Orlando: quand le FBI suspecte des radicaux, mais les laisse s’armer

© AP Photo / Phelan M. EbenhackLa fusillade d’Orlando
La fusillade d’Orlando - Sputnik Afrique
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La fusillade d’Orlando est la 173e aux États-Unis depuis le début de l’année. 49 morts, 53 blessés pour ce seul attentat, pour 5800 victimes d’armes à feu en 2016. Des chiffres poignants et pourtant, à chaque massacre, la question du port d’armes est soulevée pour être rapidement abandonnée.

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Orlando. Le 12 juin restera gravé dans la mémoire de ceux qui étaient présents au Pulse et dans celle de proches. Une tuerie sans précédent pour les USA, la plus meurtrière depuis le 11 septembre. Sputnik a contacté une jeune femme qui venait de quitter la boîte de nuit juste avant que le drame ne commence:

"Je n'ai pas vu l'attaque, car je suis sortie littéralement 30 secondes avant que le tireur ne rentre dans la boîte de nuit. J'étais sur le parking quand les tirs ont commencé, mais on n'aurait pas dit que c'était des bruits des tirs à cause de la musique qui était encore très forte. Au début, on aurait dit que cela faisait partie de la musique et tout d'un coup tout le monde s'est mis à courir et à se ruer hors du club. Il y avait des gens en sang, c'était vraiment horrible."

Omar Mateen, l'auteur du carnage, a ciblé le club gay le plus couru de Floride, où plus de trois cents personnes profitaient de leur samedi soir. Les autorités américaines parlent d'un acte de terreur, mais rappelons-nous que l'homme de 29 ans a été interrogé par le FBI trois fois entre 2013 et 2014: il était surveillé pour ses liens présumés avec le terrorisme et pourtant, il n'avait pas un, mais deux permis de port d'armes et travaillait pour une entreprise de sécurité s'occupant notamment de garder des bâtiments fédéraux.

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Donc la nuit du 11 au 12 juin, Omar Mateen pénètre dans le club Pulse armé d'un fusil d'assaut AR-15, d'un pistolet et de plusieurs chargeurs de rechange et il ouvre le feu. Comment est-il possible qu'une personne déjà suspectée par le FBI ne soit pas davantage surveillée? Vincent Michelot, spécialiste en histoire politique des États-Unis, explique que seul le casier judiciaire peut s'interposer entre une arme à feu et son futur propriétaire:

"La question n'est pas simplement que quelqu'un qui est suspecté d'acte terroriste ait accès librement à des armes à feu, c'est surtout que le droit d'acheter des armes et de les porter est protégé à la fois par la constitution des USA et par des lois des États, qui sont en général très protectrices du droit des citoyens à porter des armes. On est là dans un régime très libéralqui montre ses limites. Mais on ne peut pas dire que ça soit particulièrement un dysfonctionnement dans ce cas-là: les armes tombent aussi dans les mains de malades mentaux ou de gens qui ont été condamnés dans d'autres États et que l'on pas pu vérifier. Le système est totalement dysfonctionnel, le système marche à l'avantage des porteurs d'armes et on en a encore une illustration tragique."

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Selon les dernières statistiques, l'attentat d'Orlando est la 173e fusillade aux États-Unis, qui porte le bilan à 5800 victimes d'armes à feu, le tout pour la seule année 2016. Cela révèle un cercle vicieux qui ne mène nulle part: car plus il y a de tueries, plus l'opinion publique américaine défend le port d'armes. D'après Vincent Michelot, même les autorités américaines n'arrivent pas ou ne veulent pas s'en occuper:

"Il faut faire preuve d'un pessimisme absolu dans la possibilité de réforme, à fortiori pendant une période de campagne électorale, telle qu'elle existe aujourd'hui aux USA. Il est strictement impossible d'envisager toute forme de réforme dans les six à neuf mois qui viennent. Ensuite viendra l'installation d'un nouveau président ou de la nouvelle présidente,qui ne consacrera pas son capital politique nouvellement acquis à une telle réforme. C'est n'est pas uniquement un appareil législatif,mais c'est un droit constitutionnel et pour amender la constitution aux USA, cela réclame non seulement une majorité qualifiée des deux tiers dans chacune des deux chambres, mais il faut aussi une ratification dans les trois quarts des États. Et puis, il faut qu'une volonté politique apparaisse, et c'est peu probable."

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La tuerie a été revendiquée par Daech, mais c'est surtout Omar Mateen lui-même qui fait le lien entre l'organisation terroriste et son geste. Il a en effet appelé le 911 (les services d'urgence aux États-Unis) juste avant l'attentat pour revendiquer son allégeance au groupe terroriste. Pour le moment, le FBI n'a dévoilé aucune preuve de liens entre Omar Mateen et Daech, bien que l'agence fédérale connaisse bien le meurtrier puisque, rappelons-le, ils l'avaient déjà interrogé au moins trois fois.

En attendant que le gouvernement américain se penche plus sur le droit du port d'armes, depuis le mois de janvier, 164 jours ont été marqués aux États-Unis par une ou plusieurs morts causées par des armes à feu.

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