu à Paris, en tant qu'invité d'honneur, le 14 juillet 2008. Mais on ne s'embarrasse pas de scrupules lorsqu'il s'agit de combattre l'obscurantisme et la barbarie. Nous avons besoin de la collaboration des services de renseignement iraniens et syriens pour combattre efficacement le terrorisme. Nous avons besoin du maréchal Al-Sissi en Egypte, des généraux algériens pour détruire les mouvements radicaux en Afrique du nord.

Certes, s'appuyer sur ces régimes revient à favoriser un retour au statu quo ante dans le monde arabo-musulman et à faire le deuil des aspirations démocratiques des populations qui se sont soulevées.

Mais il ne faut pas se leurrer. Nulle part les Printemps Arabes n'ont débouché sur une alternative démocratique solide. Ceux qui se réjouissaient de l'heureux déroulement des dernières élections présidentielles tunisiennes ont vu leurs illusions se fracasser sur les attentats du Bardo et la boucherie de Sousse. La rive sud de la Méditerranée, dont une partie du littoral est contrôlée par l'Etat islamique, à 350 kilomètres des côtes européennes, nous est chaque jour un peu plus hostile. Nous sommes désormais confrontés à l'afflux quotidien de milliers de réfugiés sur nos côtes, à une crise sanitaire et sécuritaire susceptible de déstabiliser à son tour notre société. Il ne nous reste d'autre choix que d'intensifier la guerre que nous menons déjà afin de réparer les dégâts dont nous sommes, pour une bonne part, responsables. 

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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