Russie: l'ex-ministre des Finances dévoile son potentiel de réformateur

© Sputnik . Alexei Nikolskiy / Accéder à la base multimédiaAlexeï Koudrine
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Le risque de stagnation économique et les actions peu convaincantes des autorités nécessitent une nouvelle politique et de nouveaux visages qui donneraient un second souffle à l'économie russe, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le risque de stagnation économique et les actions peu convaincantes des autorités nécessitent une nouvelle politique et de nouveaux visages qui donneraient un second souffle à l'économie russe, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. D’anciens membres du gouvernement prétendent clairement à ce rôle, comme l'ex-ministre des Finances Alexeï Koudrine. Dans une interview, il évoque ouvertement le besoin de remplacer certains dirigeants par des personnes qui ont déjà à leur actif une expérience positive au sein de l’administration.

"Parfois au gouvernement ou dans les entreprises, on nomme des responsables qui n'ont pas suffisamment d'expérience dans l'économie marchande moderne. Cela pose problème. Personne ne doit se faire "pistonner", il doit y avoir des mécanismes plus objectifs, déjà en œuvre aujourd'hui à travers le monde. Les chefs d'Etat doivent y veiller, se tenir à ces principes, réagir efficacement en cas de népotisme, ne pas l’accepter et pouvoir compter des conseillers parfaitement professionnels pour leur faire remonter l’information", déclare Alexeï Koudrine.

A en juger par ses réponses, ses ambitions gouvernementales ne font aucun doute.

Au sujet des problèmes économiques actuels, Alexeï Koudrine accuse le gouvernement de créer un climat d'investissement défavorable en raison d'une "mauvaise exécution des fonctions gouvernementales", d’une "politique inefficace dans le secteur énergétique" ou encore de "changements de règles imprévisibles". La lutte contre l'inflation, que Koudrine qualifie "d'élément bloquant la croissance économique", reste sa priorité.

L'ex-ministre a également mentionné l'importance de la concurrence et la nécessité de créer des conditions favorables pour les investissements.

Contrairement au gouvernement actuel, Alexeï Koudrine ne craint pas de parler des réformes et des institutions publiques. Toutefois, il souligne que la seule préparation des réformes demande entre trois et cinq ans. En revanche, par la suite, tout pourra être fait selon les meilleurs modèles – "comme chez Reagan", souligne-t-il. En un mot, Alexeï Koudrine se présente au téléspectateur comme une alternative très attrayante au gouvernement actuel confus, où l'administration fait plonger l'économie dans la récession – ce dont s’alarment aussi les ministres de Medvedev.

Mais comment savoir si l'ex-ministre réussira à changer le modèle économique actuel? Rappelons qu’il a fait partie du gouvernement fédéral pendant 15 ans avant sa démission en automne 2011. Par conséquent, on peut juger de ses capacités par ses actes: ils le montrent, en fait, comme un trésorier loyal de Poutine qui ne s'intéresse pas vraiment aux problèmes des entreprises, qui n'est pas prêt à soutenir la mise en place d’institutions indépendantes ou à limiter l'appétit des structures de force. Beaucoup d'entrepreneurs critiquent également l'influence d’Alexeï Koudrine sur l'économie. L'ombudsman Boris Titov, chargé de la protection des droits des entrepreneurs, rappelle que c'est justement la politique de Koudrine qui entravait la diversification et le développement du secteur manufacturier de l'économie. L'ex-ministre ne peut pas non plus se vanter d'avoir connu une grande réussite dans le domaine financier.

Les Russes ne disposent toujours pas d'outils pour conserver leurs épargnes et l'économie est dépourvue de mécanismes permettant de transformer les épargnes en investissements.

En revanche, la stabilisation budgétaire d’avant la crise est un mérite indéniable d’Alexeï Koudrine. Aujourd'hui ce bagage pourrait s'avérer insuffisant pour la transformation économique nécessaire. L'expérience administrative de l'ex-ministre pourrait encore être utile mais il ne faut pas s'attendre à une politique économique révolutionnaire de sa part.

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