Les Russes rejettent la taxe sur les divorces et l'interdiction des avortements

© RIA Novosti . Michail Fomichev / Accéder à la base multimédiaIzvestia
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Selon un sondage du centre Levada, deux tiers des Russes sont contre l'idée de certains députés et de l'Eglise visant à interdire l’avortement.

Selon un sondage du centre Levada, deux tiers des Russes sont contre l'idée de certains députés et de l'Eglise visant à interdire l’avortement. 67% des citoyens estiment que la décision d'interrompre ou non la grossesse relève du choix de chacun. 21% des Russes sont favorables à une réglementation gouvernementale de l’IVG, écrit mercredi le quotidien Izvestia.

Les Russes n'ignorent pas la gravité de la situation démographique dans le pays et 73% d'eux sont pour un encouragement gouvernemental des naissances, à hauteur d'au moins trois enfants par famille. Si 20% des personnes sondées considèrent qu’une telle mesure est injustifiée, les citoyens russes n'estiment pas pour autant qu'un contrôle de l'Etat en matière d'IVG soit un bon moyen de lutter contre la crise démographique. 54% des personnes sondées sont contre toute limitation des avortements car, à leur avis, c'est la femme qui devrait décider si elle en a besoin. Parmi les femmes la part des opposants à cette interdiction s'élève à 63%. 32% des Russes pensent que l'Etat pourrait limiter les IVG dans certains cas alors que 4% sont pour une interdiction totale des avortements.    

Une minorité des citoyens (17%) sont favorables à une punition administrative ou pénale des avortements, alors que leur majorité absolue (78%) soulignent qu'il faut diminuer le nombre des IVG avec des programmes d'éducation, de consultation et d'aide sociale pour les femmes enceintes.
Qui plus est, les Russes se prononcent contre une limitation du concubinage sans mariage officiel. 60% des personnes sondées rejettent cette initiative soutenue par 28% des citoyens.

La proposition d'Elena Mizoulina, présidente du comité pour la famille de la Douma (chambre basse du parlement russe), concernant une taxation des divorces n'a pas non plus été bien accueillie par la population : 70% des Russes sont contre cette démarche et seulement 21% pourraient la soutenir.
Alexeï Grajdankine, directeur adjoint du centre Levada, estime que les citoyens sont prêts à soutenir des mesures visant à augmenter le taux de natalité mais rejettent toute intervention dans leur vie privée.

"Les Russes veulent la carotte, pas le bâton. C'est pourquoi ils soutiennent les efforts de l'Etat pour augmenter les naissances, notamment s'il s'agit d'une aide financière ou de privilèges pour les familles avec plusieurs enfants. Cela dit, ils sont catégoriquement contre toute limitation de leur vie privée de la part de l'Etat et de l'Eglise", fait-t-il remarquer.  
Elena Mizoulina a pour sa part déclaré à Izvestia que la plupart des questions du sondage avaient été formulées d'une manière incorrecte.
"Voici un exemple : "Que pensez-vous de l'initiative d'imposer une taxe supplémentaire sur les divorces ?" Les gens sont évidemment contre. Mais on peut formuler la question autrement : " Que pensez-vous de l'initiative d'introduire un prélèvement ponctuel en cas de divorce, qui devrait être transmis au fonds alimentaire ?" A mon avis dans ce cas-là la réponse aurait été tout à fait différente. Nous recevons des centaines de milliers de lettres, notamment de mères célibataires et divorcées qui n'arrivent à obtenir le paiement de leur pension alimentaire", affirme-t-elle.

L'activiste du mouvement orthodoxe La volonté de Dieu Dmitri Tsorionov estime que le sondage du centre Levada vise à promouvoir les avortements et détruire l'Etat russe. 

"Depuis Hitler la propagande des avortements a toujours été un moyen de dépeupler les territoires occupés. Si la société justifie l'assassinat de l'enfant, l'Etat est incapable de se développer comme il faut. Je suis sûr qu’il s'agit de statistiques truquées et que ces dernières années il y a eu un véritable tournant dans la conscience des masses. Les Russes n'ont plus aucune envie de justifier l'assassinat de leurs enfants", souligne-t-il.    
Igor Beloborodov, directeur de l'Institut des recherches démographiques, indique qu'il est impossible de faire évoluer le taux de natalité par une interdiction des avortements.

"Nous n'avons pas besoin d'interdire les avortements mais d'appliquer les solutions d'autres pays, notamment d'Israël où le nombre d’IVG est très limité. Il faut respecter le principe du consentement informé. 90% des femmes qui ont interrompu leur grossesse le regrettent par la suite. Car c'est une procédure irréversible. La moitié d'entre elles souffrent ensuite d’infécondité et beaucoup subissent des dépressions. Les avortements provoquent des divorces, voire des suicides. Qui plus est, 70% des femmes renoncent à l'avortement après avoir vu l'échographie de leur enfant", remarque-t-il. 
Le comité de la Douma pour la famille a publié fin mai un projet de politique publique en matière de famille à l'horizon 2025. Ce texte prévoit une amende en cas de divorce, la promotion des familles de plusieurs générations comprenant les parents, les enfants et les petits-enfants, ainsi que l'élargissement du rôle de l'Eglise dans la formation des relations familiales.

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