Geert Wilders condamné au déclin?

© REUTERS / Dylan MartinezGeert Wilders
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Le leader populiste néerlandais a échoué à vaincre Mark Rutte et le VVD. Selon notre envoyé spécial à La Haye, la perspective d’un déclin inexorable de Wilders devient crédible, et avec lui l’apparition de nouvelles figures populistes.

Grande déception dans le camp de Geert Wilders, le leader populiste du PVV, le parti de la liberté néerlandais. Avec 13 % des suffrages exprimés, il n'obtient que 20 sièges sur les 150 que compte le Parlement. Bien qu'il ait gagné trois points et cinq sièges en cinq ans, tandis que le Parti populaire, libéral et démocrate de Mark Rutte en perd 8 et n'en obtient que 33, cette progression ne reflète qu'imparfaitement les circonstances. En définitive, Wilders ne sera pas l'étape intermédiaire entre le Brexit et Marine Le Pen en France.

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Mais pourquoi? Ne pouvait-il pas compter sur une dynamique? Depuis deux ans, certains sondages le créditaient de dix sièges de plus que le parti de Rutte. Mais ce dernier a su s'imposer: selon nos sources, d'anciens élus du PVV, « la polémique turque de la semaine passée a joué en sa faveur ». L'opinion publique a apprécié son Premier ministre qui a su « faire preuve de fermeté face à un dirigeant étranger jouant la confrontation et insultant les Pays-Bas ».

Un parti excessivement centralisé

Plus encore, le résultat refléterait une tendance de plus en plus remarquable depuis 2014. Wilders comptait 24 sièges en 2010 et, toujours selon nos sources, il serait désormais « condamné au déclin » et « ne pourra plus revenir ». Les critiques fusent à son encontre: son charisme masquerait difficilement sa gestion catastrophique des hommes, son refus d'intégrer des cadres compétents qui lui feraient de l'ombre.

Sa condamnation en 2016 pour des propos tenus en 2014 sur la communauté marocaine pourrait être comprise comme le début de la fin. « Le voile se lève », nous ont confié nos sources: dans l'absolu, « Wilders ne veut pas véritablement gouverner » — une critique identique à celle formulée en France à l'encontre de Jean-Marie Le Pen. Son incapacité à dépasser le rôle du tribun — et les déclarations fracassantes qui l'accompagnent — serait sa perte, après avoir été la source de son succès. Un scénario pour le moins classique pour les partis populistes n'entretenant qu'une opposition stérile au pouvoir.

L'électorat comprendrait en effet « l'inutilité d'un vote pour lui ». « Les défections risquent maintenant de se multiplier »: les élus du PVV pourraient rejoindre à court et moyen terme d'autres partis, emportant avec eux leur siège au Parlement néerlandais.

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Engagé en politique depuis qu'il a 27 ans, Wilders est aujourd'hui âgé de 53 ans et dirige le parti depuis treize ans — parti qu'il a de surcroît fondé. « Le PVV est centré autour de sa personne », nous explique-t-on. Avec lui, c'est le Parti de la Liberté dans son ensemble qui serait condamné: aucun dirigeant ne pourrait en effet le remplacer. Il aurait pris soin de rendre cette hypothèse impossible. Les commentateurs soulignent toutefois que Wilders pourra toujours compter « sur cinq élus » à long terme, même si le déclin se poursuit.

Vers un nouvel homme providentiel?

Mais cela condamne-t-il pour autant le populisme aux Pays-Bas? Clairement, non: les Pays-Bas sont un terreau fertile pour ce courant. Ainsi est-il crucial de scruter les nouveaux venus — le système proportionnel néerlandais rend les nouvelles initiatives aisées.

Peut-être faudra-t-il compter sur Thierry Baudet, un autre populiste récemment entré dans l'arène politique, qui vient de remporter deux sièges avec le Forum pour la Démocratie créée de fraîche date. Une entrée discrète, mais non dérisoire: deux sièges suffisent pour construire une dynamique dans ce pays. Ce jeune souverainiste, partisan de la démocratie directe, attise déjà les curiosités: très intellectuel, Baudet rappellerait à certains Pim Fortuyn, le leader populiste assassiné en 2002… dont les Néerlandais seraient nostalgiques.

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