Être ou ne pas être postmoderne, telle est la question! Question facile, j'en conviens, mais question utile, car notre époque, notre époque postmoderne donc, n'est pas simple… Présent «complexe», dit-on, car peut-être présent surprenant.
Basculement, disais-je, car le meilleur moyen de comprendre notre temps est sans doute de le percevoir comme un entre-temps, comme une époque charnière. Des valeurs apparaissent et estompent celles que l'on tenait pour acquises. Bon, une fois ce premier constat posé, nous pourrions faciliter l'analyse en convoquant un philosophe postmoderne, ou un philosophe de la postmodernité: Michel Maffesoli, qui vient de publier un nouvel essai aux éditions du Cerf, Être postmoderne.
Extraits:
«Il y a de grandes époques, qui durent trois, quatre siècles. Entre les époques, il y a des périodes: c'est là où ça grouille, où les changements s'opèrent. Nous sommes dans cette période intermédiaire. Nous sommes en train de quitter l'époque moderne, qui commence avec le XVIIe siècle, et d'entrer dans une autre, qu'on ne parvient pas à nommer. C'est pour ça qu'on dit "postmodernité". Pour mémoire, jusqu'en 1848, on ne disait pas "modernité". C'est Baudelaire qui emploie le premier ce terme. Ce n'est que quand quelque chose devient sûre d'elle-même qu'on peut lui donner un nom: la Renaissance, la Modernité, avant le Moyen-âge… faute de mieux, on parle de postmodernité, pour dire qu'on est dans un grand moment de mutation. Les grandes valeurs qui nous avaient animées, le fondement même de nos institutions, de la construction individuelle sont en train de cesser. Il y a une manière de le dire très simple pour l'exprimer: la crise. Tout d'un coup, les repères qui étaient les nôtres ne fonctionnent plus. L'individu, la raison, le progrès [laissent place à, NDLR] la communauté, l'émotion et le présent: voilà ce qui est en train de se passer: cela est angoissant, on voit ce que l'on quitte. Mais après tout, il y a eu d'autres grands moments culturels où la communauté a prévalu, où les émotions ont joué un rôle important, où le présent était indéniable. [Je pense] très précisément à la Renaissance.»Entretien avec @michelmaffesoli, le philosophie du verre à moitié plein (de la modernité) https://t.co/PIGWPhsjgz pic.twitter.com/DI501xgSUP
— EdouardChanot (@edchanot) 8 февраля 2018 г.
Une intelligentsia déphasée
«Cette crainte par rapport à ce qui est en train de naître est avant tout le fait de la société officielle: ceux qui ont le pouvoir de dire ou de faire: les journalistes, l'intelligentsia, les politiques, les experts… À mon sens, ils sont complètement déphasés. Pourquoi? Ils restent sur les grandes valeurs qu'on est en train de quitter. La société officieuse a de la vitalité. Il y a ce décalage entre l'officiel et au contraire cette société officieuse où il y a un vitalisme extraordinaire. Là actuellement, on sait que c'est difficile de trouver du travail ou un logement. Et pourtant, ça vit! Soyons attentifs à cette vitalité.»
Combats sanglants
«Quand il y a cette situation, il y a des combats d'arrière-garde: à la fois le fanatisme djihadiste, ou le féminisme, si je m'amuse à faire une comparaison entre les deux sont de mon point de vue des combats d'arrière-garde. Ils pressentent que le combat est perdu. Or les polémologues le savent bien: ces combats sont les plus sanglants. Quand on pressent que quelque chose est perdu, on tue. Il est certain que la grande conception d'un monothéisme intransigeant n'est plus à l'ordre du jour. Pour le féminisme, c'est un peu pareil: les vieilles peaux qui défendent des valeurs légitimes il y a une trente-quarantaine d'années, mais qui ne sont plus en phase avec les jeunes générations…»
Retour des tribus et des traditions selon @michelmaffesoli. Il vous énervera peut-être, raison de plus pour l'écouter! https://t.co/PIGWPhaIp1 pic.twitter.com/SYBkFmGoub
— EdouardChanot (@edchanot) 8 февраля 2018 г.
Réactionnaire?
«Je ne lis plus trop la presse, mais je sais qu'il y a débat actuellement sur les nouveaux conservateurs. Je dis "réactionnaire" dans le vrai sens du terme: dans le fond, celui qui va rendre attentif à la tradition. J'avais appelé ça "l'enracinement dynamique". La plante humaine ne peut croître que s'il y a des racines, la plante humaine ne peut exister que s'il y a des racines. Notre progressisme benêt nous a fait oublier ces racines.»
Pas encore #vendredilecture, mais prenez de l'avance, découvrez le dernier essai de @michelmaffesoli sur la postmodernité https://t.co/PIGWPhaIp1 pic.twitter.com/0bdif6HpOw
— EdouardChanot (@edchanot) 8 февраля 2018 г.
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