L'Otan prépare une armée de managers pour l'Afghanistan

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Les troupes de coalition quitte l'Afghanistan et les dirigeants américains tirent la sonnette d'alarme : les projets américains de plusieurs milliards de dollars pour la reconstruction du pays deviendront inaccessibles aux inspections de Washington en raison des problèmes de sécurité, écrit le mardi 29 octobre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les troupes de coalition quitte l'Afghanistan et les dirigeants américains tirent la sonnette d'alarme : les projets américains de plusieurs milliards de dollars pour la reconstruction du pays deviendront inaccessibles aux inspections de Washington en raison des problèmes de sécurité, écrit le mardi 29 octobre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cette situation remet en question l'aide financière au profit de l'Afghanistan après le retrait des troupes qui serait accordée par le congrès américain et le Parlement européen. Dans ce sens, l'Otan compte renforcer son armée de managers et d'administrateurs en économisant sur les instructeurs militaires.

Les troupes alliées doivent quitter l'Afghanistan avant fin 2014, dont 51 000 soldats américains et des dizaines de bases militaires. C'est justement ce "parapluie" qui permettait aux hauts responsables américains de se déplacer en Afghanistan en toute sécurité pour inspecter les grands chantiers, les programmes d'entraînement et d'autres projets.

Ce contrôle est indispensable car l’Afghanistan est devenu un puits sans fond pour les milliards américains en raison de la forte corruption qui y règne. D'après le Washington Post, l'accès à certaines zones est déjà impossible et en 2014 Washington ne pourra plus surveiller que 20% du territoire afghan.

Parmi les sites qui seront très probablement inaccessibles aux inspecteurs : l'autoroute construite à l’est du pays (230 millions de dollars d’investissements), la nouvelle turbine pour le barrage au sud-ouest du pays (75 millions de dollars) et trois garnisons pour l'armée afghane (60-80 millions de dollars). Pour s'en sortir le Pentagone, le département d'Etat et l'agence américaine pour le développement international (USAID) ont l'intention de faire appel aux entrepreneurs privés, aux photos satellites, à la visioconférence et à l'externalisation ouverte, c'est-à-dire employer des Afghans pour prendre des photos avec indication automatique de l'heure et des coordonnées géographiques. Cependant ce programme demanderait des dépenses supplémentaires allant jusqu'à 200 millions de dollars.

La situation sera d'autant plus sérieuse après 2014 car le congrès américain et le Parlement européen comptent allouer à l'Afghanistan 4,1 milliards de dollars par an – il s'agit du programme d'aide le plus coûteux au monde. Mais ils pourraient revoir leurs engagements financiers s’ils constataient que le pays était sans contrôle. Selon le New York Times, l'Otan compte envoyer à cet effet un plus grand nombre d'administrateurs en Afghanistan pour surveiller l'argent, tout en économisant sur les instructeurs militaires.

Les gestionnaires de l'Otan seront rattachés aux ministères afghans et au QG militaire et prépareront des rapports réguliers pour l'Alliance. Ils veilleront à ce que l'argent soit dépensé correctement, c’est-à-dire pour le carburant, les livraisons et la formation des soldats. La mission militaire devra être réduite au minimum, en se limitant aux QG des ministères de la Défense et de l'Intérieur, aux six QG de l'armée afghane, aux six QG de la police et aux centres d'entraînement.

A l'heure actuelle, Kaboul négocie avec Washington le cadre juridique de la présence des troupes après 2014. Entre 8 000 et 12 000 soldats de l'Otan devraient rester dans le pays jusqu’à 2015 - 20 000 militaires étaient recommandés - dont deux tiers seraient américains. Cependant, l'exemple de l'Irak qui avait refusé de libérer les troupes américaines de leur responsabilité devant les forces de l'ordre locales a montré que l'"option zéro" restait envisageable.

Mais alors qui surveillerait les milliards arrivant du Vieux Continent et du Nouveau Monde ? Kaboul est conscient que dans ce cas ses chances de bénéficier d'importantes injections financières seraient presque nulles, ce qui laisse à l'Occident un certain optimisme.

D'après les diplomates américains, l'argent - et sa bonne utilisation - est tout aussi important pour le rétablissement de l'Afghanistan que les instructeurs, voire plus. "Le plus important que nous puissions faire est de continuer à signer des chèques afin que les forces nationales de sécurité afghanes continuent à recevoir le financement et payer le carburant, la nourriture, les armes et les salaire, déclare le général à la retraite David Barno, qui a servi en Afghanistan. En cas de maintien du financement, ils pourraient au moins tenir les talibans en échec. Or c'est suffisant pour permettre à l'Etat de continuer à exister et à fonctionner."

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