Le renforcement de l'euro menace la relance économique européenne

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L'économie européenne se retrouve de nouveau face à un grave problème : l'euro a enregistré un record par rapport au dollar. Les économistes craignent le retour des guerres monétaires, écrit vendredi le quotidien RBC Daily.

A peine sortie de la récession, l'économie européenne se retrouve de nouveau face à un grave problème : jeudi, l'euro a enregistré un record par rapport au dollar, atteignant une valeur qu’il n’avait pas connue depuis deux ans. Les compagnies européennes, de Lufthansa à LVMH, affirment que le renforcement de la monnaie commune nuit à leurs affaires. Les politiciens européens appellent la Banque européenne centrale (BCE) à affaiblir l'euro et les économistes craignent le retour des guerres monétaires, écrit vendredi le quotidien RBC Daily.

L'euro, d'après un sondage de janvier auprès des analystes, ne devait pas dépasser 1,27 d'ici fin 2013. Il a atteint hier 1,3822 dollar, rapporte Bloomberg. Depuis le début de l'année la monnaie européenne s'est renforcée de 4,5% par rapport au dollar américain, de 17% par rapport au yen japonais, et de 6,6% par rapport au panier des monnaies des principaux partenaires commerciaux. C’est la plus importante hausse parmi les plus grandes monnaies mondiales.

Le renforcement de l'euro, dont les perspectives étaient remises en question il y a un an en raison de la crise de la dette, s’explique par le fait que la zone est sortie de la récession. Au deuxième trimestre, l'économie de l'union monétaire a gagné 0,3% et la BCE, qui n'a pas le droit de gérer le cours monétaire, n'a pas fait marcher la planche à billets contrairement à la Fed américaine ou la banque du Japon.

Les récentes bagarres aux Etats-Unis sur la dette publique et le budget ont affecté le dollar et contribué au renforcement de l'euro. "Le renforcement de l'euro reflète en partie l'amélioration des perspectives de l'économie de la zone euro. Par ailleurs, les débats autour de l'augmentation du plafond de la dette publique et ses conséquences pour la politique de la Fed pourraient être un facteur bien plus important", estime l'économiste Jessica Hinds de Capital Economics.

La forte valeur de la monnaie européenne a déjà affecté les entreprises européennes. L'anglo-néerlandais Unilever a annoncé hier une baisse des ventes trimestrielles de 6,5% pour atteindre 12,5 milliards d'euros, citant comme principale cause l'"effet monétaire négatif". En début de semaine, la compagnie Lufthansa a rapporté que suite au renforcement de la monnaie commune son bénéfice au troisième trimestre ne sera que de 600-700 millions d'euros, au lieu des 918 millions d'euros escomptés. La semaine dernière, le groupe de luxe français LVMH a déploré une perte de 6% de revenus en raison de la montée de l'euro.

Cette détérioration se produit malgré les efforts menés par les entreprises pour couvrir les risques monétaires. Depuis le début de l'année, les opérations incluant des options de compensation des risques de change en cas de renforcement de l'euro ont augmenté de 4%, selon le CME Group. En septembre, le taux moyen des opérations était de 4,04 milliards de dollars – un record en six mois. Les experts remarquent que les entreprises ont réagi seulement après que la monnaie a commencé à se renforcer et ont donc pris du retard en termes de couverture des risques.

La hausse continue du cours de l'euro menace la relance économique qui vient à peine de commencer car le commerce de l'union monétaire est avant tout orienté sur les exportations. L'activité économique de la zone euro a déjà commencé à ralentir en octobre : jeudi l'indice des directeurs d’achat (PMI) a chuté de 52,2 à 51,5 points. "Si l'euro dépassait 1,40 dollar, ce serait critique pour notre économie d'exportations", a déclaré Jürgen Thumann, président de la Fédération des industries allemandes (BDI) dans une interview accordée à WirtschaftsWoche. Les analystes interrogés par Bloomberg s'attendent aujourd'hui à un euro supérieur à 1,33 dollar d'ici la fin de l'année.

Les experts craignent que le renforcement de l'euro, dans un contexte d'affaiblissement du dollar et du yen, puisse entraîner un nouveau cycle de guerres monétaires. "Suite à une forte demande, la guerre monétaire revient dans le théâtre le plus proche de chez vous", conclut avec ironie le stratège monétaire Neil Mellor.

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