Les Frères musulmans, interdits, jouent des muscles

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Les Frères musulmans égyptiens sont indignés par l'interdiction de leurs activités, prononcée mardi par le tribunal du Caire.

Les Frères musulmans égyptiens sont indignés par l'interdiction de leurs activités, prononcée mardi par le tribunal du Caire. Les analystes sont convaincus que l'organisation passera désormais à la clandestinité, au terrorisme ouvert, et qu'elle sera soutenue par les islamistes radicaux de la région, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Mohamed Ali Bachar, l’un des dirigeants des Frères musulmans, a déclaré que cette interdiction était contraire à la loi car les décisions concernant les ONG doivent être examinées dans un tribunal administratif, pas pendant des réunions extraordinaires. Par ailleurs, aucun membre de l'organisation n'a encore été condamné et il n'y a donc selon lui aucune raison de dissoudre l'association.

Le tribunal a ordonné lundi l'interdiction du mouvement islamiste, l'annulation de son statut d'ONG et la confiscation de ses biens. L'activité de toutes les structures et organisations financières, y compris commerciales, établies et contrôlées par les Frères musulmans a été interdite. La décision du tribunal peut être contestée dans les 15 jours mais il est peu probable que la sentence change, a déclaré le journaliste égyptien Hani Chadi.

"Les Frères musulmans font partie de la société égyptienne, annonce le communiqué des islamistes sur leur page Twitter. Les décisions judiciaires politisées et corrompues ne peuvent rien y changer." De toute évidence ils ne veulent pas se rendre. Mais l'organisation ira-t-elle vers une confrontation ouverte avec le gouvernement ? Si oui, quand et à quelle échelle ?

Par ailleurs il est possible qu'une partie des Frères commencent une nouvelle vie sous un nouveau nom, déclare Hani Chadi : "Ils feront de la politique dans le cadre d'autres organisations qui ne seront pas fondées sur la religion mais sur des principes laïques. La nouvelle constitution interdira les partis religieux".

Mi-septembre le mouvement islamiste s'est retrouvé dans une situation très difficile quand presque toute la structure dirigeante des Frères a été arrêtée. Les difficultés matérielles et techniques sont également flagrantes. L'armée égyptienne a également mené une opération de force dans le Sinaï où les opposants au gouvernement militaire ont déployé une large activité terroriste après le renversement de Mohamed Morsi. 

Il existe très probablement un lien organisationnel entre les Frères et les terroristes du Sinaï, pense Hani Chadi. "L'un des leaders du mouvement islamiste, Mohamed al-Beltagy, avait déclaré que si Morsi revenait au pouvoir le terrorisme cesserait dans le Sinaï ", a-t-il rappelé.

Après la défaite cuisante des rebelles dans le désert de la péninsule et près des frontières de Gaza, les Frères ont perdu des alliés et des partisans importants, ainsi que des fournisseurs de combattants et d'armes. Les livraisons des sponsors étrangers sont également problématiques.

Le Qatar, soutien habituel des Frères, a publiquement renié ses anciens alliés.

Les filiales des Frères musulmans sont actives dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Le mouvement est notamment présent en Syrie, en Turquie, en Jordanie, en Palestine, en Lybie et au Qatar. Les islamistes égyptiens sont donc loin d'être impuissants, affirme Teodor Karassik de l'Institut d'analyse militaire au Moyen-Orient (INEGMA) aux EAU : "Ces groupes devraient pouvoir trouver le soutien des partisans des Frères au cœur du Moyen-Orient, notamment en Syrie et probablement en Jordanie. Dès à présent des dizaines de groupes de rebelles syriens aident les Frères en Egypte à combattre le régime du Caire. Il est évident que beaucoup d'organisations terroristes trouveront un terrain d'entente avec les Frères, leur apporteront une aide financière et soutiendront leurs actions de force".

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