Obama veut éviter une nouvelle croisade contre les islamistes

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Le président américain Barack Obama ne s'empresse pas de donner un avis exhaustif sur l'attentat de Boston, écrit le quotidien Izvestia du 23 avril 2013.

Le président américain Barack Obama ne s'empresse pas de donner un avis exhaustif sur l'attentat de Boston, écrit le quotidien Izvestia du 23 avril 2013.

De leur côté, les représentants du FBI et le gouverneur du Massachussetts ont déjà esquissé ce qui pourrait devenir la version officielle des événements : l'attentat a été commis par des fanatiques solitaires.

"Il serait très défavorable pour Barack Obama de remuer à nouveau le thème de l'islam radical.

Il remplit ses promesses de campagne en réduisant la présence américaine en Afghanistan et en Irak : les Etats-Unis doivent retirer d'ici 2014 leur contingent du territoire afghan. Dans le cas contraire les démocrates passeront un mauvais quart d'heure", déclare Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du parlement russe).

Selon lui, Barack Obama fait preuve de retenue sur le plan "anti-islam" car les frères Tsarnaev, auteurs présumés de l'attentat, ne sont pas venus aux USA d'Afghanistan, du Pakistan ou encore de Libye, où les forces américaines combattent les islamistes d'Al-Qaïda et d'autres organisations internationales. Ils ont longtemps vécu à Boston et sont, "dans une certaine mesure, le produit de la culture américaine".

Obama doit confirmer aujourd'hui, au début de son second mandat présidentiel, sa politique lancée en 2009 : l'abandon de la "guerre contre l'islam" et la lutte mondiale contre le terrorisme, menée par son prédécesseur républicain George W. Bush.

Un autre facteur substantiel empêche de relancer "l'hystérie anti-islam". "Dans les pays du "printemps arabe", où l'Occident - sous l'égide de Washington - était derrière les transformations révolutionnaires, on constate un renforcement progressif, flagrant ou latent, des islamistes au sein des régimes politiques", affirme Maxim Minaev, membre de la Fondation du développement de la société civile.

Une nouvelle guerre contre l'islam radical, selon l'expert, affectera forcément les nouveaux dirigeants d'Egypte, de Tunisie et de Libye qui obéissent pour l'instant à l'Occident.

Selon Maxim Minaev, Barack Obama a tout intérêt à favoriser, pour sa politique intérieure, la version des terroristes solitaires. En exacerbant la "trace islamiste" il n'arriverait pas à mettre en œuvre la libéralisation promise des lois sur l'immigration, dont l’examen devrait commencer au sénat en mai, avant une adoption par le parlement cet été. D'après le nouveau texte, 11 millions de clandestins qui sont venus aux USA avant le 31 décembre 2011 pourraient compter sur la citoyenneté américaine. La procédure d’obtention prendrait moins de 13 ans et le futur citoyen devrait s’acquitter de seulement 2 000 dollars. L'Amérique n'avait pas fait preuve d’une telle indulgence depuis 1986.

A leur tour les républicains, notamment du Tea Party, ont qualifié cette réforme "d'amnistie pour les clandestins". Ils s’y opposaient déjà pendant la campagne présidentielle.

"Ce projet porte atteinte aux intérêts des Américains dont les revenus se sont réduits depuis dix ans. Nous ne voulons pas affaiblir leur pouvoir d'achat pour donner plus d'avantages aux clandestins", a ouvertement déclaré le sénateur républicain Jeff Sessions.

Selon Alexeï Pouchkov, les opposants politiques d'Obama feront tout leur possible pour l'empêcher de sortir indemne de la tragédie de Boston en insistant sur la version des terroristes solitaires.

Ils lui reprocheront l'affaiblissement des services de renseignement suite à la nomination de ses proches collaborateurs aux postes de dirigeants, malgré leur manque d’expérience antiterroriste, une politique erronée dans la cessation de l'activité militaire au Moyen-Orient et la mort de l'ambassadeur américain en Libye. Ils associeront certainement les deux Tchétchènes à des organisations terroristes internationales. Ainsi, même si l'administration d'Obama cherchera à dissimuler ce lien, la presse et les critiques politiques s'en chargeront. La Maison blanche doit se préparer à parer l'attaque et chercher des arguments convaincants pour affirmer que l'attentat de Boston a été commis à l’initiative des frères tchétchènes et non pas des organisations terroristes internationales.

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