Vivre jusqu’à 80 ans en Russie : oui, mais comment ?

© RIA Novosti . Aleksandr Kryazhev / Accéder à la base multimédiaRossiïskaïa gazeta
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Faut-il augmenter l’âge de la retraite? En Russie comme en Occident les experts sont partagés sur cette question, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta?

Faut-il augmenter l’âge de la retraite? En Russie comme en Occident les experts sont partagés sur cette question, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta?

Pour le ministre russe du Travail Maxime Topiline, elle ne pourrait vraiment se poser que si l’espérance de vie moyenne dans le pays atteignait 80 ans. Les spécialistes pensent que cela n'arrivera pas avant longtemps : aujourd'hui les Russes vivent en moyenne jusqu'à 70 ans en moyenne.

L'espérance de vie en Russie a pratiquement doublé par rapport au siècle dernier, remarquent les démographes. Si au début du XXe siècle les quadragénaires étaient considérés comme des vieillards, aujourd'hui on est encore considéré comme jeune jusqu’à 45 ans. 45-60 ans est l’âge moyen, 60-75 ans un âge avancé, 75-90 ans celui de la vieillesse, 90 ans et plus – celui des macrobiens. Aujourd’hui l'augmentation de l'espérance de vie progresse bien plus lentement.

Elle n'est pas déterminée par le nombre de retraités mais dépend avant tout de la mortalité chez les jeunes, précise Larissa Popovitch, directrice de l'Institut d'économie de la santé. "Si la mortalité en Russie se réduisait dans la tranche d'âge active, cet indice changerait significativement. Il faut sérieusement lutter contre l'alcoolisme et la toxicomanie – les principaux facteurs de risque - et réduire le nombre d'accidents de la route. Ce sont les principales causes des décès prématurés", explique-t-elle.

Selon Larissa Popovitch, il faut également développer l'aide psychiatrique, afin de réduire le nombre de suicides, et augmenter l'accessibilité aux médicaments.

Frank Lichtenberg, professeur à la Columbia Business School, est également de cet avis. D'après lui, il serait possible d'augmenter l'espérance de vie en Russie grâce à de nouveaux médicaments.

Dans les pays européens la part des médicaments sortis sur le marché après 1990 représente en moyenne 9% et peut atteindre 16-17% mais elle n'est que de 1% en Russie. Or les médicaments en question permettent de lutter contre les 20 maladies les plus graves – oncologiques, endocrines, cardiovasculaires et autres. En augmentant la part des nouveaux médicaments efficaces jusqu'à 9%, l'espérance de vie en Russie augmenterait rapidement de deux ans en moyenne, affirme le professeur.

Il ne faut pas non plus oublier les personnes âgées, dont la vie peut être prolongée grâce à un traitement efficace et des loisirs intéressants. "A un âge avancé il ne faut pas soigner chaque maladie indépendamment mais suivre un programme général supervisé par un gérontologue, remarque Vladimir Chabaline, directeur de l'Institut de recherche en gérontologie. Les personnes âgées ont leurs propres problèmes – ophtalmologiques, ORL, dentisterie, neurologie, et même la traumatologie a ses particularités. Mais le service gérontologique est pratiquement inexistant en Russie. Par conséquent, le taux de mortalité chez les personnes âgées suite à de mauvais traitement des généralistes est très élevé." Selon Vladimir Chabaline, la Russie n'a pas d'approche systémique commune face au problème du vieillissement, contrairement à d'autres pays développés.

Seule une université du pays forme des gérontologues. "Si ces spécialistes étaient présents dans chaque clinique cela pourrait alors entraîner une sérieuse augmentation de l'espérance de vie", affirme-t-il.

"Il faut avant tout changer la politique des revenus car la main d'œuvre est trop bon marché" en Russie, pense Viatcheslav Bobkov, directeur du Centre russe d'étude du niveau de vie. "Pratiquement 91% des employés ont un salaire moyen de 700 euros, a-t-il expliqué. Près de14% des travailleurs ont un salaire inférieur au seuil de pauvreté et encore 30-40% se situent en dessous du budget de consommation socialement acceptable pour assurer une reproduction simple."

Selon l'expert, il est également nécessaire de revoir la politique de logement : "Le logement en Russie est très cher et est utilisé actuellement comme un élément d'accumulation du capital - or il faut construire des logements accessibles. Comment les gens peuvent-ils vivre longtemps et dans la joie sans avoir de logement décent ?". Le plus important, conclut l'expert, est l'absence de foi dans l’avenir avenir en raison de l'instabilité actuelle.

 

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