Les Etats-Unis risquent de perdre leur principal allié en Asie

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Les Etats-Unis pourraient perdre le Pakistan, leur principal allié en Asie, et le contingent de l’Otan en Afghanistan se voir bloquer les axes logistiques transitant par le territoire pakistanais, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Les Etats-Unis pourraient perdre le Pakistan, leur principal allié en Asie, et le contingent de l’Otan en Afghanistan se voir bloquer les axes logistiques transitant par le territoire pakistanais, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Tout cela à cause de l’attaque d’un drone américain qui a entraîné la mort d’Hakimullah Mehsud, l’un des leaders des talibans pakistanais.

Cet événement remet en question le plan de réconciliation nationale sur lequel misait le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif. Il va maintenant devoir réviser sa coopération avec les USA et l'Otan s'il souhaite rétablir son image dans le pays.

L'attaque du drone américain qui a permis d'éliminer Hakimullah Mehsud, le chef du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, Mouvement des talibans au Pakistan) et quatre de ses partisans, a eu lieu peu de temps après la "visite historique" du nouveau premier ministre pakistanais Nawaz Sharif à Washington. Il avait évoqué avec le président Barack Obama le problème, sensible pour

Islamabad, des raids aériens perpétrés par les drones américains sans l'autorisation des autorités pakistanaises - des opérations antiterroristes menées dans les régions nord-est du pays près de la frontière afghane.

L'élimination de Hakimullah Mehsud, dont la tête avait été mise à prix par les USA pour 5 millions de dollars, a dévoilé au grand jour l’issue de leurs discussions : Nawaz Sharif n'avait donc pas réussi à convaincre Obama de renoncer aux drones. On peut donc en conclure que les USA poursuivront leurs attaques sur le territoire pakistanais en ignorant les protestations de leur allié asiatique.

Le premier ministre Nawaz Sharif n'a pas caché son indignation : "Cette attaque risque de réduire à néant tous les efforts du gouvernement pakistanais pour entamer les négociations avec les talibans. Elle empêche de rétablir la paix !".

La violente réaction d'Islamabad est compréhensible car l'élimination d’Hakimullah Mehsud a placé Nawaz Sharif dans une position difficile. En effet, l'attaque du drone a eu lieu moins d'une journée avant la rencontre d'une délégation du gouvernement avec les représentations du TTP.

Il était prévu d'y évoquer les conditions d'ouverture du dialogue entre les autorités et les talibans. L'assassinat de Hakimullah Mehsud déstabilise donc le premier ministre, qui avait misé sur la réconciliation nationale. La première réaction des talibans à la mort de leur leader indique que les négociations seront reportées, voire rompues. Certains chefs de guerre ont déjà accusé le gouvernement de trahison en se disant réticents à entamer un dialogue et prêts à commettre des "attaques de rétorsion".

Craignant que le Pakistan n’en reste pas aux menaces, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a appelé Islamabad à ne pas entreprendre de mesures extrêmes. "Je suis persuadé que les autorités pakistanaises laisseront ouverts les axes de transit car il est dans l'intérêt du Pakistan d'apporter une contribution à la stabilité et à la sécurité dans la région", a déclaré Rasmussen.

Mais ces appels n'apaiseront certainement pas les tensions à Islamabad, d’autant que les USA n'ont pas l'intention de présenter leurs excuses. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en voyage dans la région, n'a pas caché hier sa satisfaction après l'élimination du leader des talibans pakistanais. "Cet homme est connu pour avoir planifié des attentats terroristes et tué beaucoup d'Américains, d’Afghans et de Pakistanais", a-t-il déclaré.

Néanmoins, l'élimination de Hakimullah Mehsud confirme qu'en dépit des objectifs communs annoncés, les chemins de Washington et d'Islamabad divergent de plus en plus. Le succès de l'opération - aux yeux des renseignements américains - pourrait coûter aux USA leur allié principal en Asie. Le contingent de l’Otan en Afghanistan, pour sa part, pourrait se voir bloquer ses routes logistiques transitant par le territoire pakistanais.

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