Syrie et Yougoslavie: même combat ?

© RIA Novosti . Andrei Stenin / Accéder à la base multimédiaKommersant
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L'initiative de placer les armes chimiques de Syrie sous contrôle international fait grimper les enjeux pour tous les acteurs-clés – l'Occident, la Russie, mais aussi Bachar al-Assad lui-même, écrit lundi 16 septembre le quotidien Kommersant.

L'initiative de placer les armes chimiques de Syrie sous contrôle international fait grimper les enjeux pour tous les acteurs-clés – l'Occident, la Russie, mais aussi Bachar al-Assad lui-même, écrit lundi 16 septembre le quotidien Kommersant.

Quand il ne restait plus que quelques jours avant l'attaque des Tomahawks, quand la plupart des alliés des USA évoquaient avec plus ou moins de conviction le besoin de "punir le dictateur" et quand le plan d'opération militaire a été élaboré en détail et approuvé par le président américain, Moscou est intervenu. La Russie a finalement persuadé le chef du régime d'agir raisonnablement - et la frappe a été reportée.

Cette situation parait d’actualité ? Elle ne concerne pourtant pas la Syrie de 2013 mais la Yougoslavie de l’automne 1998. Les Etats-Unis et l'Otan avaient décidé de châtier Slobodan Milosevic pour les nettoyages ethniques au Kosovo. L'intervention de la Russie, qui avait convaincu le dirigeant serbe d’accepter la venue d'une mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), avait écarté le danger d'une attaque contre Belgrade.

Mais pas pour longtemps.

Ce n'était pas la faute de l'Occident et encore moins de la Russie. En mars 1999, deux jours après le début des bombardements, le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov révélait un secret : "Lorsqu'en octobre 1998 la Russie a empêché le bombardement de la Yougoslavie, Milosevic a signé deux accords distincts avec l'Otan – l’un portait sur le nombre maximal de troupes serbes au Kosovo et l’autre sur le survol du Kosovo par l'aviation de l'Otan. L'Otan a utilisé leur infraction par Belgrade pour justifier les bombardements". Cette déclaration de Moscou revenait à reconnaître que Milosevic avait en grande partie provoqué lui-même les attaques de l'Otan, clairement intéressée par la guerre en Yougoslavie.

L'histoire des relations dans le triangle "Russie-Occident-régimes indésirables" est très instructive. Tout d'abord pour la Russie elle-même. Conscients de son intérêt pour les contrats avec les Etats-voyous, ces derniers en ont profité plus d'une fois. Le schéma était généralement le suivant : ils poussaient la Russie à retirer les marrons du feu (c’est-à-dire à les protéger des sanctions et des bombes) puis, au moment opportun, la trahissaient ou la rejetaient en se rendant avantageusement à un émissaire occidental.

Moscou devra en tenir compte dans son initiative syrienne afin d'éviter que la situation yougoslave se reproduise.

La réalisation du plan russe contribuerait à l'organisation d'une conférence internationale Genève-2, où il serait possible de s'entendre sur une sortie de crise.

Mais quand la Russie avait détourné les frappes otaniennes de Belgrade, deux conférences de paix se sont tenues dans la banlieue parisienne de Rambouillet. Elles donnaient également une chance à la paix dans les Balkans. Cependant Milosevic les a sapées. Il a envoyé une délégation composée de "tous les représentants ethniques" du Kosovo : des leaders de partis albanais inexistants, des représentants des Roms, des Goranis, des Turcs et même des Egyptiens.

Ces derniers étaient aussi nombreux au Kosovo qu’aujourd’hui les Albanais en Syrie.

Après l'échec de Rambouillet-2, l'Otan a probablement poussé un soupir de soulagement… avant de lancer ses Tomahawk sur la Yougoslavie.

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