«Le rapprochement entre Washington et Moscou est plutôt une bonne nouvelle pour l'Europe»

© REUTERS / Stevo VasiljevicEin Plakat mit Donald Trump und Wladimir Putin in Danilowgrad, Montenegro
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L’année 2017 présente de nombreux dangers. La présidence Trump reste incertaine, la crise migratoire se poursuit, la fin de Daesh ne sera pas celle du terrorisme, la Chine se sent menacée par le protectionnisme américain. Tour d’horizon avec Pascal Gauchon.

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2016 nous a livré un lot de sacrées surprises. Tout le monde a ressenti, dans un sens ou dans un autre, le choc du Brexit, de Trump et dans une moindre mesure, bien évidemment, celui de François Fillon. Et puis dans nos voisinages proche-oriental, nous avons assisté au renversement de situation en Syrie, avec la chute d'Alep. Bref, quelque chose se passe dans notre monde, à travers le monde. Peut-être vivons nous un entre-temps, un basculement… Mais alors vers quoi ?

Certains s'effraient de l'avenir, et d'autres veulent le comprendre. Parmi ces dernières personnes, on trouve le géopolitologue Pascal Gauchon, Rédacteur en chef de la revue Conflits, dont la Une est consacrée ce mois-ci à « 2017, l'année de tous les dangers ».

Ecoutez l'intégralité de l'entretien :

Quelques extraits:

Le rapprochement entre Moscou & Washington

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« La possibilité d'un rapprochement entre Washington et Moscou existe. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car l'Europe n'a aucun intérêt à ce qu'une sorte de nouvelle guerre froide s'installe sur son territoire — une guerre froide qui s'est déjà installée. Pas aussi radicale que celle des années 50, elle ressemble davantage à la ‘guerre fraiche', mais le véritable problème est de savoir si le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie est possible. Poutine y a tout intérêt. La guerre tiède l'a forcé à se rapprocher de la Chine, et je ne crois pas que cela soit dans l'intention de Poutine de rendre la Russie excessivement dépendante de la Chine. La Russie est entre deux, elle est entre Europe et Asie, elle n'a pas intérêt à se couper d'une des ouvertures dont elle bénéficie. »

« Pour Trump, j'ai davantage d'interrogations. D'abord parce qu'il est peu prévisible. (…) Il y a des forces puissantes qui ne veulent pas d'un tel rapprochement. Pourquoi? Peut-être par idéologie — c'est tout le courant néoconservateur, qui a décidé de faire de la Russie son principal adversaire, plutôt que d'autres menaces comme l'islamisme ou la Chine. Peut-être par intérêt : un affrontement avec la Russie suppose qu'on se dote d'un armement extrêmement sophistiqué, et peut-être y a-t-il des milieux économiques que la tension se réduise (…) Trump n'aura pas le soutien de toute une partie de l'Etat profond américain. »

Crise migratoire

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« Il y a deux grandes solutions: celle de la fin de Schengen, que chaque pays reprenne le contrôle de ses frontières, et l'autre, proposée récemment par Monsieur Fillon ou Monsieur Macron: créer un super Schengen, maintenir le principe de libre circulation à l'intérieur de l'UE mais donner des moyens à l'agence Frontex pour qu'elle puisse contrôler les entrées. Tout cela ne sera pas suffisant sans la création de ‘hotspots' en dehors du territoire de l'UE. Une fois que les migrants arrivent, qu'ils sont installés, qu'on analyse leur demande d'asile. On sait très bien que les faire repartir ensuite, même si la demande d'asile est refusée, est extrêmement difficile. Si nous n'avons pas d'accords avec les pays frontaliers de l'Union Européenne : Turquie, Libye, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, etc., avec ces ‘hotspots' et le principe selon lequel ces pays reprennent les migrants qui ne relèvent pas du droit d'asile (…) il n'y aura pas de solution réelle à cette crise des migrants ».

Le Proche-Orient

« La fin de Daesh tel que nous le connaissons est en effet programmée. Les coups de butoir à l'Est et à l'Ouest vont bien réduire les moyens de Daesh. Le véritable problème, c'est que vont faire les djihadistes et leurs responsables une fois qu'ils auront perdu le contrôle du Nord-Ouest de l'Irak et de l'Ouest de la Syrie. Ces combattants peuvent revenir dans les pays européens. »

La Turquie d'Erdogan

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« Il s'est constitué un triangle entre la Russie la Turquie et l'Iran. Assez étonnant, car ces pays ont des contentieux anciens — la frontière entre l'Arménie (alliée de la Russie) et la Turquie, le conflit entre les empires ottoman et perses (…) des intérêts, et puis des orientations religieuses très différentes. Sur la Syrie, les positions ont été longtemps totalement divergentes. Qu'est-ce qui a rapproché ces trois pays? Tancrède Josseran l'avait annoncé il y a neuf mois: un rapprochement entre la Turquie et la Russie. Il partait de l'idée que ces pays idéologiquement ont un point de vue comparable : ce sont des régimes qui refusent le système libéral venu des Etats-Unis, caractérisés par une certaine forme d'autoritarisme, qui sont profondément identitaires. L'Iran peut être caractérisé par les mêmes formules. Face à un Occident qui prétend répandre à travers le monde son modèle politique et social — dont nous estimons être le meilleur, et nous avons de très bons arguments, mais tout le monde n'a pas forcément le même avis. Les trois pays pouvaient se rapprocher. Il fallait pour cela un événement majeur : le coup d'état contre Erdogan. Coup d'Etat dont les dirigeants turcs sont persuadés que Washington n'était pas ignorant — il paraît difficile qu'une partie importante de l'armée turque ait tenté un coup d'Etat sans que l'armée américaine n'ait été au courant compte tenu des liens étroits entre les deux armées. L'idée que les Américains jouaient un double-jeu l'a rapprochée de la Russie. »

La Chine

« L'escalade est extrêmement probable [en Asie]. Puisque Trump, à l'inverse de la position américaine jusqu'à son élection, risque de désigner comme rival non la Russie mais la Chine. Le protectionnisme ne peut qu'irriter Pékin. Est-ce que les chinois vont faire le dos rond et continuer à renforcer leur puissance économique et militaire en attendant des jours meilleurs ? »

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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