Négociations nucléaires à Genève : un test de docilité pour Téhéran

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Un nouveau cycle de négociations sur le problème nucléaire iranien débute aujourd'hui à Genève. On attend des progrès : le nouveau président iranien Hassan Rohani a laissé entendre qu'il était prêt à faire des concessions sur ce dossier, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Un nouveau cycle de négociations sur le problème nucléaire iranien débute aujourd'hui à Genève. On attend des progrès : le nouveau président iranien Hassan Rohani a laissé entendre qu'il était prêt à faire des concessions sur ce dossier, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Les sources diplomatiques russes n’affichent pourtant qu'un "optimisme modéré" et appellent à ne pas compter sur un "progrès immédiat". Les experts russes estiment pour leur part qu'il est incorrect et même dangereux de s'attendre à une percée à Genève.

Jusqu’à demain, les six médiateurs internationaux (Russie, USA, Royaume-Uni, France, Chine et Allemagne) et la délégation iranienne seront assis à la table des négociations pour les premières consultations sur le problème nucléaire iranien depuis l'élection d'Hassan Rohani. Les enjeux sont très élevés car l'intransigeance de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad tenait habituellement le monde en haleine - on attendait en permanence de voir si Israël et les USA allaient tenter de régler le problème iranien par la force.

Pour l'instant le président Rohani justifie sa réputation de réformateur : ces deux derniers mois se sont déroulés sous le signe d'un rapprochement sans précédent entre Téhéran et Washington. On a constaté une certaine normalisation dans les relations israélo-iraniennes et entendu des déclarations positives des Iraniens sur la volonté de négocier l'avenir de leur programme nucléaire. Ils ont même entièrement changé leur équipe de négociateurs pour montrer le sérieux de leurs intentions.

Les changements s’arrêtent là, du moins pour l’instant. A la veille des négociations les Iraniens ont déclaré qu'il était nécessaire de tout recommencer à zéro, c'est-à-dire d’oublier toutes les anciennes propositions et exigences des six médiateurs. D'autre part, il s'est avéré lors des premières discussions que les "nouvelles dispositions" côté iranien n'étaient pas très différentes des anciennes. De toute évidence, l'Iran n'est pas prêt à fermer l'usine d'enrichissement de Fordo et ne s'empresse pas de donner aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) le droit de procéder aux inspections illimitées de ses sites nucléaires contestés, par exemple à Parchin. Rappelons que certains pays soupçonnent l'Iran de concevoir l'arme nucléaire sous couvert d’un programme nucléaire pacifique.

La déclaration du président du parlement iranien Ali Larijani, la semaine dernière, a suscité une certaine confusion quand il a annoncé que les réserves d'uranium enrichi à 20% dont disposait Téhéran dépassaient les besoins du pays et que l'excédent pourrait fait l'objet d'une discussion à Genève. Cependant, il a été rapidement repris par le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi qui a déclaré que les autorités iraniennes ne permettraient pas "qu'un seul gramme d'uranium ne quitte le pays".  D'après le rapport de l'AIEA publié  fin août, les réserves d'uranium enrichi à 20% de l'Iran sont passées à 372,5 kg au lieu des 324 kg annoncés en mai.

Dans ces circonstances, les sources diplomatiques russes suggèrent de ne pas s'attendre à un progrès immédiat. "Nous sommes modérément optimistes. Même dans le cas d'un processus positif, il serait lent", a déclaré une source. Selon elle, il est actuellement difficile de prédire quoi que ce soit. "Bien que les Iraniens semblent prêts à faire certaines concessions, ils ont publiquement affirmé leurs positions avant que les négociations commencent. D'après leurs déclarations, les dispositions iraniennes n'ont pas changé sur les questions clés avancées par les six médiateurs", explique le diplomate.

Selon une autre source, il pourrait être question d'élaborer une "feuille de route" suivant le principe du plan de Lavrov proposé par la Russie il y a deux ans, impliquant un règlement du problème grâce à des concessions mutuelles progressives. "On pourrait également rencontrer des difficultés. L'Iran insiste sur le fait que le premier pas doit être fait par les six médiateurs, autrement dit que les USA et l'UE assouplissent leurs sanctions économiques contre Téhéran, explique la source. L'Occident, au contraire, attend un premier pas de la part d'Iran, notamment la suspension de la production d'uranium enrichi à 20%."

 

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