Ce qui pourrait retenir Macron de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon

CC BY-SA 3.0 / Olivier Tétard / Gisèle Halimi, une avocate franco-tunisienne, militante féministe et essayiste à la Fête de l'Humanité 2008
Gisèle Halimi, une avocate franco-tunisienne, militante féministe et essayiste à la Fête de l'Humanité 2008 - Sputnik Afrique, 1920, 14.05.2021
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Avocate, femme politique, écrivain et signataire du célèbre manifeste des 343 femmes en faveur de la légalisation de l’avortement: alors que des associations réclament depuis longtemps de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, Emmanuel Macron semble gêné par l’engagement de la militante féministe dans la guerre d’Algérie.

Au grand dam des associations féministes, l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon risque de ne jamais voir le jour. Selon une information de France Inter, Emmanuel Macron pourrait bien renoncer à cet engagement en raison des prises de position de la militante pendant la guerre d’Algérie.

Son soutien au FLN

Dans les années 1950, Gisèle Halimi a été l’avocate de plusieurs militants du Front de libération nationale (FLN) poursuivis par l’État français. Elle a pris la défense de Djamila Boupacha, une jeune militante du FLN arrêtée pour tentative d’attentat, qui a été violée et torturée par des militaires français.

Dans un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie commandé par Emmanuel Macron, l'historien Benjamin Stora recommande de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, comme «figure d'opposition à la guerre d'Algérie».

Opposition des harkis

«Certaines associations de harkis et de pieds-noirs l'ont pris comme une insulte», a regretté la source de France Inter, et la perspective d’une panthéonisation de Mme Halimi «a clivé».

En janvier, un collectif de femmes de harkis a en effet estimé dans une tribune que «Gisèle Halimi, qui a affiché en plusieurs occasions son mépris pour les harkis, n’est pas une femme de réconciliation».

À l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie (le 5 juillet 1962), Emmanuel Macron a fait un nouveau geste pour «réconcilier les mémoires» entre Français et Algériens en facilitant l’accès aux archives classifiées datant de plus de 50 ans, et donc sur l’histoire encore sensible de la guerre d’Algérie. Comme le Président s'est donné pour mission de «réconcilier les mémoires», «il hésite à prendre le risque de raviver ces blessures», affirme France Inter.

Soutiens de la panthéonisation de Gisèle Halimi

Dans une tribune publiée dans l’Humanité pour la Journée internationale des femmes, plusieurs associations et personnalités politiques, dont certaines du gouvernement, ont appelé à faire rentrer au Panthéon Gisèle Halimi car «aux grandes femmes, la patrie reconnaissante».

«Dès les années 1950, Gisèle Halimi, en tant qu’avocate, prit la défense des militantes de l’indépendance de l’Algérie, emprisonnées et trop souvent torturées et violées dans les geôles françaises. À cet égard, la défense de la militante Djamila Boupacha permit tout particulièrement de dénoncer les conditions faites aux femmes algériennes se battant pour leur liberté», ont rappelé entre autres les signataires.

L’éventualité d’un recul de l’Élysée a suscité la «déception» de la porte-parole d’Osez le Féminisme !, Céline Piques. «À titre personnel, je juge exemplaire l’engagement de Gisèle Halimi, qui allait dans le sens de l’histoire, en dénonçant la colonisation et en défendant les libertés et l’État de droit», a-t-elle souligné à Libération.

Une autre tribune publiée dans Libération en septembre appelle à ce qu’un «hommage digne de ce nom» soit rendu à Gisèle Halimi. Une pétition en ligne avait par ailleurs recueilli plus de 34.000 signatures.

La ministre chargée de l’Égalité des sexes, Élisabeth Moreno, a assuré auprès de Libération qu’elle «milite» depuis sa prise de fonction pour la panthéonisation de Gisèle Halimi, une «militante infatigable, une rebelle obstinée, qui n’a jamais délié sa vie de ses engagements et a marqué l’histoire du féminisme».

Contacté par Libération, l’Élysée a indiqué que «cette question de la panthéonisation fait l’objet d’une réflexion toujours en cours, qui exige que de nombreuses personnes soient consultées. C’est un processus qui demande du temps».

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