L'Irak déchiré par deux guerres civiles

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Un nouveau front de guerre civile est apparu en Irak. Les radicaux sunnites combattent aujourd’hui leurs opposants traditionnels, les chiites, mais aussi les Kurdes qui vivent au nord du pays.

Un nouveau front de guerre civile est apparu en Irak. Les radicaux sunnites combattent aujourd’hui leurs opposants traditionnels, les chiites, mais aussi les Kurdes qui vivent au nord du pays. Pendant qu’une nouvelle série d'explosions à Bagdad emportait la vie de 120 personnes, les terroristes d'Al-Qaïda fomentaient un grand attentat à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, contre le bureau des services de sécurité. Une telle attaque contre cette région autonome n’avait pas eu lieu depuis six ans. Les autorités kurdes pensent qu'elles pourraient se trouver au seuil d'une véritable guerre contre Al-Qaïda, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Selon les informations publiées hier par la Mission de l'Onu en Irak, près de 1 000 personnes ont été tuées par le conflit le mois dernier. Des civils pour la plupart, victimes des attaques des radicaux sunnites d'Al-Qaïda et de leurs alliés.

Al-Qaïda a déjà revendiqué la dernière série d'attentats à Bagdad qui a tué plus de 120 personnes. Ces attaques visaient à faire le plus grand nombre de victimes possibles et ont touché les lieux fréquentés dans les quartiers chiites de la capitale. Avant cela plusieurs autres villes principalement peuplées par des chiites étaient en guerre contre les extrémistes – Nassiriya, Tuz Khurmatu et Kerbela.

Le front chiite est central dans la guerre déclenchée par les islamistes en Irak mais il n'est pas le seul. Le mois de septembre a vu les terroristes d'Al-Qaïda porter encore plus loin le nombre de victimes chiites en six mois. Il s'est terminé par un autre attentat contre le bureau des services de sécurité à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Un kamikaze au volant d'une voiture piégée a tenté de pénétrer sur le territoire du service. Lorsque la sécurité a tenté d'arrêter le véhicule, le conducteur a déclenché l'explosif, faisant 4 morts et 42 blessés, y compris suite à la fusillade qui a suivi.

Les autorités de l'autonomie kurde ont été choquées par l'attaque contre leurs services de sécurité : rien de tel ne s'était produit au Kurdistan irakien depuis six ans. Les services attaqués contrôlaient les unités armées kurdes, dont le nombre pourrait atteindre 200 000 hommes.

Ces unités sont souvent comparées à l’armée d'un Etat autonome. Ce sont elles qui maintiennent l'ordre de cette région autonome et protègent ses frontières. Aujourd’hui les autorités kurdes n'écartent pas la possibilité d'entrer en conflit contre Al-Qaïda.

Aucune organisation terroriste basée en Irak n'a encore revendiqué l'attentat d'Erbil. Selon les autorités kurdes, l'attentat aurait pu être commis par des sunnites radicaux associés à Al-Qaïda de l'Etat islamique en Irak et au Levant, de Jamaat Ansar al-Sunna et des Bataillons kurdes
d'Al-Qaïda.

Les experts comparent le scénario des deux fronts – contre les chiites et les Kurdes – à l'époque de Saddam Hussein, qui réprimait violemment les premiers et les seconds. Mais il y a une différence fondamentale. Hussein considérait les Kurdes et les chiites comme une menace à l'intégrité territoriale du pays. Alors qu'aujourd'hui les intégristes sunnites n’ont que faire de cette intégrité. Leur but : déstabiliser la situation, affaiblir les autorités centrales à Bagdad et établir leur contrôle sur les territoires d'importance stratégique, y compris les régions pétrolières du Kurdistan irakien.

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