Merkel veut renvoyer les réfugiés chez eux

© REUTERS / Kai PfaffenbachAngela Merkel
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Il y aura beaucoup de choses à attendre une fois Daech réduit à néant : en France, la levée de l’état d’urgence, en Allemagne, le renvoi des réfugiés dans leur pays d’origine..

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En effet, Merkel durcit les mesures d'accueil des migrants, alors que l'Europe ne s'est toujours pas dotée de politique d'asile commune. Après avoir accueilli 1.1 millions de réfugiés, la chancelière a déclaré que la plupart d'entre eux se verront accorder une « protection temporaire », limitée à trois ans, et non pas le statut de réfugiés. Ils pourront rentrer en Irak ou en Syrie, une fois Daech éradiqué, une fois la paix rétablie. Stephan Martens, chercheur à l'IFRI et spécialiste de l'Allemagne, explique cette décision par l'insatisfaction croissante de l'entourage de Merkel:

Vu l'afflux de réfugiés et migrants venus de Syrie et d'Irak ces derniers mois, Merkel a pris cette mesure dans l'urgence, vu la pression des Länder et des ministres présidents des Länder, qui ont fait savoir qu'ils ne pourraient plus accueillir en nombre massif ces réfugiés. Donc c'est une mesure provisoire, qui en principe ne sera pas étendue à long terme. C'est provisoire pour en effet éviter qu'il y ait des soucis, des problèmes au niveau de l'accueil.

L'Allemagne engage plusieurs réformes du droit d'asile. Un nouveau texte devrait être bientôt adopté, qui prévoit un durcissement des règles du regroupement familial et la création de centres pour demandeurs d'asile venant de pays dits « sûrs » et ne pouvant prétendre au statut de réfugiés. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie pourraient faire leur entrée sur la liste des pays sûrs même si le nombre de demandeurs d'asile en provenance de ces pays augmente. Isabelle Bourgeois, rédactrice en chef de la revue « Regards sur l'économie allemande », réfute le terme de « durcissement » concernant la position de Merkel. Pour elle, cette nouvelle orientation est une réponse politique aux autres pays de l'UE qui manquent à leur responsabilité:

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Il n'y a pas de durcissement, on ne peut pas employer le terme de durcissement en ce qui concerne la politique migratoire allemande. Il y a tout simplement une inflexion prévue dans le cas où les autres états membres de l'UE ne prendraient pas leur responsabilité, comme ils le devraient pourtant. La situation est difficile actuellement, ça c'est certain. L'Allemagne est le pays qui accueille le plus de migrants. Plus d'un million sont arrivés l'an dernier: ils ne sont pas tous enregistrés, on ne les connait pas bien encore. Il est certain que tous n'auront pas droit, et de loin, au droit d'asile en Allemagne. Donc il faut arriver à gérer la situation au mieux de manière à ce que ceux qui vont pouvoir rester sur le territoire allemand puissent s'intégrer dans la société allemande: apprendre la langue, trouver du travail, créer une vie, s'épanouir.

Difficile de savoir à l'heure actuelle quel migrant bénéficiera du statut de réfugié ou de la protection temporaire. Il existe une directive européenne qui date de 2001 et prévoit un mécanisme de protection temporaire en cas d'afflux massif d'exilés, situation à laquelle l'Europe est confrontée. Cette directive prévoit la possibilité de mettre en place une protection temporaire de trois ans. Et à l'issue de ces trois années, les personnes peuvent être amenées à rentrer chez eux. En septembre dernier, Nicolas Sarkozy proposait la création d'un statut de « réfugié de guerre » provisoire. Raillé, on lui opposait un statut déjà existant en France, nommé « Protection subsidiaire »: il s'applique aux personnes soumises à des menaces grave et individuel, en raison d'une violence résultant d'une situation de conflit armé interne ou international, c'est-à-dire une situation de guerre. La personne peut bénéficier d'une carte de séjour valable un an et renouvelable pour une durée de deux ans. Est-ce que la France pourrait finir par se calquer sur l'Allemagne, comme elle l'a souvent fait depuis le début de la crise? Pour Stephan Martens, il est difficile de se prononcer, vu l'embarras général:

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Je crois que vraiment pour l'instant, nous sommes dans une politique à court terme. Il n'y a pas de stratégie. Les propositions fusent ici et là, mais est-ce que la France se mettra d'accord avec l'Allemagne sur tel ou tel point, c'est difficile à dire. En France, il y a eu une politique d'intégration qui a été mise en place dans les années 50-60. En Allemagne, il n'y a jamais eu de politique d'intégration, mais une politique d'accueil de travailleurs invités. La politique d'intégration de l'Allemagne n'existe que depuis quelques années. C'est très difficile de se mettre d'accord sur une politique qui est délicate à mettre en place. Et vu les guerres dans le voisinage de l'Europe, on n'est pas prêts à trouver de solutions qui pourront accorder tout le monde. Encore une fois, les intérêts, les stratégies des pays de l'UE divergent malgré tout.

L'Allemagne espère encore que les autres pays européens prendront eux aussi leurs responsabilités: la chancelière a toujours considéré que la France et d'autres pays européens était frileux concernant l'accueil de migrants. Pour l'heure, la politique d'asile commune est encore un vaste chantier.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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