François Hollande est-il «mort»?

© REUTERS / Yoan ValatFrançois Hollande
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Le Président François Hollande apparaît désormais comme politiquement mort. C’est le résultat de la multiplication de ses erreurs et de ses fautes commises depuis les quatre ans et demi qu’il exerce son mandat.

Quand il a décidé de faire voter le Traité sur la Coopération et la Gouvernance, le TSCG, en septembre-octobre 2012, il a mis de lui-même sa tête sur le billot. C'est aussi le produit de sa pratique, dénoncée par l'un de ses anciens ministres, Arnaud Montebourg pour le nommer, qui consiste à mentir en permanence à tout le monde, ou plus précisément à dire à chacun ce qu'il croit que cette personne veut entendre même si cela n'a aucun rapport avec ce que pense François Hollande. C'est la conséquence du profond mépris dans lequel il tient les français et que révèle les propos qui lui sont attribués dans plusieurs livres, et qu'il n'a pas démentis.

Les conséquences de cette situation, alors que la France traverse une crise politique grave, sont potentiellement dramatiques.

François Hollande, le pestiféré de la « gauche »

Le Président François Hollande apparaît comme politiquement mort non pas tant en raison des désastreux résultats des derniers sondages. Bien sûr, une proportion de seulement 4% de français satisfaits de son action est calamiteuse. Elle est inconnue jusqu'alors et correspond au plus mauvais sondage de l'ensemble des présidents de la Vème République. Elle l'est d'autant plus que l'on se rappelle les déclarations de François Hollande lui-même sur la nécessaire base de popularité qu'il faut à un président pour pouvoir gouverner. Mais, ce n'est pour cela que François Hollande apparaît désormais comme politiquement mort.

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Son incapacité à conserver le contrôle sur le parti dit socialiste, l'écoeurement et la désaffection de ses plus proches amis et alliés politiques apparaît comme beaucoup plus significative. Car, l'on peut être un Président particulièrement impopulaire et conserver au moins la capacité d'influer sur qui sera son successeur, si ce n'est à la Présidence de la République mais du moins dans son propre camp. Or, cette capacité, il semble bien que François Hollande l'ait perdue de manière décisive dans ces derniers jours. Il apparaît désormais que quelque soit la personne qu'il cherche à appuyer, il entraînera cette personne dans sa chute. Au-delà, même des personnes ayant rompu publiquement avec François Hollande, mais qui peuvent être de quelque manière que ce soit associées à son action subissent en tout ou partie le discrédit qui le frappe. François Hollande apparaît comme le pestiféré de la gauche, le porte-poisse.

Cela va cependant bien plus loin que de simples questions de personnes, et l'on sait pourtant à quel point ces dernières comptent dans un espace où la politique se réduit justement à une personnalisation excessive. Que François Hollande touche à une idée, et il la discrédite elle aussi. Qu'il s'empare d'une proposition et cette dernière devient un repoussoir. Il y aurait bien quelque chose de tragique dans la situation de l'actuel occupant de l'Elisée si celui-ci n'était profondément ridicule.

François Hollande au miroir de Mitterrand

On pourrait comparer cette situation à celle que connaissait François Mitterrand dans les dernières années de son second mandat. Il est clair que François Hollande espère jouer de cette comparaison. Mais, on ne compare pas un gros chat avec un grand fauve. Il y avait chez François Mitterrand, dont l'expérience politique allait de la guerre à la fin du gaullisme, un cynisme que n'excluait pas une vision — quoi que l'on en pense — de la France. C'est ce qui justifiait ses méthodes de Machiavel. Mais, François Hollande s'il est homme de combinaisons ne s'est guère hissé au-dessus de celles d'un conseil général.

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On dira que le style c'est l'homme ; et il est vrai François Hollande paye au prix fort son incompréhension pour ce qu'exige la fonction. Il n'y a pas de président « normal », et encore moins de président qui puisse céder à son bon plaisir sans avoir à en payer le prix. François Hollande, quand il affirmait vouloir faire une présidence « normale », a confondu le « normal » avec le « commun ». Il aurait dû, il aurait pu, choisir le registre de la simplicité personnelle. Mais, cette simplicité, qui est une vertu républicaine, entrait en contradiction avec ses aspirations et son style de vie. De cette erreur, il ne s'est jamais relevé dans l'esprit des français qui comprennent bien intuitivement, à quel point il dégrade la fonction présidentielle. Sa fascination pour les journalistes le confirme. Il apprend, mais au peu tard et à ses dépens, que la fonction de Président n'est pas un métier de la communication, que l'on n'occupe pas l'Elysée pour le plaisir narcissique de la revue de presse matinale.

On pourrait à son propos paraphraser l'oraison funèbre de Félix Faure prononcée par Georges Clemenceau : « Il se prenait pour Mitterrand mais il n'était qu'une pâle copie de René Coty ».(1)

François Hollande est donc politiquement mort, mais il l'a bien cherché. Il ne doit s'en prendre qu'à lui-même. Il pourrait cependant trouver une voie honorable dans cette déplorable situation. En actant publiquement de sa mort politique, en reconnaissant rapidement qu'il ne peut prétendre se représenter aux suffrages des français, en disant de manière claire qu'il n'interfèrera en aucune manière avec le choix d'un futur candidat issu de son propre camp, en se contentant politiquement d'expédier les affaires courantes pour laisser à son successeur une place aussi nette que possible, il pourrait retrouver si ce n'est une autorité, du moins une dignité. Encore faudrait-il qu'il comprenne les causes du mal qui le frappe.

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De cela, il est possible d'en douter. L'homme s'avère incapable de véritable autocritique. Il cherchera jusqu'à la fin à rester dans le registre de la combinaison à double fond, celle où l'on finit par tomber sur un soutien-gorge, à confondre le politique avec la politique et la politique avec la manipulation. Il est alors appelé à devenir un président-zombie. Il est condamné à cette déchéance parce qu'il n'a pas de projet autre que sa propre promotion ; il ne choisit pas, il gère. Il gère à la petite semaine, il gère au coup par coup, sans conscience ni volonté de penser aux lendemains. Les lamentables acrobaties auxquelles il s'est livré sur la question du chômage, sa réaction face aux problèmes de l'usine Alstom en témoignent.

Réduit à l'état de cadavre politique, incapable d'en prendre acte et de se laisser politiquement enterrer avec dignité, François Hollande va continuer à répandre ses miasmes dans la vie politique française, que ce soit en politique intérieure ou en politique internationale. Le discrédit qui le frappe est évident, mais désormais il contamine la France qui n'est plus écoutée, à défaut d'être entendue — comme l'on peut le constater sur divers dossiers internationaux — qui n'est plus respectée et dont l'Etat s'effrite de plus en plus vite, comme on a pu le constater avec les manifestations illégales des policiers.

François Hollande est devenu un véritable problème pour la France. Au-delà, on mesure tout ce qu'un hollandisme 2.0, comme avec Alain Juppé, ou un autre des potentiels candidats des « Républicains », poserait comme problèmes et couterait à notre pays. L'enjeu de l'élection présidentielle de 2017 va donc bien plus loin, et plus profond, qu'un changement d'homme, ou qu'une inflexion de politique. Cet enjeu est bien celui d'une véritable refondation de notre système politique et de notre Etat.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.


1. Dont on connaît le mot assassin: « Il se prenait pour César, il mourut Pompée ».

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