La zone de libre-échange UE-USA menacée par le scandale des écoutes?

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Les dirigeants de l'Union européenne ont chargé la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande de s'entretenir avec leur homologue américain Barack Obama au sujet du scandale des écoutes de conversations téléphoniques de citoyens et politiciens européens par les renseignements américains, écrit lundi le quotidien RBC Daily.

Les dirigeants de l'Union européenne ont chargé la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande de s'entretenir avec leur homologue américain Barack Obama au sujet du scandale des écoutes de conversations téléphoniques de citoyens et politiciens européens par les renseignements américains, écrit lundi le quotidien RBC Daily.

C’est une affaire de prestige politique pour les dirigeants européens. Le scandale pourrait entraîner la révision d'une série d'accords entre l'UE et les USA, voire ralentir les négociations sur la création d'une zone de libre-échange, avertissent les analystes.

De nouvelles preuves indiquant que la NSA américaine écoutait les conversations de politiciens éminents - dont la chancelière allemande Angela Merkel - sont apparues la semaine dernière. Cette dernière a personnellement appelé Barack Obama mercredi pour obtenir des explications et le lendemain, l'ambassadeur américain en Allemagne John Emerson a été convoqué par le ministère allemand des Affaires étrangères (MAE) – une première dans l'histoire de l'Allemagne. "En mettant sur écoute le portable d'Angela Merkel, les Américains ont dépassé une ligne qu'ils auraient mieux fait de ne pas franchir. Le scandale des écoutes de citoyens et politiciens européens par la NSA a atteint un niveau supérieur. Le président Obama semble être un hypocrite en politique", écrit la revue allemande Berliner Zeitung.

Les débats économiques ont même été relégués au second plan pendant le sommet de l’UE à la fin de la semaine dernière, éclipsés par les discussions sur les écoutes américaines. Au final, les dirigeants européens ont décidé de préparer pour leur sommet de décembre un projet d'accord avec les USA pour exclure toute possibilité de mener des activités de renseignement les uns contre les autres. Des représentants de l'UE devraient se rendre à Washington dès aujourd'hui pour en discuter.

Le préjudice pour le prestige de l'Europe est si important que certains politiciens appellent à revoir certains accords bilatéraux avec les Etats-Unis, notamment celui sur le programme Terrorist finance tracking program (TFTP). Les négociations sur la création d'une zone de libre échange entre les USA et l’UE se compliquent également. "Il faut d'abord rétablir la confiance", a posé comme préalable Angela Merkel. "Nous avons besoin d'une transparence totale pour que les négociations sur la zone de libre échange se poursuivent", a confirmé le premier ministre italien Enrico Letta.

Cette surveillance de la part des Américains est une sérieuse offense à la fierté allemande.

Martin Schulz, président du Parlement européen, et le chef des socio-démocrates allemands Sigmar Gabriel ont même proposé de suspendre littéralement les négociations avec les USA sur la ZLE - mais Bruxelles n'est pas prêt à prendre des mesures aussi radicales. "Ces requêtes n'ont pas été évoquées au sommet de l'UE", a déclaré Angela Merkel.

L'UE mène actuellement des négociations avec les USA sur la création de la plus grande ZLE du monde, qui ouvrirait un marché de 800 millions de personnes. Les experts estiment que cette initiative permettrait de créer 2 millions de nouveaux emplois et, par conséquent, les enjeux sont de taille des deux côtés. Le milieu industriel européen ne veut pas prendre de risques mais les politiciens doivent réagir. La semaine dernière le Parlement européen a adopté une résolution pour dénoncer le TFTP, un accord entré en vigueur en 2010 qui permet aux renseignements américains de suivre le transfert des données bancaires aux USA réalisé par les opérateurs internationaux via le système SWIFT. "La résolution n'est pas contraignante - seule la Commission européenne peut dénoncer l'accord - mais elle est un important signal politique", explique le professeur Lüder Gerken, directeur du Centre pour la politique européenne à Fribourg.

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