Des candidats du Rassemblement national se présentent à visage couvert dans certains cantons comme au Puy-de-Dôme ou au Loiret pour les élections départementales prévues les 20 et 27 juin, rapporte Le Figaro.
«Comment des gens peuvent voter pour des candidats fantoches?», s’interroge auprès du quotidien Flavien Neuvy, maire candidat (UDI) à Cébazat, ironisant «affronter Marine Le Pen», seule illustrée sur les affiches.
Cette discrétion a pourtant été promise par le RN qui a mis en avant 3.254 candidats, un nombre plus élevé que les autres partis. Quant au Puy-de-Dôme où la moitié des 31 cantons est touché par cette pratique légale, le Rassemblement national indique avoir été obligé d’y avoir recours.
«Certains n’ont pas pensé à aller chez le photographe et n’ont pas donné de photos exploitables», explique au journal le délégué local du RN, Stéphane Force.
«Un caillou dans la chaussure de la démocratie»
D’autres venus de la société civile refusent d’afficher leur visage par peur de perdre une partie de leur clientèle ou de faire face à des menaces.
«C’est un épiphénomène», note au journal l’eurodéputé RN Jean-Lin Lacapelle, niant une «faiblesse du parti». «C’est plutôt un caillou dans la chaussure de la démocratie: en 2021, des pressions empêchent encore des candidats de se présenter sans crainte pour leur sécurité professionnelle.»
«C’est la particularité et la fierté du RN»
À Orléans (Loiret), le responsable RN du département Cyril Hemardinquer a expliqué ce refus des candidats par le fait qu’«ils ne se trouvaient pas photogéniques».
«On présente des gens issus de la société civile, du peuple, pas que des professionnels de la politique ou des notables. Ils acceptent de représenter le parti, mais pas forcément de mettre leur photo sur les affiches. C’est la particularité et la fierté du RN.»
Il estime que cette pratique n’aura pas une grande incidence sur le vote, car les gens vont choisir avant tout une «étiquette» aux élections départementales.
«Fantôme ou pas fantôme, cela arrive dans des cantons où nous avons peu de chance d’accéder au second tour.»
Des photos moquées sur les réseaux sociaux
Une prudence qui peut se comprendre. Début juin par exemple, de nombreuses photos moquant l’apparence des candidats RN ont déferlé sur les réseaux sociaux.
Vous qui vous moquez des candidats RN pour leur physique, vous vous perdez. Si demain ils font pareil, vous crierez au scandale. Alors pas de double standard : soyez dignes sans exception ou, tant qu’à leur faire de la pub, rejoignez-les. Et j’aimerais voir vos gueules de BG...
— Jean-Marc Lafon 💉 #1 (@JM_Lafon) June 2, 2021
Des candidats RN désinvestis
Cette discrétion peut pourtant contribuer à ternir l’image du RN qui a déjà dû désinvestir plusieurs candidats pour des phrases racistes, antisémites, des violences conjugales ou des agressions sexuelles sur mineur.
Le dernier en date remonte au 8 juin dans le Loiret où le Rassemblement national a suspendu Pascal Auger, candidat à Fleury-les-Aubrais, qui avait notamment assimilé la France à une «colonie africaine» et tenu des propos insultants envers les migrants sur Twitter, indique l’AFP.