Législatives au Maroc: quelles chances pour l’alternance?

© AFP 2023 Fadel SennaLégislatives au Maroc
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16 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce vendredi 07 octobre. Vont-ils renouveler leur confiance au parti islamo-conservateur, vainqueur du scrutin législatif de 2011? Si les regards occidentaux sur les libéraux du «Parti Authenticité et Modernité», leurs chances semblent minces.

Près de 16 millions de sujets marocains sont appelés aujourd'hui aux urnes pour élire leurs députés. Des élections sous la vigilance de 4 000 observateurs nationaux et étrangers, mais aussi des médias internationaux.

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Des élections aux enjeux multiples. Tout d'abord, au niveau de la politique intérieure: la constitution de la chambre des représentants (la chambre basse du parlement du royaume) déterminera le chef du gouvernement, le roi étant amené à désigner un Premier ministre issu des rangs du parti qui ressortira vainqueur du scrutin. Si ce scrutin suscite l'intérêt des médias internationaux, c'est qu'il s'agit de renouveler la chambre élue en 2011 — à la suite des élections anticipées décidées par le roi Mohammed VI dans le contexte des « printemps arabes » — et qui avait vu la victoire du parti Islamo-conservateur « Parti de la Justice et du développement ».

A cette occasion, toute l'attention des observateurs se porte principalement sur deux forces en présence: le parti islamo-conservateur « Parti de la justice et du développement » ou PJD dont est issu l'actuel Premier ministre Abdelilah Benkirane et d'autre part le Parti authenticité et modernité — PAM, qualifié de libéral et fondé par Fouad Ali Al-Himma, un proche du roi dont il fut le ministre de l'Intérieur. Le tout dans un rapport de force tout à fait incertain, les sondages préélectoraux ayant été interdits par les autorités marocaines quelques semaines avant le début de la campagne électorale.

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Une affiche qui est tout de même assez étonnante: car le PAM — présenté comme l'outsider du parti islamo-conservateur — n'était arrivé que 4e en 2011, avec un 11,90 % des suffrages… loin derrière le Rassemblement national des indépendants (RNI), de centre-droit et ses 13,16 %, mais surtout le Parti de l'Istiqlal (PI) avec 15,19 %, un parti qualifié de droite conservatrice — qui s'était allié jusqu'en octobre 2013 aux islamo-conservateurs du PJD, lequel avait rassemblés en 2011 plus de 27 % des voix raflant 107 des 365 sièges à la Chambre des représentants, en net progrès par rapport aux 47 sièges obtenus en 2007.

Si ceux qui espèrent voir une alternance politique s'opérer aujourd'hui soulignent les résultats électoraux du PAM de l'an passé lors des élections locales — où il avait effectué une importante percée — en face, ce n'est pas parce que le parti islamique est aux responsabilités qu'il s'attend pour autant à un quelconque vote sanction… bien au contraire! Interrogée par France24, Soumia Benkhaldoun — membre du Secrétariat général du PJD — met en avant le bilan gouvernemental très positif et se dit « très confiante » quant à une victoire « haut la main ».

Tant est si bien que pour Kader Abderrahim — Chercheur à l'IRIS et maître de conférence à Sciences-po Paris- les islamo-conservateurs devraient l'emporter, la question étant « quelle sera l'ampleur de leur victoire ? »

Par conséquent, l'autre point significatif sera l'abstention. Généralement forte au Maroc, elle avait été de 54 % en 2011 et aujourd'hui rien ne semble indiquer une inversion de cette tendance. Pour certains experts, chaque abstentionniste de moins serait un vote qui pourrait contrebalancer le PJD.

Autre point, peu évoqué, c'est la part que les 4 millions et demi de marocains vivants à l'étranger, ne jouera pas dans ces élections. Une diaspora marocaine, établie dans plus de 100 pays sur les cinq continents, dont la majorité en Europe et tout particulièrement en France, en Espagne et en Belgique.

Des diasporas qui pèsent lors des échéances électorales dans d'autres pays. Tous ont en mémoire la victoire d'Ennardha en Tunisie — un mois avant la victoire du PJD. Ennardha, porté au pouvoir notamment grâce aux 30 % des 119 468 suffrages exprimés en sa faveur dans l'hexagone, où vivent plus de 500 000 ressortissants tunisiens.

Les premiers résultats de ces législatives marocaines de 2016 sont attendus dès la fermeture, ce soir, des bureaux de vote.

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